Connexion
Conseil : Pour éviter les conflits au travail, certains collaborateurs adoptent la stratégie de l’évitement relationnel. Qu’est-ce que vous pouvez nous dire à propos de ce sujet ?
Hanane Oubidar : Une entreprise est constituée d’un groupe d’individus et toutes les relations interpersonnelles sont sujettes aux conflits, certaines structures prônent la culture de la communication positive, la collaboration, le compromis, d’autres plus nombreuses favorisent l’évitement pour réduire les tentions et éviter les altercations, surtout avec les supérieurs hiérarchiques. Il faut garder en tête que dans plusieurs organisations, la qualité des échanges entre les collaborateurs et les supérieurs hiérarchiques influence d’une façon directe ou indirecte l’évolution et la rémunération des collaborateurs ! Donc nous pouvons aisément comprendre que dans l’esprit des salariés qui travaillent dans ces structures, l’évitement reste la meilleure solution pour ne pas entraver l’évolution de carrière.
Dans quelle mesure le télétravail a-t-il contribué à renforcer cette stratégie ?
Le travail à distance a réduit les rencontres entre les collaborateurs, la période du confinement suite à la crise de la Covid-19, avec toutes ses contraintes organisationnelles au sein des entreprises, a largement réduit les interactions entre les collaborateurs, même les réunions ponctuelles, autant pour gérer les projets que pour dissiper les malentendus, se font à distance. Les échanges se font de façon formelle par mail ou lors de réunion en ligne, et contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette forme de communication a causé une croissance des conflits dans les groupes de travail. Le niveau de stress et de mal-être vécus par tous, la désorganisation du travail, les nouvelles procédures pour assurer la bonne marche des entreprises, la gestion des réunions en même temps que les enfants, la peur de la maladie… Autant d’éléments qui ont joué défavorablement dans les relations entre les membres de la même équipe et qui ont favorisé l’escalade des conflits. Donc, en conclusion, les conflits sont plus nombreux et pas visibles, et l’évitement plus simple compte tenu de la distance.
En tant que coach, est-ce réellement une bonne stratégie pour gérer ses relations en entreprise ?
L’évitement peut être une bonne stratégie lorsque les deux parties décident de reporter la discussion sur un sujet pénible en attendant que le temps passe et que les émotions négatives s’apaisent ou que des conditions plus favorables permettent de régler le problème autrement. C’est ce qu’on pourrait appeler un évitement stratégique ! Le problème se pose lorsque la stratégie d’évitement devient «pathologique» dans l’entreprise, on évite de parler par peur d’être étiqueté «personne difficile». Les conflits rendent le travail en équipe impossible, comment une équipe peut être motivée, performante, quand la seule préoccupation des membres de l’équipe est de s’éviter pour ne pas aborder les sujets qui fâchent ! De façon générale, l’évitement, lorsqu’il est adopté systématiquement par l’équipe, c’est le symptôme d’un vrai problème au niveau du management.
Quelles sont les conséquences d’une telle stratégie sur la qualité de nos relations professionnelles à moyen et long termes ?
Les conséquences sont nombreuses et surtout négatives pour l’ensemble de l’organisation :
• Mettre en danger l’équilibre de l’entreprise.
• Reporter les décisions importantes pour ne pas envenimer les rapports avec les deux parties.
• Ralentir le travail et retarder les livrables à cause du manque de collaboration.
• Augmenter les hostilités et les accrochages entre les membres.
• Diminuer la performance de l’équipe…
Quelles sont vos recommandations pour gérer les relations au travail ?
Plusieurs stratégies peuvent être adoptées au niveau de l’entreprise pour éviter les conflits et favoriser les relations positives et constructives dans l’équipe. Pour ma part, la stratégie de la collaboration et de la communication positive reste la meilleure à adopter pour réduire les conflits et amener les équipes vers l’atteinte des objectifs communs. L’objectif est de permettre à chaque membre de l’équipe de connaître son rôle et être reconnu pour la qualité de son travail, le besoin de chacun est pris en compte et le manager joue le rôle de médiateur en cas de besoin. Au même titre que nous pouvons passer par des moments difficiles, avoir de l’empathie pour les membres de son équipe permet de comprendre que l’autre aussi peut passer par des zones de turbulence, qui peuvent influencer son humeur ou son travail pendant une certaine période… Pour y arriver, chaque membre de l’équipe doit être capable de se remettre en question, et surtout de s’auto-analyser en cas de difficultés rencontrées.
Propos recueillis par Nabila Bakkass
