Un développement économique global est tributaire d’un secteur d’enseignement supérieur performant. La question avait été d’ailleurs au centre de plusieurs rencontres tenues par la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) lors des préparatifs de l’élaboration du nouveau modèle de développement pour le Royaume. Les remarques formulées dans ce sens par les citoyens et les différentes organisations ont été prises au sérieux par la commission de Chakib Benmoussa.
Rappelant que «la qualité de l’enseignement supérieur et professionnel et la valorisation de la recherche scientifique font partie des prérequis nécessaires pour accélérer la trajectoire de développement du Maroc et pour l’ériger au rang des nations durablement compétitives», la CSMD a souligné qu’ils sont des déterminants clés du modèle de développement. En effet, les deux secteurs contribuent à former et à catalyser les compétences nécessaires au développement des secteurs socio-économiques, dans les secteurs public et privé, favorisant ainsi la création continue de savoir et de culture et permettent, in fine, l’éclosion d’une société innovante et prospère, arrimée à l’économie du savoir, lit-on sur le rapport de la commission.
Vu l’importance d’une telle réforme, la CSMD a proposé une série de mesures pour doter le secteur des moyens nécessaires à son développement. Elle préconise ainsi d’opérer une réelle modernisation des établissements d’enseignement supérieur publics et privés et d’œuvrer en faveur du relèvement de leur performance, ainsi qu’en faveur d’une plus forte valorisation des filières de formation professionnelle et des modes d’apprentissage hybrides et par alternance. Le premier objectif de telles mesures est d’offrir aux jeunes marocains les voies pour l’acquisition de compétences élevées et l’amélioration de leurs perspectives d’insertion dans le marché du travail, précise la Commission qui met en avant quatre propositions à cette fin. Il s’agit d’assurer l’autonomisation des établissements d’enseignement supérieur, de mettre l’étudiant au centre des réformes et des mesures de performance de l’enseignement supérieur et professionnel de renforcer la valorisation de la formation professionnelle et d’impulser la recherche scientifique à travers un mécanisme de financement et d’évaluation indépendant.Toutefois, et malgré les lacunes qui persistent, plusieurs universités arrivent à tirer leur épingle du jeu. En effet, six universités marocaines ont été classées parmi 1.200 meilleures universités au monde issues de 99 pays, selon les résultats du classement mondial «The Times Higher Education». Il s’agit, selon un communiqué du ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique de l’Université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès (classée 801-1000) et de l’Université Ibn Tofaïl de Kénitra (1001-1200), tandis que les Universités Hassan 1er de Settat, Hassan II de Casablanca, Cadi Ayad de Marrakech et Mohammed VI de Rabat ont été classées à la 1.201e place.Selon ce classement, le Maroc occupe la troisième position au niveau africain et la quatrième au niveau du monde arabe. En outre, le nombre d’universités marocaines figurant dans ce classement mondial a doublé ces dernières années, passant de trois universités en 2018 à six universités en 2022. Ce classement est considéré comme l’un des meilleurs au niveau international, a souligné la même source, notant qu’il prend en compte des critères scientifiques précis tels que l’enseignement, la recherche scientifique, le transfert de connaissances ou encore l’ouverture internationale.Devenir un pôle de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, une ambition légitime
Le Maroc nourrit l’ambition de devenir un pôle de formation supérieure et de recherche, attractif pour les étudiants marocains, de la région et du continent, à travers un nombre d’établissements de renom. Dans son rapport, la CSMD affirme qu’un tel objectif passe par l’émergence d’une nouvelle génération d’universités, opérant selon les critères d’excellence, avec des modes de gouvernance rénovés, assortis de moyens adéquats pour accomplir leurs missions. «Ces universités incluraient les établissements publics, profondément reformés et autonomisés, ainsi que des établissements nouveaux, portés par des fondations à but non lucratif, comme certaines grandes universités au niveau mondial», lit-on sur le rapport.En plaçant l’université au cœur de l’écosystème territorial, le Maroc ambitionne de développer ainsi une nouvelle approche de la formation supérieure, axée sur la recherche-action étroitement liée au terrain, dont les thèmes de recherche sont indexés sur les enjeux de développement national et local, et en appui et collaboration avec le secteur privé. «Ce pari devrait permettre un saut qualitatif dans le domaine de la formation et de la recherche scientifique et l’innovation en les installant dans une dynamique continue de progrès», conclut la commission de Chakib Benmoussa.