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Voici pourquoi le Maroc n’a pas encore vacciné

Bien qu’étant parmi les premiers pays à annoncer le lancement des préparatifs de la campagne de vaccination anti-Covid-19, le Maroc n’a, à ce jour, pas lancé effectivement cette opération qui a bien démarré ailleurs. Ce n’est qu’une question de jours, rassure le professeur Abdelfettah Chakib, qui prévoit même le 10 janvier comme date effective du début de la campagne de vaccination au Maroc.

Voici pourquoi le Maroc n’a pas encore vacciné
Abdelfettah Chakib et Rachid Hallaouy.

Le Maroc respecte strictement les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de validation et autorisation des vaccins. C’est ce qu’explique Abdelfettah chakib, professeur de médecine au CHU Ibn Rochd & spécialiste des maladies infectieuses et maladies tropicales. Invité de L’Info en Face, pour sa première émission Grand Format de l’année, l’expert estime que les autorités en charge de la validation des autorisations de vaccins au Maroc exigent un niveau de contrôle très pointu d’étude des documents et résultats relatifs à chaque vaccin, dans le strict respect des normes exigées par l’OMS. «Le Maroc est parmi les pays les plus exigeants en matière d’autorisation des vaccins. Dans le cadre des activités du comité de l’AMM (autorisation de mise sur le marché des médicaments), nous travaillons selon les normes internationales, notamment américaines et européennes. On ne joue pas avec la santé des citoyens», alerte le professeur. Quant aux pays qui ont déjà lancé la vaccination, Dr Chakib explique qu’ils ont décidé d’introduire le vaccin avant l’obtention des résultats définitifs de la phase 3 des tests. «Nos textes de loi ne nous permettent pas de faire pareil. Le comité technique de vaccination, qui existe depuis les années 1960, ou celui créé par le ministère dans le cadre de la lutte anti-Covid-19, doivent se conformer à des textes clairs : pas d’autorisation sans disposer des résultats définitifs de la phase 3 et de la documentation officielle sur le vaccin», insiste l’expert. 
Mais face à une situation d’urgence et des inquiétudes des citoyens, ne serait-il pas judicieux d’accélérer les process ? Non, répond l’invité de L’Info en Face. «Je vous rappelle que la Chine vient tout juste d’octroyer l’autorisation au vaccin produit par Sinopharm. C’est très important de respecter les textes en vigueur et d’étudier le maximum de résultats qui représentent un échantillon plus large, donc plus rassurant», précise Pr Chakib, qui ajoute que ce retard permet de vérifier davantage l’efficacité du vaccin. «Grâce à ce retard, nous connaissons mieux, également, le niveau des effets secondaires immédiats et plus fréquents, ceux à moyen terme ainsi que les effets rares. Les plus rares nécessitent encore plus de temps et un éventail encore plus large de personnes vaccinées», explique le spécialiste des maladies infectieuses et maladies tropicales. Cette rigueur, note l’expert, est appliquée par le Royaume pour d’autres médicaments, notamment des bio-similaires qui ont eu l’autorisation d’utilisation dans d’autres pays, mais dont la commercialisation est toujours refusée au Maroc pour manque de données ou d’études les concernant. 
Par ailleurs, Pr Chakib met en cause la dépendance du Maroc à l’étranger en matière de production de vaccins. «Si on fabriquait les vaccins chez nous, nous n’aurions pas eu ce problème ! Donc il est temps de tirer les leçons qu’il faut de cette épidémie et de réagir par rapport à tout le système de santé marocain. Il est temps, et les responsables sont effectivement en train de le faire, de réfléchir à devenir autonomes en matière de production de vaccins. Nous avons les compétences humaines nécessaires, mais nous avons besoin d’assurer un transfert de la technologie pour nous lancer», explique l’invité de Rachid Hallaouy.
Ce transfert de la technologie a d’ailleurs été approuvé dans le cadre de l’accord conclu par le Maroc et le laboratoire Sinopharm. 

À quand donc le démarrage de la vaccination ?
 Tout en affirmant qu’il ne peut pas se prononcer sur la date exacte de début de la vaccination au Maroc, l’invité de L’Info en Face dit qu’elle ne saurait tarder. «Je pense que l’on commencera à partir du 10 janvier», estime-t-il. Cela voudra-t-il dire que nous aurons reçu la globalité des doses demandées, soit les 65 millions de doses de vaccins annoncées par le ministre de la Santé ? Pas forcément, répond l’invité. «L’expérience a démontré qu’il n’est pas nécessaire, ni utile, d’avoir des millions de doses pour lancer la vaccination. L’essentiel c’est de commencer, d’être régulier et d’élargir l’éventail petit à petit pour mieux maîtriser la campagne. Cela nous permettra également de tester le système mis en place et de l’ajuster en cas de besoin. Pour la symbolique, Pr Chakib estime que faire coïncider le lancement de la campagne de vaccination avec le 11 janvier signifierait que nous allons démarrer l’indépendance de ce virus ! 


Maintien de la fermeture des restaurants, la réponse de la science 

Interrogé sur la décision de fermer les restaurants à la veille du Nouvel An, qui a impacté de nombreux restaurateurs et a fait suspendre beaucoup d’emplois, l’expert indique qu’il a été prouvé scientifiquement que les zones qui présentent le maximum de risque de propagation du virus sont les restaurants, les gymnases ou encore les cafés. Autrement dit, tous les endroits où il y a des regroupements de population, qui vont certainement enlever leurs masques dans un espace fermé. «La décision qui a été prise de fermer les restaurants est liée à deux points importants : ne pas répéter le cauchemar qu’on avait vécu pendant Aïd Al Adha et la volonté des autorités de maîtriser les déplacements des populations et donc les effets qui pourront suivre», explique le professeur. Et d’ajouter qu’il y a aussi l’apparition de la nouvelle souche de la Covid-19, «tous ces éléments ont poussé le Comité scientifique, interpellé par les autorités, de mettre en garde contre les risques scientifiquement prouvés pour la population. En plus de cet avis scientifique, les responsables vont consulter d’autres parties concernées pour prendre telle ou telle décision», précise le professeur.

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