Promouvoir l’entrepreneuriat, les compétences digitales et les connaissances financières chez les femmes de la région MENA. Tel est le cheval de bataille de l’ONG Womenpreneur-Initiative. Basé en Belgique, le réseau a été fondé en 2016 par la jeune Marocaine Sana Afouaiz. Conseillère pour la Commission européenne et les Nations unies, la jeune Sana a également écrit un livre sur les femmes au Moyen-Orient (Invisible Women in the Middle East). Aujourd’hui, Womenpreneur mobilise 15.000 femmes entrepreneures dans 23 pays, dont le Maroc.
Entretien avec Sana Afouaiz, fondatrice de Womenpreneur-Initiative
«Depuis 2016, nous avons formé et soutenu plus de 15.000 femmes»
Le Matin : Parlez-nous de votre réseau Womenpreneur-Initiative ?Sana Afouaiz : Womenpreneur-Initiative est une organisation à but non lucratif. Nos activités et initiatives se concentrent sur la Belgique et la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Depuis 2016, nous avons formé et soutenu plus de 15.000 femmes. Notre objectif est de faire progresser la place des femmes dans la scène entrepreneuriale, la technologie, l’innovation et la société. Nous atteignons notre objectif grâce à une variété d’expériences innovantes, d’activités entrepreneuriales, de sessions de mentorat, de programmes de leadership, d’éducation technologique, d’événements de réseautage et d’opportunités.
Quel état d’avancement de votre partenariat avec Sanad’s Entrepreneurship Academy ? De quelle manière avez-vous joint vos forces ?
Après le succès du premier Womenpreneur Tour en 2019, Entrepreneurship Academy et Womenpreneur Initiative se sont à nouveau associées pour promouvoir les femmes chefs d’entreprise au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA). Cette fois, la camionnette Womenpreneur Tour sous le slogan «Tourner la crise en opportunités» parcourra l’Algérie, l’Égypte et le Liban en octobre 2021. L’objectif étant de découvrir comment les femmes entrepreneures des industries numériques et technologiques répondent aux défis posés par l’épidémie de la Covid-19. Les deux partenaires ont lancé également une plateforme digitale : le Womenpreneur Digital Hub. Accessible sur le lien https://www.womenpreneur-digital.com, l’espace offre des opportunités de partage de ressources et de connaissances pour les femmes entrepreneures.Comment la situation économique de la femme active a-t-elle été impactée par la crise de la Covid au Maroc ?
Malgré les progrès réalisés sous la Direction de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour lutter contre les inégalités entre les sexes au Maroc au cours de la dernière décennie, le Maroc reste 144e sur 156 pays dans la lutte contre les inégalités entre les sexes (Forum économique mondial 2021). Le rapport mondial sur l’écart entre les sexes 2021 du Forum économique mondial a révélé que, bien que l’écart entre les sexes se réduit en termes d’indicateurs de santé et d’éducation, il persiste en termes d’indicateurs politiques et économiques. Si le rapport sert de référence utile pour comparer les progrès du pays dans la lutte contre l’écart entre les sexes, des analyses plus approfondies doivent être effectuées pour comprendre les facteurs contribuant à l’inégalité économique entre les sexes qui persiste au Maroc aujourd’hui. Nous travaillons dessus !Quelles sont vos recommandations pour améliorer l’entrepreneuriat féminin ?
Pour stimuler l’intérêt pour l’entrepreneuriat féminin et l’emploi, il faut modifier les attitudes culturelles envers les rôles de genre, ainsi que des politiques et des services fondés sur des données factuelles visant à renforcer la participation économique des femmes, en particulier dans les régions urbaines. De même, pour lutter contre les inégalités économiques entre les sexes, l’identification et la résolution des problèmes doivent tenir compte à la fois des considérations économiques et sociales. Je pense qu’il est impératif de réagir et de mener à bien une politique d’investissement ciblée. Il faut vraiment miser sur les femmes si l’on veut que le Maroc devienne un hub incontournable de l’innovation en Afrique. Favorisons donc leur accès aux prises de décision et aux formations technologiques dans ce secteur d’avenir. Investissons-nous dans les startups féminines innovantes ! En tout cas, des efforts supplémentaires doivent être consentis dans les sphères publique et privée pour encourager l’inclusion de la femme dans la main-d’œuvre, la législation et les institutions politiques. L’objectif étant de réduire les inégalités entre les sexes, en particulier dans une ère post-Covid-19.