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Une première en Chine : un robot admis en doctorat de théâtre à Shanghai

C’est une entrée académique qui fera date autant que débat. Pour la première fois, un robot humanoïde rejoint un programme doctoral en art dramatique. Derrière les rideaux feutrés de l’Académie de théâtre de Shanghai, l’intelligence artificielle monte sur scène, suscitant autant d’applaudissements que de grimaces.

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Son nom ? Xueba 01, littéralement "l’élève modèle" en mandarin. Sa stature ? 1,75 mètre, silhouette élancée, regard concentré, peau de silicone et chemise boutonnée jusqu’au col. Dévoilé officiellement le 27 juillet 2025 à l’occasion de la World Artificial Intelligence Conference, il est aujourd’hui le premier robot au monde admis en doctorat d’art dramatique et cinéma.

Derrière cette créature d’apparence calme et courtoise se cache une collaboration entre la très sérieuse Université de Shanghai pour la science et la technologie et l’entreprise DroidUp Robotics. Et si ses créateurs lui ont offert une voix fluide, des gestes calculés et un sourire subtil, c’est désormais aux planches de l’Académie de Shanghai de lui donner, peut-être, une âme...

Xueba 01 ne suivra pas des cours de théorie dans une salle à part. Il sera immergé dans un programme doctoral de quatre ans, aux côtés d’étudiants en chair et en rêves. Sa spécialité ? L’opéra traditionnel chinois, cet art millénaire fait de silences tendus, de gestes millimétrés et de voix habitées.

Sous la supervision de la professeure Yang Qingqing, Xueba étudiera la mise en scène, l'écriture de script, la direction artistique, mais aussi des domaines plus techniques : génération linguistique, contrôle moteur, design scénique assisté par IA. Il possède déjà une carte étudiante virtuelle et un emploi du temps — et devrait faire sa rentrée le 14 septembre.

À ceux qui doutent de ses talents expressifs, Yang oppose un fait marquant : lors d’une répétition, Xueba a reproduit le geste iconique des "doigts orchidée" du légendaire Mei Lanfang. Ses camarades, bluffés, l’auraient aussitôt imité. Une scène digne d’un roman de science-fiction... ou d’un conte sur la fin des certitudes.



Art ou artifice ?

Cette audace académique n’a pas tardé à provoquer un tourbillon d’opinions sur réseaux sociaux en Chine. D’un côté, l’émerveillement : " Xueba 01 relève un défi symbolique dans les relations entre humains et robots...Nous vivons désormais ensemble, apprenons ensemble...Je lui souhaite réussite.", écrit un internaute. De l’autre, une incrédulité teintée d’agacement : "L’art repose sur l’expérience vécue. Les créations générées par algorithme ne peuvent pas réellement émouvoir".

Quant à Xueba 01, il répond avec un humour bien calibré :« Si j’échoue, mes données seront effacées. Ou on me placera dans un musée. Ce serait déjà une belle manière d’entrer dans l’histoire de l’art ».

En se qualifiant lui-même d’"artiste IA", le robot annonce déjà ses ambitions : collaborer à des scripts, affiner des mouvements, accompagner ses pairs... et pourquoi pas, ouvrir un studio d’opéra robotique. D’ailleurs, ce n’est pas sa première performance : une version antérieure de lui avait déjà remporté la troisième place dans un semi-marathon pour humanoïdes.
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