L’offensive terrestre d’Israël sur Gaza, dont l’objectif déclaré est de déloger le mouvement Hamas en dehors du territoire de la bande qu’il contrôle depuis 17 ans, est vouée à prendre plus d’ampleur et à coûter un lourd tribut en termes de vies humaines.
Voilà pourquoi on parle de deux autres options, souligne M. Badine El Yattioui. Celles-ci consistent à :
• Confier à l’Egypte, comme c’était le cas avant 1967, l’administration de la bande. Proposition que l’Égypte va certainement décliner.
• Confier l’administration de la bande à l’Autorité palestinienne, basée à Ramallah en Cisjordanie. Mais là aussi se pose la représentativité du Fatah sur place.
Il y a aussi une autre option, ajoute le professeur, assez peu probable qui est mise sur la table par l’ancien Premier ministre Ehud Barak. Celle-ci consiste à demander, via les Nations unies, à un groupe de pays arabes qui reconnaissent Israël et ont un traité de paix avec ce pays d’administrer temporairement la bande de Gaza. Et toutes ces options ne sont, aux yeux de M. Badine El Yattioui, que de mauvaises solutions.
Palestine-Israël : faut-il s’attendre au pire ?
La confrontation entre le Hamas et Israël dans la bande de Gaza a vocation à perdurer cette fois. Le contrôle de cette bande par le Hamas remonte en effet à son élection en 2006, explique M. Badine El Yattioui qui était l’invité de «L’info en face». Le mouvement qui contrôle Gaza donc depuis 17 ans a construit un réseau de tunnels souterrains. «On parle de 150 tunnels et de 5 à 7 étages sous le sol pour chaque abri. Des chiffres qui restent approximatifs et même le renseignement israélien, le Shin Bet, ne peut pas les confirmer», affirme le professeur d’études stratégiques. Et «à partir du moment où nous assistons à une guerre urbaine mettant aux prises des soldats israéliens qui ne sont pas entraînés à cela et des combattants du Hamas qui, eux, sont bien préparés à ce type de confrontation, Israël risque de subir de nombreuses pertes dans les rangs de ses troupes. Et si Israël perd beaucoup d’hommes, sa réponse se fera beaucoup plus forte avec l’utilisation de l’armée de l’air, ce qui se traduira par plus de morts et plus de déplacés du côté des Palestiniens», explique M. Badine El Yattioui.Vers une crise migratoire de grande ampleur ?
Sur la question des réfugiés, M. Badine El Yattioui indique que l’administration américaine fait pression sur les autorités égyptiennes pour qu’elles acceptent les réfugiés venant de Gaza. Toutefois, la hiérarchie militaire, qui contrôle effectivement tous les leviers de l’État égyptien, se montre radicalement opposée à l’arrivée de ces réfugiés, fait remarquer le professeur. Il en va de même pour la Jordanie, où le Roi Abdallah II a déclaré que la question des réfugiés est une ligne rouge pour son pays, pour lequel le fait d’accueillir des réfugiés palestiniens renvoie bien à une réalité, étant donné que sa population est aujourd’hui composée à 50% de Palestiniens. «Il y a ce symbole des réfugiés palestiniens, puisque ceux qui ont fui vers le Liban, la Syrie, l’Égypte ou la Jordanie en 1948 ne sont jamais rentrés chez eux», affirme M. Badine El Yattioui.Un conflit armée sans but ?
En ce qui concerne l’objectif de cette offensive, le professeur d’études stratégiques rappelle qu’«une intervention militaire sans stratégie politique derrière est toujours vouée à l’échec». Le gouvernement Netanyahou, dit-il, a une idée claire qui consiste à chasser le Hamas de la bande de Gaza, et se sert de l’argument de l’incursion du Hamas dans le territoire israélien le 7 octobre pour dire que «ce mouvement n’a plus la légitimité pour non seulement administrer Gaza, mais rester sur son territoire». L’argumentaire israélien qu’on va entendre durant les prochains mois, après la fin de l’intervention terrestre, consiste, de l’avis de M. Badine El Yattioui, à dire que «maintenant, nous allons administrer ce territoire avec les Gazaouis qui sont toujours là». Et cette option de voir Israël administrer à nouveau la bande de Gaza comme ce fut le cas avant 2005 est peu envisageable, car cela conduirait à un feuilleton permanent de guérilla urbaine sur une portion de territoire très serrée.Voilà pourquoi on parle de deux autres options, souligne M. Badine El Yattioui. Celles-ci consistent à :
• Confier à l’Egypte, comme c’était le cas avant 1967, l’administration de la bande. Proposition que l’Égypte va certainement décliner.
• Confier l’administration de la bande à l’Autorité palestinienne, basée à Ramallah en Cisjordanie. Mais là aussi se pose la représentativité du Fatah sur place.
Il y a aussi une autre option, ajoute le professeur, assez peu probable qui est mise sur la table par l’ancien Premier ministre Ehud Barak. Celle-ci consiste à demander, via les Nations unies, à un groupe de pays arabes qui reconnaissent Israël et ont un traité de paix avec ce pays d’administrer temporairement la bande de Gaza. Et toutes ces options ne sont, aux yeux de M. Badine El Yattioui, que de mauvaises solutions.