Si ces dépenses sont considérées exorbitantes comparées à toute autre démocratie au monde, même dans les pays les plus peuplés, elles ne montrent aucun signe de rabais. Bien au contraire, les dépenses consacrées aux élections présidentielles et législatives sont montées en flèche. En 2016, elles ont totalisé environ 7 milliards de dollars contre plus de 14,4 milliards en 2020.
En 2008, année où Barack Obama a été élu président, les dépenses électorales n’étaient que de 5 milliards de dollars. Cette année-là a marqué un tournant, puisqu’elle fut la dernière où un candidat accepte des dons fédéraux, conditionnés à un plafonnement des dépenses (124 millions de dollars pour un candidat présidentiel), ce qui a poussé les candidats à donner libre cours à leurs campagnes de collecte, faisant ainsi le lit de cette montée faramineuse. Pendant l’actuelle campagne, les candidats ont jusqu’à fin août levé 14,8 milliards de dollars, selon la Commission électorale fédérale, la plus grosse collecte de fonds restant à réaliser, d’après les estimations de la presse.
Pour pouvoir collecter ces dons colossaux, la loi américaine a ouvert aux candidats deux voies principales : les comités de campagne des candidats, qui collectent des fonds directement pour soutenir les prétendants, et les comités extérieurs, tels que les fameux super PAC (Comités d’action politique), qui peuvent collecter des fonds illimités, sans pouvoir collaborer directement avec les candidats qu’ils soutiennent. Maillon incontournable de cette redoutable machine financière, les Super PAC, qui représentent souvent des intérêts commerciaux, syndicaux, professionnels ou idéologiques, ont reçu deux tiers des 14,8 milliards de dollars levés jusqu’à août. C’est dire l’importance primordiale de ces structures, qui font la pluie et le beau temps de tout candidat aux prétentions sérieuses.
Selon OpenSecrets, une agence qui suit les données sur le financement des campagnes, les 2.387 Super PAC américains ont levé plus de 2,4 milliards de dollars pour les élections présidentielles de 2024, et en ont dépensé près de 1,7 milliard.
Parmi les méga-donateurs, l’on compte l’investisseur dans les chemins de fer, Timothy Mellon, avec plus de 165 millions donnés aux Super PAC républicains, le couple de financiers Jeff et Janine Yass (79 millions aux républicains), et les businessmen Richard et Elizabeth Uihlein et le gestionnaire de fonds spéculatifs, Kenneth Griffin, qui ont chacun donné près de 76 millions de dollars.
Dans le camp opposé, selon les données de la Commission électorale fédérale, les démocrates ont pu compter sur le concours de l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg (43 millions de dollars), les magnats de la technologie, Reid Hoffman et Michelle Yee (32 millions), et le PDG de la Newsweb Corporation, Fred Eychaner (26 millions).
Ces chiffres astronomiques trouvent leur explication également dans la durée des campagnes électorales. Dans d’autres démocraties, des limites sont scrupuleusement observées par rapport à ces périodes, comme en France, où la campagne électorale officielle est ouverte à partir du deuxième lundi précédant le jour du scrutin. Dans le voisinage immédiat, la campagne est limitée à 51 jours au Canada et à 90 jours au Mexique. Il n’en est rien aux États-Unis.
Alors que Kamala Harris n’a été portée candidate du Parti démocrate qu’à fin juillet, suite au retrait-surprise du Président Joe Biden – elle n’a été effectivement confirmée que plusieurs semaines plus tard – Donald Trump a, lui, annoncé sa candidature le 15 novembre 2022 ! Les campagnes électorales américaines sont particulièrement longues, et donc coûteuses, en raison du système en place qui consiste à choisir les candidats qui représenteront chaque parti aux élections générales lors des primaires.
Ainsi, un candidat doit l’emporter sur ses adversaires au sein de son propre parti pour représenter celui-ci aux élections générales. Ces confrontations se passent dans chaque État américain, occasionnant plus de dépenses.
Selon les observateurs, cette réalité fait que seuls les riches, où ceux qui peuvent collecter le plus d’argent, ont accès aux postes les plus sensibles.
En effet, un sondage Pew réalisé à la mi-2023 a révélé que 85% d’Américains pensent que les dépenses électorales «rendent plus difficile pour les bonnes personnes de se présenter aux élections». Soixante-douze pour cent d’entre eux ont déclaré qu’ils préféreraient certaines limites sur le montant des dépenses consacrées aux élections.
Par Aziz Rami
En 2008, année où Barack Obama a été élu président, les dépenses électorales n’étaient que de 5 milliards de dollars. Cette année-là a marqué un tournant, puisqu’elle fut la dernière où un candidat accepte des dons fédéraux, conditionnés à un plafonnement des dépenses (124 millions de dollars pour un candidat présidentiel), ce qui a poussé les candidats à donner libre cours à leurs campagnes de collecte, faisant ainsi le lit de cette montée faramineuse. Pendant l’actuelle campagne, les candidats ont jusqu’à fin août levé 14,8 milliards de dollars, selon la Commission électorale fédérale, la plus grosse collecte de fonds restant à réaliser, d’après les estimations de la presse.
Pour pouvoir collecter ces dons colossaux, la loi américaine a ouvert aux candidats deux voies principales : les comités de campagne des candidats, qui collectent des fonds directement pour soutenir les prétendants, et les comités extérieurs, tels que les fameux super PAC (Comités d’action politique), qui peuvent collecter des fonds illimités, sans pouvoir collaborer directement avec les candidats qu’ils soutiennent. Maillon incontournable de cette redoutable machine financière, les Super PAC, qui représentent souvent des intérêts commerciaux, syndicaux, professionnels ou idéologiques, ont reçu deux tiers des 14,8 milliards de dollars levés jusqu’à août. C’est dire l’importance primordiale de ces structures, qui font la pluie et le beau temps de tout candidat aux prétentions sérieuses.
Selon OpenSecrets, une agence qui suit les données sur le financement des campagnes, les 2.387 Super PAC américains ont levé plus de 2,4 milliards de dollars pour les élections présidentielles de 2024, et en ont dépensé près de 1,7 milliard.
Parmi les méga-donateurs, l’on compte l’investisseur dans les chemins de fer, Timothy Mellon, avec plus de 165 millions donnés aux Super PAC républicains, le couple de financiers Jeff et Janine Yass (79 millions aux républicains), et les businessmen Richard et Elizabeth Uihlein et le gestionnaire de fonds spéculatifs, Kenneth Griffin, qui ont chacun donné près de 76 millions de dollars.
Dans le camp opposé, selon les données de la Commission électorale fédérale, les démocrates ont pu compter sur le concours de l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg (43 millions de dollars), les magnats de la technologie, Reid Hoffman et Michelle Yee (32 millions), et le PDG de la Newsweb Corporation, Fred Eychaner (26 millions).
Ces chiffres astronomiques trouvent leur explication également dans la durée des campagnes électorales. Dans d’autres démocraties, des limites sont scrupuleusement observées par rapport à ces périodes, comme en France, où la campagne électorale officielle est ouverte à partir du deuxième lundi précédant le jour du scrutin. Dans le voisinage immédiat, la campagne est limitée à 51 jours au Canada et à 90 jours au Mexique. Il n’en est rien aux États-Unis.
Alors que Kamala Harris n’a été portée candidate du Parti démocrate qu’à fin juillet, suite au retrait-surprise du Président Joe Biden – elle n’a été effectivement confirmée que plusieurs semaines plus tard – Donald Trump a, lui, annoncé sa candidature le 15 novembre 2022 ! Les campagnes électorales américaines sont particulièrement longues, et donc coûteuses, en raison du système en place qui consiste à choisir les candidats qui représenteront chaque parti aux élections générales lors des primaires.
Ainsi, un candidat doit l’emporter sur ses adversaires au sein de son propre parti pour représenter celui-ci aux élections générales. Ces confrontations se passent dans chaque État américain, occasionnant plus de dépenses.
Selon les observateurs, cette réalité fait que seuls les riches, où ceux qui peuvent collecter le plus d’argent, ont accès aux postes les plus sensibles.
En effet, un sondage Pew réalisé à la mi-2023 a révélé que 85% d’Américains pensent que les dépenses électorales «rendent plus difficile pour les bonnes personnes de se présenter aux élections». Soixante-douze pour cent d’entre eux ont déclaré qu’ils préféreraient certaines limites sur le montant des dépenses consacrées aux élections.
Par Aziz Rami