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50 ans de la Marche verte : entretien avec le Pr Issa Babana El Alaoui (1/4)

Dans une interview fleuve accordée au «Matin», le professeur Issa Babana El Alaoui, fin connaisseur du dossier du Sahara, de son histoire et de ses subtils enjeux, livre une lecture passionnante de cet événement majeur de l’histoire du Maroc contemporain qu’est la Marche Verte. Il revient sur son contexte historique, sa portée géopolitique, ainsi que sur ses dimensions symbolique et mémorielle. Pour lui, la célébration du cinquantenaire de cette grande épopée patriotique, qui a ouvert la voie au recouvrement des provinces du Sud marocaines, constitue l’occasion de porter un regard lucide – celui d’un historien doublé d’un politologue – sur l’évolution de la question du Sahara à la lumière de la résolution 2797 du Conseil de sécurité, laquelle a consacré la proposition d’autonomie sous souveraineté marocaine comme le socle de toute solution future. Cette percée diplomatique inédite est ainsi commentée et décortiquée par notre interlocuteur qui livre une analyse méthodique des soubassements et des implications de ce conflit régional à l’aune des rivalités idéologiques, des intérêts économiques et des calculs géopolitiques des acteurs en présence. Dans cette première partie, le Pr Issa Babana El Alaoui décrit avec force détails les aspects symboliques et spirituels de la Marche Verte avant d’aborder sa genèse et sa philosophie dans un contexte historique et politique national très particulier. «Le 6 novembre 1975 ne se célèbre pas, il se revit chaque année. Il agit comme un code génétique de la nation», dit-il, avant de souligner que «la Marche Verte a démontré que la grandeur du Maroc ne résidait pas dans la conquête militaire, mais dans la mobilisation morale du peuple autour de son Roi. Elle a élevé pacifiquement la souveraineté du Maroc au rang d’une valeur spirituelle, incarnée par la fidélité et la loyauté réciproques, entre le sommet et la base.»

Le Matin : Il y a 50 ans, le Maroc organisait la Marche Verte pour récupérer ses provinces du Sud. Quel sentiment vous inspire cette date du 6 novembre 1975 ? Est-ce un simple souvenir national ou une révolution monarchique permanente, comme vous aimez à la qualifier ?

Pr Issa Babana El Alaoui :
Votre question comporte des points forts sur deux volets, sentimental et événementiel. Sentimentalement, la Marche Verte resurgit très fortement dans mon âme à chaque commémoration, d’autant plus que 24 heures seulement séparent nos anniversaires. Nostalgique à revivre dans la réminiscence, agréable à rétablir dans la souvenance, je renais ainsi dans une ferveur patriotique ineffable, tous les 6 novembre. Vous éveillez en moi une foule de souvenirs mirobolants, époustouflants, en somnolence. Je ne pourrai vous en dire assez dans une réponse d’interview. J’aurais aimé être parmi les 350.000 marcheurs en foulant le sol du Sahara au-delà de Tarfaya et colorer mes chaussures de poussière et de sable. J’aurais tant aimé embrasser le sol saharien ce jour-là, y poser mon front en priant. Pourtant, j’étais venu de Genève quelques jours auparavant pour participer à l’évènement, corps et âme. Hélas, la liste était déjà close, devant des dizaines de milliers de citoyens un peu tristes comme moi, en attente, souhaitant, jusqu’à la veille, que Sa Majesté augmenterait le nombre des volontaires. De tout mon désespoir, j’espérais encore néanmoins, mais vainement. L’organisation stricte interdisait toute exception, le moindre acte de favoritisme ou de complaisance déplacée. Néanmoins, je me résignais à la réalité, en me focalisant sur l’ampleur de l’épopée. Ce 6 novembre 1975 ne se célèbre pas, il se revit chaque année. Il agit comme un code génétique de la nation. Dans chaque cœur marocain, il y a une parcelle de sable du Sahara, un écho des pas des marcheurs, un fragment de ce chant d’unité que rien n’a pu étouffer depuis. Même ceux qui n’ont pas connu la Marche Verte en 1975 la sentent comme une mémoire vécue, parce qu’elle est devenue le mythe fondateur de la cohésion nationale moderne. Ce n’est plus un souvenir : c’est une certitude. Et cette certitude est la véritable force du Maroc. En définitive, la Marche Verte est une lumière dans les zones d’ombre du présent, parce qu’elle cristallise la permanence du serment. Et comme pour chaque Marocain patriote, elle nourrit ma fierté et ma foi dans la cohésion nationale comme une source intarissable. Elle me rappelle chaque jour que la patrie n’est pas une géographie, mais une promesse. Et cette promesse – faite par un Roi visionnaire à son peuple fidèle – continue de se tenir, intacte, sous la conduite éclairée de son successeur, S.M. le Roi Mohammed VI, que Dieu le protège pour demeurer le plus longtemps le premier Serviteur du Peuple.
Pour le deuxième volet de votre question, soit sur le plan événementiel, la Marche Verte n’était pas exclusivement entourée de choses égayantes pour les Marocains. Elle faisait aussi l’objet d’attaques dès son annonce, le 16 octobre 1975, dévoilant des signes avant-coureurs à des réalités tristes, se mêlant à l’émotion du moment. Car évoquer cet événement inédit, c’est penser à son avant et son après, inévitablement. C’est-à-dire se rappeler du litige juridico-colonial maroco-hispanique dont le dénouement commença le 16 octobre 1975, en méditant sur le conflit géostratégique maroco-algéro-polisarien qui le remplaça immédiatement, dès le 14 novembre 1975. Parler de la Marche Verte, c’est ensuite analyser ses causes autant que les difficultés incommensurables qui l’accompagnèrent face à la planète ; en examinant ses conséquences et les défis inattendus qui surprirent les Marocains de la part d’un voisin si proche historiquement et géographiquement, que rien au monde n’aurait dû inciter à l’hostilité. Peut-être que j’aurais donc l’occasion d’en parler durant l’interview pour ne pas esquiver des questions politiques, factuelles et actuelles, que la Marche Verte devait susciter par la force des choses. Je me limiterai donc, dans votre première question, aux choses majestueuses que m’inspire cette épopée.
Et j’en viens évidemment à la symbiose indéniable entre le Roi et le Peuple, avec la certitude de sa perpétuation si Dieu le veut. On peut parler d’une cohésion sociale nationale incommensurable, renouvelée à travers cet élan de libération patriotique exceptionnel, modèle d’unité populaire sans précédent, créant un imaginaire commun, un récit collectif qui transcende le temps et l’espace, qui efface les différences ethniques, culturelles, raciales, linguistiques, régionales et géographiques. Hier comme aujourd’hui, le souvenir de la Marche Verte, relie les générations, dissipe les fractures sociales et rend la monarchie tangible dans l’âme du peuple. L’événement a démontré que l’unité nationale était déjà une réalité concrète sur le terrain et non théorique dans les textes, se consolidant au fil des épreuves, dans le bonheur collectif et le sacrifice partagé dans la même direction, pour le meilleur, contre le pire. Cette communauté de destin inspire justement la révolution monarchique permanente que vous me rappelez, à laquelle je n’ai cessé de consacrer du temps, par l’esprit avant le cœur, sans pouvoir jamais les dissocier. Et ce jour-là du 6 novembre 1975, le monde découvrit qu’il existait encore des révolutions sans sang, des conquêtes sans haine, des victoires sans vaincus. La Marche Verte initiait une révolution monarchique permanente en étant sa matrice, son flambeau, sa boussole. Une révolution monarchique permanente par ce qu’elle inspire de salvateur, pour bâtir et unir, au présent vers l’avenir. Se réaffirmant par sa légitimité historique, par la foi et la discipline d’un peuple, un grand peuple. Et depuis, chaque 6 novembre n’est pas un anniversaire, mais un renouvellement de serment : celui de ne jamais dissocier la souveraineté de la paix, la mémoire de l’espérance et le Trône du peuple.

Vous insistez souvent sur le lien entre la Marche Verte et la grandeur du Maroc. Comment cet événement continue-t-il de nourrir la fierté et la cohésion nationale, à un moment où le pays fait face à des défis internes et externes ?

J’insiste effectivement sur le lien entre la Marche Verte et la grandeur du Maroc parce qu’il est tellement étroit que les deux concepts se confondent dans l’indivisibilité. Ils sont devenus synonymes depuis maintenant un demi-siècle, significativement corrélés. Et c’est pour ce lien si étroit entre les deux concepts que j’y insiste davantage pour l’expliquer à la jeunesse marocaine. La Marche Verte fut grandiose pour ne pouvoir être l’œuvre de n’importe quelle communauté. Son caractère extraordinairement populaire, magnifiquement national, authentiquement original dans les annales, lui confère cette particularité exceptionnelle. Qu’on l’examine sous l’angle purement diplomatique, ou qu’on l’évalue sous l’optique géopolitique ou encore sous l’approche géostratégique dans son contexte historique de la guerre froide, l’événement traduit la notion de grandeur dans toute son ampleur et sa splendeur, dans toutes ses composantes : grandeur du Roi Hassan II par son génie incomparable, car «on ne fait rien de grand sans de grands hommes, et ceux-ci le sont pour l’avoir voulu», comme disait le général de Gaulle. Grandeur d’une Nation, car les grandes nations se distinguent par leurs civilisations dans l’écriture de l’Histoire. Et grandeur de l’événement en tant que tel, c’est-à-dire comme un mythe fondateur de la souveraineté moderne, transformant une revendication territoriale en acte pacifique d’unité nationale.
Mais le caractère impressionnant de la Marche Verte ainsi confondu avec la grandeur du Maroc, n’est pas réductible à la description ni au narratif, mais surtout à ses conséquences salvatrices incomparables. En effet, la Marche Verte a démontré que la grandeur du Maroc ne résidait pas dans la conquête militaire, mais dans la mobilisation morale du peuple autour de son Roi. Elle a élevé pacifiquement la souveraineté du Maroc au rang d’une valeur spirituelle, incarnée par la fidélité et la loyauté réciproques, entre le sommet et la base. Ainsi, la grandeur du Maroc n’est pas une rhétorique, mais une continuité vécue : celle d’une nation capable de conjuguer identité, dignité et stabilité dans un monde en désordre.
S’agissant du deuxième volet de votre question, j’estime qu’il faut, d’abord, replacer la Marche Verte dans la trajectoire historique du Maroc. Ce n’est pas un simple épisode de récupération territoriale, mais une résurrection symbolique d’une souveraineté millénaire. Et c’est par ce cadrage historico-politique que nous pourrons comprendre pourquoi et comment cet événement exceptionnel continue d’entretenir la fierté et l’unité nationale dont il a émané lui-même depuis un demi-siècle, à un moment où la patrie faisait face à des défis internes et externes divers, comme vous l’avez dit, non sans raison. Là encore, faut-il se référer à la grandeur historique du Maroc, pour saisir les secrets de sa capacité à avoir souvent raison, pacifiquement, des menaces de toutes sortes. À cet égard, la Marche Verte survenait comme une nouvelle méthode marocaine répondant à un nouveau défi du franquisme colonial. En effet, Le 6 novembre 1975, le Maroc ne conquérait pas une terre : il la retrouvait. Il ne menaçait pas, il rassemblait. Ce moment unique, voulu et guidé par le Roi Hassan II, a transfiguré la nature même du patriotisme marocain : de passif, il devint mobilisateur, pacifique et sacré. La marche fut une prière collective en mouvement, une diplomatie du cœur, un acte de foi nationale. À travers la Marche Verte, la grandeur du Maroc s’est révélée non dans la domination, mais dans la maîtrise morale de la puissance. Peu de nations, dans l’histoire moderne, ont réussi à recouvrer leurs droits historiques sans un seul coup de feu, sans une seule goutte de sang. Cela seul place cet acte au rang des modèles universels de libération pacifique. En cela, le Maroc s’est élevé à la hauteur des grandes civilisations qui préfèrent convaincre plutôt que contraindre.
Aujourd’hui, le pays fait face à des défis d’une autre nature – économiques, sociaux, géopolitiques – et à une hostilité de voisinage entretenue par une idéologie fossile : celle du séparatisme polisarien, couvé par une Algérie prisonnière d’un passé qui n’en finit pas de se venger de lui-même. Or c’est justement dans ces moments que l’esprit de la Marche Verte redevient boussole, après cinq décennies. Il rappelle que les épreuves ne diminuent pas le Maroc, elles le confirment. Que l’adversité n’est pas un frein, mais une aiguillon. Le 6 novembre de chaque année est à la fois l’instant d’un bilan et d’une nouvelle étape Royale dans l’édifice de la nation. Et même à l’ONU où se joue la bataille diplomatique autour du Sahara, l’action marocaine n’est qu’un prolongement de la Marche Verte elle-même : une marche désormais institutionnelle, argumentée, juridique et diplomatique. Le Maroc y va avec la même foi, la même sérénité, la même vérité. Soit la même confiance dans la légitimité de son combat, dans la justesse de sa cause et dans la sagesse de son Roi.

Qu’est-ce qui fait selon vous que la Marche Verte soit considérée par beaucoup comme un coup de maître ?

Votre question, si pertinente et académique à l’occasion du jubilé d’or de la Marche Verte, m’interpelle à plus d’un titre, en ma qualité de politologue doublé d’un historien, et je vous remercie de me l’avoir posé. Par conséquent, mes éléments de réponse jailliront spontanément de l’ensemble de ma connaissance en la matière, en recourant à mes méthodes analytiques avec le maximum de concentration et de mémoire devant vous. En effet, la Marche Verte demeure, à juste titre, un coup de maître historique, une symphonie politique et spirituelle dont le Roi Hassan II fut à la fois le compositeur et le chef d’orchestre. Ce chef-d’œuvre d’intelligence stratégique, de foi et de vision à long terme se distingue par une triple dimension – juridique, diplomatique et symbolique – qui en fait un cas d’école dans l’histoire mondiale des décolonisations pacifiques.

a). Primo, un coup de maître politico-diplomatique. À ce titre, je signale que l’expression «coup de maître» s’applique d’abord à la subtilité stratégique de Hassan II. À un moment où l’Espagne franquiste était fragilisée par la maladie du général Franco tout en s’obstinant à se maintenir en puissance coloniale par d’autres moyens sournois, dont l’organisation d’un référendum d’autodétermination (1974) à la faveur d’un mouvement séparatiste appelé «polisario» qu’il se disputait secrètement avec un régime algérien encore plus têtu, à ce moment-là disais-je, le Souverain marocain sut transformer – adéquatement et prestement – la conjoncture en opportunité nationale. Alors que la tension militaire couvait – Alger poussant à la confrontation et le Polisario se formant sous son ombre (en cette même année 1974), le Roi Hassan II choisit la voie de la paix et de la mobilisation populaire au lieu de la guerre. Ce choix pacifique, inédit à l’échelle du tiers-monde, frappa la communauté internationale : pour la première fois, un peuple revendiquait sa terre non par les armes, mais par la foi et l’unité nationale, brandissant le Coran et le drapeau. Concrètement, c’est à travers son discours du 16 octobre 1975, au lendemain de l’avis consultatif de la Cour internationale de justice, que le Roi donna à la cause du Sahara une légitimité internationale. Ses paroles résonnent dans la raison de nos âmes à chaque anniversaire de son chef-d’œuvre. «La Cour a reconnu qu’il existait des liens juridiques d’allégeance entre le Trône marocain et les tribus du Sahara.» Ce discours fut immédiatement suivi d’un acte politique magistral : l’appel à la Marche Verte. En l’annonçant publiquement à la radio et à la télévision, le Roi Hassan II prit de court à la fois Madrid, Alger et les chancelleries occidentales. Ce n’était pas une déclaration de guerre, mais une déclaration de paix souveraine.

b). Secundo, un coup de maître aussi psychologique que spirituel. Le génie hassanien réside également dans la dimension spirituelle et populaire de la Marche. Il fit du peuple marocain l’acteur central de la récupération du Sahara, tout en étant son co-auteur et son pilote à la fois. Loin des tractations diplomatiques froides, il plaça dignement le Maroc dans l’arène de la lutte diplomatique de libération, en récusant totalement la formule militaire. Érigé au front de la scène internationale, sa main était tendue pour un bras de fer pacifiste, sur le terrain de la légitimité morale. Trois cent cinquante mille Marocains – hommes et femmes, civils désarmés – avancèrent avec un Coran dans une main et un drapeau dans l’autre, chantant l’hymne combiné de la paix et la patrie : «Allah, al-Watan, al-Malik». Ce geste symbolique génial bouleversa les équilibres psychologiques.
• Il paralysa toute tentative espagnole d’usage de la force, car tirer sur des civils pacifiques aurait été un suicide diplomatique pour Madrid.
• Il coupa court à toute propagande algérienne assimilant la revendication marocaine à un expansionnisme militaire.

• Il rallia à sa cause l’Orient et l’Occident, le Nord et le Sud, en faisant parler du Maroc.

• Il consacra, aux yeux du monde, la fusion entre la Monarchie et le peuple, l’État et la Nation, le civil et le militaire, l’Histoire et la modernité, tous alliés à la paix, pour libérer un territoire C’est en cela que la Marche fut aussi un coup de maître spirituel : Hassan II transforma ainsi un dossier de décolonisation en croisade morale pour la justice historique.

c). Tercio, un coup de maître juridique et diplomatique postérieur. Sur le plan du droit international, la Marche força la main à la diplomatie. Quelques jours après le début du mouvement, le 14 novembre 1975, fut signé à Madrid l’accord tripartite hispano-maroco-mauritanien, actant la fin de la présence coloniale espagnole au Sahara et le transfert des pouvoirs et des responsabilités à Rabat et Nouakchott. On l’a dit. Aucun coup de canon, aucun bain de sang : seulement la légitimité, la négociation et la paix. Quelle autre forme de coup de maître pouvait-on inventer que celle de la Marche Verte ? Et quel autre artisan de cette épopée pouvait-on imaginer qu’un homme appelé Hassan II ? Ce dénouement fut la victoire absolue de la diplomatie intégrale dans sa double configuration, officielle et parallèle, dirigée par le successeur de Mohammed V.

• Il réussit à convaincre les États-Unis et la France de soutenir le Maroc dans une approche graduelle de récupération territoriale.

• Il préserva la stabilité interne du Royaume en évitant un conflit frontal avec l’Espagne ou l’Algérie.

• Il réaffirma le rôle de la monarchie comme pivot de la légitimité territoriale et de l’unité nationale.

Ainsi, la Marche Verte fut un coup de maître à la fois tactique et métaphysique : elle fut la démonstration que la souveraineté n’est pas qu’une affaire de force, mais une affaire de foi, d’histoire et de vision. Elle fit du Maroc un modèle de décolonisation pacifique et du Roi Hassan II un stratège de l’Histoire universelle, capable de conjuguer droit, diplomatie et symbolisme populaire. Aujourd’hui encore, chaque 6 novembre, le Maroc tout entier redevient marcheur, renouvelant ce serment sacré de fidélité à la terre, à la foi et au Trône, perpétuant subséquemment la révolution monarchique permanente que je ne cesserai jamais d’accentuer. Et pour cause ! À la lumière des explications que je viens de développer, la Marche Verte fut réellement un «coup de maître» comme vous l’avez dit en m’interrogeant. Car elle ne fut pas seulement une stratégie d’État, mais une leçon de politique visionnaire, digne des grands architectes de la paix durable. La meilleure démonstration à cette réalité se cristallise dans l’inclusion de la Marche Verte comme matière d’étude permanente ou module de conférence périodique dans les programmes de certaines universités ou écoles supérieures occidentales civiles et militaires ainsi que des centres de recherches étrangers de renom (think tanks), etc. La liste est tellement longue que je me limite à vous citer à titre indicatif :
• Premièrement, des Universités et centres de recherche en relations internationales-droit international-études africaines dont les plus prestigieuses universités occidentales, notamment Georgetown University (États-Unis), University of London (Royaume-Uni), Princeton-Woodrow Wilson-Princeton Journal of Politics & International Affairs, y ajouter des Thèses et mémoires universitaires auprès de nombreuses universités étrangères (NMBU Norvège, University of the Highlands & Islands, University of Florida, etc.) qui hébergent des thèses de Master/PhD sur la Marche Verte, la décolonisation et le conflit (ex. thèses accessibles en dépôt institutionnel). Ces travaux sont d’usage pédagogique et sont souvent intégrés en lecture obligatoire dans des séminaires.

• Deuxièmement, des think tanks et instituts de recherche (matière de cours-lectures obligatoires), tels que United States Institute of Peace (USIP), CSIS, Chatham House, IISS, Policy Center for the New South (Rabat).

• Troisièmement, des Revues et plateformes académiques – cas d’étude et séminaires, The Strategy Bridge, The Bridge, Global Affairs journals – publient études de stratégie et cas d’école (Green March comme cas de «mobilisation civile stratégique»), fréquemment repris dans des modules de guerre/stratégie et relations interétatiques.

• Quatrièmement, des Écoles militaires et d’état-major (PME) – études de cas. Par exemple, United States Military Academy, Professional Military Education (PME) et d'autres écoles de guerre occidentales intègrent des études de cas sur la mobilisation non-violente, opérations hybrides et «conflit-postcolonial» ; des articles et guides pédagogiques (West Point, RAND, etc.) citent ou utilisent le dossier Western Sahara/Green March comme cas d’étude de stratégie non linéaire (usage pédagogique plutôt que «cours intitulé Green March»).

• Cinquièmement, des cours et séminaires sur la paix, les droits de l’Homme, la décolonisation, tels que des Programmes de peace & conflict studies (George Mason, UCL, University of Birmingham, etc.), citent le Sahara et la Marche comme étude de conflit prolongé, échec du processus de décolonisation et comme cas d’étude sur le droit à l’autodétermination. Je crois que l’empressement des plus grandes universités et écoles supérieures occidentales, civiles et militaires (dont je n’ai cité qu’un échantillon), ainsi que leurs célèbres centres d’études stratégiques, à étudier l’épopée de la Marche Verte est une preuve académique universelle qui s’ajoute aux arguments que nous avons présentés, pour confirmer unanimement que la Marche Verte était un coup de maître. Un Maître qui s’appelait Hassan II, que Dieu ait Son âme.
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