Les entreprises de presse régionales dont le chiffre d’affaires annuel est inférieur à deux millions de dirhams peuvent désormais bénéficier du soutien public à la presse et à l’édition. Cette mesure, officialisée par la décision conjointe n°677.25 du 24 mars 2025, marque une avancée significative dans la volonté de l’État de renforcer l’ancrage territorial du paysage médiatique national.
Un souffle nouveau pour un secteur fragilisé
Répondant à une question parlementaire écrite, le ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, Mohammed Mehdi Bensaïd, a affirmé que cette décision visait à améliorer durablement la situation économique des entreprises de presse régionale, tout en revalorisant les conditions sociales et professionnelles des journalistes et employés. Objectif affiché : préserver les emplois, encourager l’embauche de profils qualifiés et généraliser la formation continue afin de rehausser l’efficacité des ressources humaines dans un secteur en pleine mutation.
Lutte contre les fake news, pour un journalisme de qualité
Notons que ce soutien ne se limite pas à l’aspect financier. Il porte également sur le renforcement du rôle sociétal et démocratique de la presse régionale, en l’incitant à produire un contenu rigoureux, crédible et ancré dans les réalités locales. À l’heure des infox et de la désinformation virale, le gouvernement veut faire des médias de proximité des remparts contre les fausses nouvelles et des vecteurs de promotion des causes nationales. Un engagement clair en faveur d’un journalisme utile, éthique et mobilisé pour l’image du Royaume, tant sur le plan intérieur qu’à l’international.
Modernisation, digitalisation et innovation
Il est important de souligner que l’accompagnement de l’État comprend également un volet d’investissement technologique pour moderniser les infrastructures et améliorer les outils de production des institutions de presse régionales. Sont notamment prévus des financements pour la modernisation des équipements, la digitalisation des processus de gestion et l’acquisition de technologies adaptées aux nouveaux usages médiatiques. Ce soutien logistique vise à préparer les médias régionaux aux défis de la transition numérique, tout en renforçant leur résilience.
Une batterie de textes pour encadrer la réforme
Par ailleurs, conscient des tensions économiques que traversent les entreprises de presse nationales, le ministère de tutelle a mis en œuvre également une série de dispositifs réglementaires pour encadrer et opérationnaliser ce soutien. Ainsi, le département de tutelle a œuvré à la mise en œuvre du contenu de la loi 88.13 relative à la presse et à l’édition à travers la promulgation du décret n°2.23.1041 du 4 janvier 2024 définissant les conditions et modalités de bénéfice du soutien public aux secteurs de la presse, de l'édition, de l'impression et de la distribution, ainsi que la décision conjointe n°2345.24 du 5 novembre 2024, élaborée avec le ministère délégué chargé des Finances, fixant les plafonds de soutien à la gestion et à l'investissement pour les secteurs de la presse, de l'édition, de l'impression et de la distribution, ainsi que les taux de calcul, les modalités de distribution et les méthodes de paiement et, enfin, la décision conjointe n°677.25 du 24 mars 2025, finalisant la fixation des plafonds de soutien à la gestion et à l'investissement pour les secteurs de la presse, de l'édition, de l'impression et de la distribution. Selon le ministre, ces différents textes définissent les plafonds d’aide, les taux de calcul, les conditions d’éligibilité et les modalités de distribution, dans une logique de clarté et de transparence.
Un appui structuré et encadré
Il convient de rappeler que le soutien public aux entreprises de presse repose sur des critères précis et des objectifs mesurables, en lien avec la modernisation des entreprises de presse, la consolidation de leur efficacité économique et leur contribution à la cohésion sociale. Des accords bilatéraux avec les bénéficiaires sont prévus et des comités spécialisés sont chargés du suivi et de l’évaluation des engagements pris, dans un souci de gestion responsable des fonds publics.
Une réforme au service d’un écosystème médiatique équilibré
Avec cette nouvelle orientation, le gouvernement entend insuffler un nouvel élan à la presse. En investissant dans sa modernisation, en soutenant la formation de ses ressources humaines et en consolidant ses moyens techniques, l’État mise sur un maillage médiatique plus juste, plus efficace et plus enraciné dans les territoires. La réussite de cette réforme dépendra désormais de sa mise en œuvre concrète et de la capacité des entreprises de presse à se projeter dans une dynamique d’innovation et de responsabilité.
