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Mardi 20 Mai 2025
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Caïd giflé à Témara : après le verdict, voici les explications de l’avocat des accusés

C’est une affaire qui a fait les choux gras de la presse pendant plusieurs semaines et qui a déclenché une vague de réactions passionnées, divisant internautes et commentateurs autour des limites de l’autorité et des formes de contestation citoyenne. Au cœur de la controverse : une femme, Chaïmaa, accusée d’avoir giflé un caïd dans un quartier de Témara, lors d’une intervention des autorités locales. Entre indignation populaire, débat sur les abus de pouvoir et effervescence médiatique, l’affaire est rapidement devenue virale. Ce jeudi 10 avril, la justice a tranché. La Cour de première instance de Témara a rendu son verdict. Retour sur une séquence judiciaire qui fera date.

Le rideau est tombé, hier soir, sur une affaire qui a agité l’opinion publique, enflammé les réseaux sociaux et fait couler beaucoup d’encre. La Cour de première instance de Témara a rendu son verdict dans le dossier très médiatisé de la gifle assenée par une jeune femme à un caïd – un agent d’autorité locale – lors d’une altercation dans un quartier relevant du même district.



L’accusée principale, Chaïmaa, a été condamnée à deux ans de prison ferme pour «violences et participation à des violences» ainsi que pour «outrage à un fonctionnaire public». Son époux a quant à lui écopé d’un an de prison ferme assorti d’une amende de 1.000 dirhams, tandis que le frère de ce dernier a été condamné à six mois d’emprisonnement. Un quatrième prévenu a également été sanctionné pour la même peine. Le verdict a été prononcé tard dans la soirée, au terme d’une audience marathon de plus de six heures et demie, consacrées aux débats, auditions et plaidoiries.

Un jugement «très sévère», selon la défense

Dans une déclaration faite à la presse à la sortie du tribunal, Bouchaïb Essoufi, avocat de la principale accusée, a dénoncé un verdict «très sévère», tout en saluant certains aspects du jugement. Il a notamment souligné que sa cliente avait été acquittée de l’accusation de rébellion – un chef d’inculpation passible de cinq années de prison, sachant que le ministère public avait requis la peine maximale dans cette affaire, soit cinq ans de prison ferme.

Concernant les autres prévenus, le tribunal a également fait preuve d’une certaine indulgence. Le mari de Chaïmaa a été blanchi des accusations de rébellion, bien qu’il ait été reconnu coupable d’outrage à fonctionnaire public. Son frère, quant à lui, a été condamné à six mois de prison ferme pour le même chef d’accusation, mais relaxé pour rébellion et participation à la violence. Le quatrième mis en cause a écopé d'une peine similaire, tout en étant acquitté des délits de complicité et de rébellion.

L’appel en ligne de mire

L’avocat de la partie défenderesse a tenu à rappeler que ce verdict n’était qu’un jugement en première instance et qu’il comptait faire appel. «Nous ne pouvons pas critiquer publiquement une décision judiciaire. La seule voie légale est celle de l’appel, que nous allons emprunter», a déclaré Me Essoufi, tout en formant l’espoir que la Cour d’appel prendra en considération les «irrégularités» qui, selon lui, ont entaché le procès. Il a également réaffirmé son soutien à sa cliente, insistant sur le fait qu’elle ignorait l’identité exacte du caïd au moment de l’altercation. «La criminologie parle d’erreur de la victime. Le caïd a, selon nous, commis une faute en expulsant des citoyens sans porter son uniforme», a-t-il argumenté.

Le verdict de la Cour de Témara marque une première étape judiciaire, mais ne met pas un terme définitif à la polémique. L’appel annoncé par la défense pourrait bien relancer le débat, sur fond de questionnements autour de la proportionnalité des peines et du comportement attendu des représentants de l’État sur le terrain.
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