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Polémique autour de la cession des biens communaux à Casablanca : Nabila Rmili rassure

Face aux inquiétudes soulevées par les conseillers municipaux concernant la cession de biens immobiliers communaux, la présidente de la commune de Casablanca, Nabila Rmili, a décidé de reporter l’examen de ce point sensible. Cette décision intervient après une réunion marathon de plus de quatre heures, marquée par des débats intenses ayant insisté sur la nécessité d’entourer l’opération de toutes les garanties de transparence.

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La mairie de Casablanca se retrouve une fois de plus au cœur d’une controverse brûlante. Face à la fronde d’une partie des conseillers municipaux, la présidente du Conseil communal, Nabila Rmili, a décidé de reporter l’examen du point relatif à la cession de certains biens immobiliers appartenant à la Commune. Un report qui s’apparente autant à un geste d’apaisement qu’à une tentative de reprise en main d’un dossier qui suscite beaucoup de convoitise. Lundi dernier, lors de la deuxième session ordinaire de février 2025, la réunion du Conseil communal a connu des débats intense, houleux par moment, autour de cette question hautement sensible.

Pendant plus d’une heure sur les 4 heures qu’a duré cette réunion, les conseillers municipaux ont multiplié les interventions, toutes empreintes de circonspection quant aux modalités de gestion et de transfert du patrimoine foncier public. Pour certains, l’absence de garanties suffisantes pour ces opérations fait courir le risque de tomber dans la spoliation immobilière, ce qui justifie selon eux un ajournement pur et simple du projet.

Une levée de boucliers au sein du Conseil communal

Face aux craintes exprimées, Nabila Rmili a tenu à dissiper toute ambiguïté et à calmer les esprits. «Je comprends parfaitement les appréhensions des conseillers. Cette question est particulièrement sensible car elle touche aux biens de la collectivité», a-t-elle déclaré. Se voulant rassurante, elle a insisté sur le fait que la loi de 2021 sur les biens des collectivités territoriales imposait des garde-fous stricts, rendant impossible toute transaction en dehors du cadre légal. Elle a expliqué dans le même ordre d’idées que le recours à la cession des biens communaux était dictée par des contraintes budgétaires imposées par les grands projets lancés et qui nécessitent des ressources considérables.

Des finances sous tension, un dilemme budgétaire persistant

En effet, selon la maire de Casablanca, cette opération s’impose comme dernier recours pour financier les multiples chantiers lancés et gérer les dépenses communales qui vont grandissant. Casablanca, métropole en pleine mutation, fait face à des défis budgétaires colossaux. Malgré un budget record de 5,09 milliards de dirhams en 2024, la gestion de la ville demeure un vrai casse-tête. La mairie peine à financer les infrastructures et les services publics essentiels. À titre d’exemple, la gestion quotidienne de la ville engloutit selon la même responsable 4,2 milliards de dirhams, entre les salaires des employés (près d’un milliard de dirhams), l’entretien urbain (1,3 milliard) et la modernisation des transports en commun, notamment l’acquisition de 700 bus et le développement du réseau de tramway et de BHNS (Bus à haut niveau de service, aussi appelés busways) dont la mise en œuvre a déjà créé un déficit budgétaire considérable.

Dans ce contexte, la valorisation du foncier communal apparaît, aux yeux de la maire, comme une bouée de sauvetage qu’il convient saisir. «Certains de ces biens sont inutilisés depuis plus de 30 ou 50 ans. Pourquoi ne pas les exploiter pour financer les grands chantiers dont Casablanca a besoin ?», s’est interrogée Mme Rmili. L’approche semble logique, sauf qu’elle se heurte à la méfiance de certains conseillers qui disent craindre une «privatisation déguisée» du patrimoine public, d’autant plus que «la ville a déjà été ébranlée par des scandales immobiliers par le passé». Calculs politiques étriqués ou volonté de protéger le patrimoine de la ville ? difficile de trancher, tant les arguments des uns et des autres tiennent la route.

Des cessions foncières sous haute surveillance

Consciente de la sensibilité de la question, la présidente de la commune a promis d’associer davantage les autorités de tutelle aux discussions. Elle a fait part de son intention de saisir la wilaya de Casablanca afin que le ministère de l’Intérieur participe aux prochaines réunions. Ce faisant, l’autorité de tutelle suivra de près les dossiers de manière à encadrer scrupuleusement toute éventuelle transaction. Pour Mme Rmili, il s’agit là d’un gage supplémentaire de transparence et de rigueur donné aux conseillers sceptiques, mais aussi un moyen de se prémunir contre d’éventuelles critiques de favoritisme ou d’opacité.

Reste que ce report ne règle rien sur le fond. Car au-delà des modalités de cession des biens de la commune, une question demeure : la commune de Casablanca doit-elle monnayer une partie de son patrimoine immobilier pour financer ses ambitions de développement, au risque de brader les bijoux de la famille ? Ou doit-t-elle explorer d’autres leviers budgétaires, quitte à revoir certaines priorités d’investissement ? Une chose est sûre : la maire avance dans un terrain miné. Entre contraintes financières et impératifs de sauvegarde du domaine public, Nabila Rmili devra faire preuve d’une habileté politique certaine pour mener à bien cette entreprise qui attise beaucoup de convoitises et qui sera de ce fait un véritable test de sa capacité à gérer avec rigueur et justesse une métropole tentaculaire comme Casablanca.
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