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Classe moyenne au Maroc : mise à mal par l’inflation, son évolution fait débat

L'Association Almoubadara a réuni ses membres, ses sympathisants ainsi que des experts pour examiner de près l’état actuel et les perspectives de la classe moyenne au Maroc, un segment social clé pour le développement du pays. Si l’importance de cette classe n’est plus à démontrer, sa délimitation et l'appréciation de son évolution nécessitent des études plus poussées.

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L'Association Almoubadara (l’Initiative), cette nouvelle entité de la société civile dont le slogan est «la patrie d'abord et toujours», a choisi de réunir ses membres et sympathisants autour d'une thématique d'actualité brûlante : «Réalité et perspectives de la classe moyenne». À l'initiative de cette rencontre, Aziz Rabbah, président de l’association et figure politique connue, puisqu’il a occupé plusieurs portefeuilles ministériels au sein des gouvernements conduits par le Parti de la justice et du développement sous Abdelilah Benkirane et Saad Eddine Otmani.

La classe moyenne en difficulté

Dans son allocution, Aziz Rabbah a dressé un constat alarmant sur la situation difficile vécue par la classe moyenne marocaine. «Cette frange cruciale de la population se trouve aujourd'hui dans une situation des plus précaires, durement impactée par la spirale inflationniste et la cherté de la vie», a déploré l'ancien ministre. Il a tenu à souligner le rôle vital joué par cette classe moyenne, qui regroupe notamment les fonctionnaires, les commerçants, les agriculteurs et les professionnels libéraux.



Une importance stratégique pour assurer la cohésion du corps social, soutenir la dynamique économique nationale, structurer les normes communautaires et garantir la pérennité de pans entiers de secteurs d'activité. Autant d'éléments qui font de la classe moyenne un maillon indispensable à la stabilité et au progrès du Royaume, selon Aziz Rabbah. D'où l'impératif, selon lui, de prendre la pleine mesure des défis auxquels celle-ci est confrontée et d'œuvrer efficacement à préserver son pouvoir d'achat et lui garantir des conditions de vie digne, gage de l'équilibre socio-économique du Maroc.

Des définitions hétérogènes de la classe moyenne au Maroc

Tour à tour, des experts se sont relayés pour décrire les particularités et les différentes définitions de la classe moyenne, notamment celle proposée dans le rapport publié par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) en 2021 sur le sujet, intitulé : «Renforcer et élargir la classe moyenne au Maroc : enjeux et voies pour une classe moyenne qualifiée, épanouie et entreprenante».



À cet égard, le coordinateur de ce rapport et président de la commission ad hoc qui en a été chargée, Lahcen Oulhaj, a rappelé les conclusions de ce rapport. Il a souligné huit principales recommandations défendues par le CESE dans le but de renforcer et élargir cette classe et lui permettre de jouer pleinement son rôle dans le développement du pays. Parmi ces recommandations figurent la nécessité de renforcer la recherche scientifique et l'appareil statistique, de réformer les corps de métier et la fonction publique pour favoriser l'emploi, de concentrer les efforts sur la formation du capital humain, d'élargir et de diversifier les opportunités d'ascension sociale et de promouvoir le développement rural. Il s’agit aussi de consolider l'État social pour garantir des services accessibles à tous, de lutter contre la pauvreté et d'intégrer le secteur informel dans l'économie formelle et, enfin, d'adopter une politique d'infrastructure digitale inclusive pour favoriser l'accès à l'ère numérique à tous les segments de la société.

Une stabilité statistique en trompe-l'œil !

Pour sa part, Touhami Abdelkhalek, statisticien et professeur à la Faculté de gouvernance, sciences économiques et sociales de l'Université Mohammed VI Polytechnique, est revenu sur les concepts entourant la classe moyenne. Il a souligné la nécessité de mener des études empiriques approfondies afin de déterminer si cette classe s'est rétrécie ou au contraire élargie. Les conclusions de M. Abdelkhalek ont ainsi mis en lumière une relative stabilité des mesures des inégalités et de la polarisation au sein des classes moyennes, qui demeurent à des niveaux élevés, sans divergence notable dans leur évolution au cours des dernières années. Ces constats persistent tant à l'échelle nationale que dans les milieux urbain et rural. Bien que «la taille de la classe moyenne, définie en termes de dépenses de consommation par habitant, n'ait pas connu de variation significative dans les zones urbaines entre 2015 et 2019, elle a enregistré une croissance dans les zones rurales», a-t-il estimé. Cependant, le statisticien a appelé à mener des «analyses structurelles plus détaillées» afin d'approfondir la compréhension de ces implications complexes.

«Almoubadara», une association apolitique

D'emblée, l'ancien ministre du PJD a tenu à préciser que Almoubadara est une association nouvellement créée à son instigation et qu’elle se veut apolitique, n'étant inféodée à aucune formation partisane. «Notre unique et ultime objectif est de servir les intérêts supérieurs de la patrie», a insisté Aziz Rabbah, traçant ainsi la ligne de conduite de cet acteur associatif qui n’a pas d'ambitions partisanes. C'est forte de cette posture patriotique revendiquée qu'Almoubadara a souhaité ouvrir le débat sur la situation préoccupante de la classe moyenne au Maroc, segment social dont le rôle est jugé essentiel pour la stabilité et le développement du Maroc.
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