La pénurie d’eau ne touche pas toutes les populations de la même manière. Dans les oasis du Sud-Est marocain, les femmes rurales se battent chaque jour contre la rareté de l’eau, facteur silencieux de bouleversements sociaux, économiques et culturels. Ces femmes, gardiennes des ressources et piliers de la vie communautaire, sont à la fois les premières affectées et les principales actrices de la résilience face au stress hydrique, comme le souligne le Policy Brief de l’IDOS (German Institute of Development and Sustainability), présenté au 19e Congrès mondial de l’eau à Marrakech.
Dans cette étude intitulée «Femmes rurales face à la pénurie d’eau : exemples des oasis marocaines», le message est clair : l’eau ne peut être pensée sans le genre, et le genre ne peut être abordé sans considérer l’eau comme un facteur économique, social et culturel. Dans les oasis marocaines, les femmes montrent chaque jour qu’elles ne sont pas seulement des victimes du climat, mais les architectes discrètes d’une adaptation durable. Leur expérience, ancrée dans la réalité du terrain, pourrait inspirer bien d’autres régions semi-arides confrontées au même défi.
Mais la sécheresse bouleverse aussi leurs liens sociaux : les moments d’échange autour des «jnans», les petits jardins oasiens, se raréfient. Avec l’eau disparaît parfois un tissu de solidarité féminin essentiel à la vie communautaire.
Ces projets deviennent aussi des espaces d’apprentissage et d’émancipation. Les femmes y gagnent en confiance, apprennent à négocier, à gérer, à se déplacer, parfois même à prendre la parole en public. «Avant, on restait à la maison. Aujourd’hui, on peut aller partout», confie l’une d’elles, citée dans le rapport.
Pourtant, ces élans restent fragiles : sans eau, pas de production. Et sans production, les coopératives s’éteignent.
Le soutien aux initiatives féminines constitue un autre levier essentiel : il s’agit de proposer des formations contextualisées, d’accompagner la valorisation et la commercialisation des produits et de renforcer les formes d’organisation collective comme les coopératives ou associations.
De plus, le rapport insiste sur la nécessité d’accompagner l’évolution des normes sociales, en valorisant la diversité des parcours féminins et en favorisant la participation des femmes aux instances de décision locales, notamment dans la gestion de l’eau.
Dans cette étude intitulée «Femmes rurales face à la pénurie d’eau : exemples des oasis marocaines», le message est clair : l’eau ne peut être pensée sans le genre, et le genre ne peut être abordé sans considérer l’eau comme un facteur économique, social et culturel. Dans les oasis marocaines, les femmes montrent chaque jour qu’elles ne sont pas seulement des victimes du climat, mais les architectes discrètes d’une adaptation durable. Leur expérience, ancrée dans la réalité du terrain, pourrait inspirer bien d’autres régions semi-arides confrontées au même défi.
L’eau, fil de vie et source de vulnérabilité
Dans les régions semi-arides, la pénurie d’eau est plus qu’une question de réchauffement climatique. C’est une question de survie quotidienne, de travail et de dignité. Les femmes des oasis marocaines, notamment dans la région de Draâ-Tafilalet, assument l’essentiel des tâches liées à l’eau : approvisionnement domestique, irrigation, élevage, transformation agricole... Quand les puits s’assèchent et que les hommes migrent vers les villes, elles deviennent à la fois chefs d’exploitation et gardiennes des foyers.Mais la sécheresse bouleverse aussi leurs liens sociaux : les moments d’échange autour des «jnans», les petits jardins oasiens, se raréfient. Avec l’eau disparaît parfois un tissu de solidarité féminin essentiel à la vie communautaire.
Quand la pénurie inspire l’action
Face à ces défis, les femmes oasiennes ne baissent pas les bras. Elles inventent de nouvelles formes d’adaptation : création de coopératives, associations, groupements d’intérêt économique. Ces initiatives, souvent soutenues par l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) ou la stratégie Génération Green, permettent de valoriser les produits du terroir (dattes, amandes, roses ou dérivés cosmétiques) tout en créant des revenus complémentaires.Ces projets deviennent aussi des espaces d’apprentissage et d’émancipation. Les femmes y gagnent en confiance, apprennent à négocier, à gérer, à se déplacer, parfois même à prendre la parole en public. «Avant, on restait à la maison. Aujourd’hui, on peut aller partout», confie l’une d’elles, citée dans le rapport.
Pourtant, ces élans restent fragiles : sans eau, pas de production. Et sans production, les coopératives s’éteignent.
Des obstacles structurels persistants
L’étude souligne trois grands freins à l’autonomisation des femmes rurales dans ce contexte de stress hydrique. Le premier est l’accès limité aux ressources : peu de terres à leur nom, peu de crédits bancaires et un taux d’analphabétisme féminin encore élevé. Le deuxième tient à des formations souvent inadaptées : standardisées, éloignées du quotidien des femmes rurales, parfois dispensées dans des lieux ou des langues qui leur sont inaccessibles. À cela s’ajoutent les normes sociales qui continuent de restreindre leur participation à la vie publique et à la gouvernance de l’eau. Les femmes sont encore marginalisées dans les associations d’usagers ou les assemblées villageoises, où se décident pourtant les questions vitales d’allocation des ressources.Quatre leviers pour un changement durable
Pour transformer ces constats en actions concrètes, le Policy Brief propose plusieurs axes de travail. Il souligne d’abord l’importance de produire et de diffuser des données genrées, afin de mieux comprendre la réalité des femmes rurales, leurs vulnérabilités comme leurs compétences, et de concevoir des programmes réellement adaptés à leurs besoins. Il recommande, également, de faciliter leur accès aux services publics, à la terre et au crédit, éléments clés pour renforcer leur autonomie économique et leur capacité à investir dans des activités agricoles ou artisanales.Le soutien aux initiatives féminines constitue un autre levier essentiel : il s’agit de proposer des formations contextualisées, d’accompagner la valorisation et la commercialisation des produits et de renforcer les formes d’organisation collective comme les coopératives ou associations.
De plus, le rapport insiste sur la nécessité d’accompagner l’évolution des normes sociales, en valorisant la diversité des parcours féminins et en favorisant la participation des femmes aux instances de décision locales, notamment dans la gestion de l’eau.
