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Comment la Zlecaf pourrait libérer le potentiel économique de l’Afrique

La Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), entrée en vigueur en 2021, suscite de grands espoirs quant à ses retombées sur les échanges commerciaux entre les pays africains. Selon les conclusions d’un récent rapport co-rédigé par Casablanca Finance City et BMI Research, la Zlecaf pourrait en effet contribuer à libérer tout le potentiel économique de l’Afrique, encore faut-il relever les défis inhérents à sa mise en œuvre. Explications.

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Dans un rapport intitulé «Africa Insights» dévoilé le 21 février 2024 à Casablanca, Casablanca Finance City (CFC) et BMI Research ont mis en lumière les multiples opportunités socio-économiques qui pourraient découler de l’intégration continentale attendue de la Zone de libre-échange africaine, entrée en vigueur en 2021.

La Zlecaf, un tremplin vers l'émergence de l'Afrique

Malgré les défis inhérents à la mise en œuvre de cette zone, l'enthousiasme reste de mise quant au potentiel de ce marché unique. Intervenant à cette occasion, le ministre de l’Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, a souligné l’effort constant des pouvoirs publics pour «ouvrir des portes, des ponts et des pipes exceptionnels d’interconnexion». «L'intégration régionale du continent est un pilier central de notre développement», a déclaré, pour sa part, Yacine Fal, représentante de la BAD, lors de la présentation du rapport CFC-BMI. Pour peu que ses bénéfices soient partagés équitablement, la Zlecaf peut devenir un puissant tremplin vers l'émergence et la prospérité de l'Afrique. D'ores et déjà, elle impulse une dynamique historique d'intégration économique continentale. «Au-delà du commerce, il s'agit de connectivité, d'intégration et de création de valeurs communes entre les pays africains», a souligné Ryad Mezzour. La Zlecaf porte en elle les germes d'une Afrique plus unie, compétitive et prospère, a-t-il insisté.

Des opportunités économiques considérables pour l'Afrique

En effet, selon BMI Research, le PIB de l'Afrique pourrait être multiplié par 2,5 d'ici 2050 pour atteindre 7.000 milliards de dollars, grâce aux effets d'entraînement de la Zlecaf. Cette zone de libre-échange favorisera en effet les économies d'échelle, l'innovation et la compétitivité des entreprises africaines. Elle permettra aussi de développer de nouvelles chaînes de valeur régionales et des pôles de compétitivité continentaux dans des secteurs clés. «Plus de 80% des nouveaux échanges concerneront des biens manufacturés à plus forte valeur ajoutée, ce qui contribuera à créer 16 millions d’emplois dans le secteur manufacturier en Afrique», souligne le rapport, citant une étude du Brookings Institute. Le Maroc pourrait par exemple devenir un hub automobile, la Côte d'Ivoire un leader de l'agro-transformation et l'Afrique de l'Est un pôle textile...

La Zlecaf, moteur de la transformation structurelle des économies africaines

Au-delà des effets positifs sur la croissance économique, les experts soulignent que la Zlecaf pourrait engendrer une véritable transformation structurelle des économies du continent. «Elle réduira la dépendance envers les marchés extérieurs et accélèrera la transition énergétique de l’Afrique», affirme Saïd Ibrahimi, directeur général de Casablanca Finance City. En favorisant le commerce intra-africain, la Zlecaf permettra de diversifier les partenaires commerciaux des pays africains, souvent tournés majoritairement vers l'Europe, la Chine ou les États-Unis. Cette moindre dépendance aux marchés extérieurs offrira une plus grande résilience économique. Par ailleurs, l'accord encourage l'utilisation des énergies renouvelables pour la production d'électricité. Il favorisera ainsi l'intégration des réseaux électriques entre pays voisins et le déploiement de sources d'énergie propres comme le solaire ou l'éolien. Un atout majeur pour le développement durable du continent.

Une aubaine pour les consommateurs et les investisseurs

La Zlecaf représente également une aubaine pour les populations et les investisseurs. D'après les prévisions, elle entraînera une baisse des prix grâce à la suppression des droits de douane et à une meilleure allocation des ressources. Les revenus réels des ménages pourraient augmenter de 7% d'ici 2035. «Cet accord commercial créera de l'ordre, mais pas d'homogénéité entre les pays», analyse John Ashbourne, économiste chez BMI Research et un des rédacteurs dudit rapport. «Il s'agit d'organiser les relations entre les accords commerciaux régionaux existants, afin de stimuler la transformation économique de l'Afrique». Pour les entreprises, la Zlecaf multiplie les débouchés sur un vaste marché de 1,2 milliard de consommateurs. Les investisseurs étrangers auront aussi tout intérêt à se positionner sur les futurs champions industriels et les pôles de compétitivité africains.

Quels défis pour la mise en œuvre de la Zlecaf ?

Si le potentiel de la Zlecaf fait l'objet d'un large consensus, sa mise en œuvre effective soulève certains défis. Au-delà de l'abaissement des barrières tarifaires, l'accord doit s'accompagner de réformes pour améliorer l'environnement des affaires et les infrastructures. «Il faut des efforts concertés pour concrétiser les avantages de la Zlecaf», rappelle Saïd Ibrahimi. «Les centres financiers comme Casablanca ont un rôle à jouer dans la promotion et la mise en œuvre de cet accord», plaide-t-il.

Le développement des infrastructures logistiques et de transport sera crucial pour fluidifier les échanges. L'harmonisation des réglementations entre les pays nécessitera aussi des réformes. En outre, le manque de diversification des économies africaines pourrait limiter les complémentarités et les échanges commerciaux. De nombreux experts appellent donc à renforcer les capacités de production dans des secteurs clés comme l'industrie et les services, afin de tirer pleinement profit des opportunités offertes par la Zlecaf. Celle-ci devra s'accompagner de politiques volontaristes pour la transformation structurelle des économies du continent.

Création de la Zlecaf : un accord historique pour le continent

Signé en 2018 par 44 pays africains, l’accord portant création de la Zlecaf est entré en vigueur en janvier 2021 signé par l’ensemble des pays africains (sur les 54 pays africains, l'Érythrée est le seul pays africain restant en dehors de la Zlecaf). Il s'agit d'une étape historique vers l'intégration économique du continent, qui vise à créer un marché unique pour les biens et services au sein des pays membres. Concrètement, la Zlecaf prévoit la suppression progressive des droits de douane sur 90% des produits échangés entre ces pays. Lors du lancement de la Zlecaf, le taux moyen des droits de douane sur les biens intra-africains était estimé à 6,1%. Avec la mise en œuvre de l'accord, ce taux pourrait être ramené à près de 0% dans les prochaines années. De quoi fluidifier grandement les échanges commerciaux au sein du continent, alors que seulement 16% du commerce africains se fait actuellement entre pays du continent.
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