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Démocratie, gouvernance, médias... ce qu'en pensent les jeunes marocains

Un nouveau rapport du réseau panafricain Afrobarometer révèle que la majorité des jeunes Marocains exprime une préférence marquée pour la démocratie, et ce malgré une tendance générale au recul du soutien à ce système à travers le continent africain. S’appuyant sur une série d'enquêtes représentatives effectuées dans 39 pays africains, ce document met également en lumière des attentes élevées en matière de transparence et de gouvernance. Parallèlement, il souligne les préoccupations croissantes concernant la corruption et les conditions socio-économiques, qui demeurent des enjeux majeurs pour cette tranche de la population.

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Une proportion significative de jeunes Marocains privilégie la démocratie par rapport à tout autre type de gouvernement et se déclare plutôt satisfaite du fonctionnement de ce système dans le pays. C’est ce qui ressort d’un rapport récemment publié, qui examine la question de la démocratie en Afrique à travers le prisme des jeunes âgés de 18 à 35 ans. Réalisé par le réseau panafricain de recherche par sondage «Afrobarometer», ce rapport phare indique que 66% des jeunes Marocains préfèrent la démocratie à toute forme d’alternative autoritaire, s’alignant ainsi sur la moyenne continentale où le soutien à la démocratie demeure solide.
L’analyse de l’évolution de cet indicateur révèle que le Maroc a gagné 3 points entre 2011 et 2023. En revanche, parmi les 30 pays sondés de manière constante au cours de la dernière décennie, le soutien à la démocratie a diminué de 7 points de pourcentage, avec des baisses notables de 29 points en Afrique du Sud et de 23 points au Mali. «Cette baisse reflète des changements d’attitude surprenants dans plusieurs pays, y compris ceux qui étaient auparavant classés parmi les régimes politiques “libres” du continent», note le rapport.

Rejet des régimes autoritaires

Les résultats de l’enquête montrent que 74% de la jeunesse du Royaume rejette le régime à parti unique ainsi que le régime militaire. À cet égard, le rapport souligne que le Maroc fait figure d'exception, enregistrant une augmentation de 12 points au cours de la dernière décennie, alors que les 30 pays africains sondés depuis 2011 ont, en moyenne, connu une baisse de 11 points. Le Mali et le Burkina Faso sont cités comme les pays les plus tolérants envers le régime militaire, avec des baisses respectives de 40 et 37 points de pourcentage.
Dans le même sillage, 65% des Marocains interrogés estiment que les forces armées ne devraient jamais intervenir en politique, contre 42% en moyenne sur le continent. Avec ce pourcentage, le Maroc se classe en tête, suivi de l’Ouganda (64 %) et du Zimbabwe (60%). Cependant, le rapport précise que plus de la moitié (53%) des Africains sont prêts à tolérer une intervention militaire en politique si «les dirigeants élus abusent du pouvoir à leurs propres fins».

La responsabilité gouvernementale au cœur des préoccupations

Concernant les normes et pratiques démocratiques, 66% des Marocains jugent que la responsabilité du gouvernement est plus importante que l’efficacité, tandis que 46% estiment que les médias devraient être libres de tout contrôle gouvernemental. Globalement, une majorité croissante des jeunes Africains réclame la responsabilité gouvernementale et l’État de droit, tout en soutenant d'autres normes démocratiques, telles que la responsabilité présidentielle devant le Parlement (66%), la compétition multipartite, la limitation des mandats présidentiels (72%) et la liberté des médias (65%).

Satisfaction à l'égard de la démocratie

Durant la dernière décennie, la satisfaction à l’égard de la démocratie a chuté de manière vertigineuse dans certaines des démocraties les plus en vue d’Afrique, notamment au Botswana (-40 points), à Maurice (-40 points) et en Afrique du Sud (-35 points). En revanche, au Maroc, 53% des jeunes se disent assez à très satisfaits de la façon dont la démocratie fonctionne dans le pays, contre 37% d’Africains. L’analyse des données place le Royaume dans le Top 3 des sept États ayant gagné des points de pourcentage entre 2011 et 2023, avec 8 points, après le Zimbabwe (15 points) et le Togo (12 points).

Des perceptions contrastées sur les élections

Environ 46% des jeunes Marocains estiment que le Royaume est principalement ou complètement démocratique, dépassant légèrement la moyenne continentale qui est de 45%. Cependant, d'autres indicateurs de l’offre démocratique placent le pays en dessous de la moyenne continentale, notamment en ce qui concerne les évaluations des citoyens sur la qualité des élections. Ainsi, 39% des Marocains contre 59% d’Africains affirment que les dernières élections nationales ont été «complètement libres et équitables» ou «libres et équitables avec des problèmes mineurs».
Il est également à noter que 66% des jeunes soutiennent que les élections sont le meilleur moyen de choisir les dirigeants, contre 75% en moyenne en Afrique. Cependant, le rapport d’Afrobarometer observe une baisse inquiétante du soutien aux élections, qui a chuté de 8 points de pourcentage dans 30 pays au cours de la dernière décennie. «Nous constatons des baisses de 4 points ou plus dans 26 des 30 pays, avec des baisses de 24 points en Tunisie et de 15 points ou plus au Cameroun, au Mali, au Lesotho et au Burkina Faso. La Sierra Leone, avec une augmentation de 13 points de l'engagement envers les élections, est la seule exception», détaille le document.

Un sentiment de liberté marqué au Maroc

Un point important à souligner est que près de 65% des Africains déclarent être «complètement libres» de voter pour le candidat de leur choix sans se sentir sous pression. Ce même sentiment de liberté est ressenti par pas moins de 86% des Marocains, tandis que 62% d'entre eux affirment pouvoir exprimer leurs opinions en toute liberté. En outre, une bonne partie des jeunes Marocains estime que le pays est engagé sur la bonne trajectoire. Il est intéressant de constater que, malgré une majorité de jeunes Marocains qui estiment que le pays progresse en matière de démocratie, il existe une préoccupation significative concernant la corruption et les performances socioéconomiques. Les chiffres montrent que 43% des jeunes perçoivent une augmentation de la corruption, ce qui peut nuire à la confiance dans les institutions.
Selon le rapport, le chômage, la gestion de l'économie et la santé sont des priorités majeures pour cette jeunesse, ce qui souligne un besoin urgent d'amélioration dans ces domaines. La relation entre la satisfaction démocratique et les performances politiques est également mise en lumière, indiquant que des élections de qualité et une lutte efficace contre la corruption sont essentielles pour maintenir le soutien à la démocratie. «Les Africains souhaitent une gouvernance plus démocratique que celle qu’ils obtiennent, et les faits suggèrent que pour entretenir le soutien à la démocratie, il faudra renforcer l’intégrité des gouvernements locaux et la responsabilité officielle», signale le document.
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