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Des journalistes lancent l’«African Labour Migration Journalism Network»

À Dakar, des éditeurs et des journalistes de plus de 35 supports médiatiques et organisations syndicales se sont réunis pour former un réseau visant à coordonner et améliorer la couverture des migrations de travail en Afrique. Ce rassemblement, fruit d’un atelier de renforcement des capacités organisé du 5 au 7 août 2024 par la Commission de l’Union africaine, en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations et la Fédération des journalistes d’Afrique, marque un tournant décisif. Il s’agit d’une initiative qui non seulement reconnaît mais insiste sur le rôle crucial des médias pour brosser un tableau plus équilibré et conforme aux réalités migratoires africaines, souvent mal représentées ou ignorées par les narrations dominantes.

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Des rédacteurs en chef et des journalistes de plus de 35 supports de presse et des membres d’organisations syndicales du secteur à travers différents pays africains se sont réunis pour établir un réseau visant à coordonner et améliorer les standards de couverture de la migration du travail en Afrique. Ce réseau, baptisé African Labour Migration Journalism Network (ALMJN), a été créé lors d’un atelier de renforcement des capacités organisé du 5 au 7 août 2024 par la Commission de l’Union africaine (CUA), en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et la Fédération des journalistes africains (FAJ). L’objectif est de promouvoir une couverture médiatique équilibrée et positive de cette problématique complexe, essentielle au développement socio-économique du continent. Parmi les journalistes élus à la direction du nouveau réseau figure un représentant du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), élu vice-président de l’ALMJN. Il s’agit du journaliste du groupe «Le Matin», Brahim Mokhliss.

Une nécessité de raconter l’histoire africaine

Les participants à cet atelier ont souligné que la migration du travail était un phénomène complexe et multidimensionnel qui façonne profondément le paysage socio-économique du continent africain. Bien que ce sujet gagne en visibilité dans les débats géopolitiques, la couverture médiatique de cette réalité demeure souvent déséquilibrée et ne reflète pas fidèlement les expériences et les dynamiques propres à l’Afrique. Face à ce constat, des journalistes chevronnés de tout le continent se sont mobilisés pour unir leurs voix et établir un nouveau réseau dédié à une couverture plus juste et nuancée de la migration du travail en Afrique.

«Il est de notre devoir d’être à l’avant-garde pour raconter l’histoire de l’Afrique et des Africains», a déclaré Omar Faruk Osman, président de la Fédération des journalistes africains (FAJ). Les rédacteurs en chef et les autres participants à cet atelier ont souligné le rôle clé de la migration dans le paysage socio-économique africain, reconnaissant sa complexité et la nécessité d’une couverture médiatique équilibrée. Ils ont reconnu que si les flux migratoires irréguliers captent souvent l’attention des médias, ils ne représentent qu’une petite partie des réalités migratoires africaines et véhiculent parfois une image erronée du continent.

Un défi : inverser le flux d’information

«Un défi important auquel nous sommes confrontés est que certains médias en Afrique publient du contenu éditorial provenant des médias occidentaux, ce qui perpétue souvent une représentation négative de notre continent. Idéalement, ce flux d’information devrait être inversé, avec les médias occidentaux s’appuyant sur des sources africaines pour présenter une image plus équilibrée et précise de l’Afrique», a déclaré le Dr Sabelo Mbokazi, responsable de la Division Travail, emploi et migration de la Commission de l’Union africaine (CUA). La représentation médiatique de l’Afrique est en effet souvent biaisée, ne reflétant pas la diversité et la complexité des réalités migratoires sur le continent. Cette tendance a conduit à l’adoption d’une déclaration conjointe, «la Déclaration de Dakar», fruit des engagements pris par la CUA à travers le Programme conjoint sur la migration de main-d’œuvre (JLMP) et les journalistes participant à l’atelier, visant à remédier à cette situation.

Des engagements concrets pour une couverture équilibrée

La déclaration de Dakar énonce une série d’engagements clés visant à remédier aux défis identifiés et à favoriser une couverture médiatique plus équilibrée de la migration du travail en Afrique. Parmi ces engagements figure la mise en place de programmes de formation complets pour renforcer les capacités des journalistes et rédacteurs en chef, en mettant l’accent sur l’éthique journalistique, l’utilisation précise des données et la compréhension des aspects juridiques et sociaux de la migration.

Les participants se sont également engagés à fournir aux journalistes un accès élargi à des ressources diversifiées, notamment des données vérifiées, des cadres juridiques et des contacts d’experts, afin de soutenir une couverture médiatique précise et équilibrée de la migration de travail. L’élaboration et la mise en œuvre de lignes directrices éthiques, basées sur les langues officielles de l’Union africaine et, dans la mesure du possible, les langues locales, visent à garantir une couverture juste, équilibrée, humaine et éthique de cette problématique complexe. Enfin, les participants ont accordé une attention particulière à la promotion d’une couverture sensible au genre, afin de traiter les défis uniques auxquels font face les migrantes et de s’assurer que leurs histoires soient adéquatement représentées dans les médias.

Vers une narration africaine de la migration du travail

Ces engagements visent à corriger les tendances actuelles et à permettre aux médias africains de raconter leur propre histoire de la migration de travail, en s’éloignant des représentations négatives souvent véhiculées par les médias occidentaux. Selon les données de la deuxième édition du Rapport sur la migration en Afrique présenté lors de l’atelier, près de 85,5% de la population active employée en Afrique – y compris les travailleurs migrants – travaillent dans le secteur informel, ce qui crée un besoin de raconter des histoires du point de vue humain pour saisir avec précision les expériences des migrants.

«L’Afrique a actuellement la population de jeunes qui connaît la croissance la plus rapide, avec plus de 400 millions de personnes âgées de 15 à 35 ans. Leur recherche d’emploi les conduit souvent à la migration, où les médias peuvent les aider à faire des choix éclairés», a souligné le Dr Mbokazi. «Il est essentiel que l’Afrique raconte elle-même son histoire de la migration, en mettant l’accent sur les expériences et les réussites, afin de contribuer à un changement de narratif vers une perspective plus équilibrée et positive», a indiqué de son côté M. Osman, président de la FAJ.

Le Réseau ALMJN au cœur de la nouvelle dynamique médiatique africaine

Le nouveau réseau de journalistes africains dédié à la couverture de la migration de travail, l’African Labour Migration Journalism Network, jouera un rôle central dans la réalisation de ces objectifs, en favorisant la collaboration, l’approfondissement de la couverture, le partage de connaissances et le soutien mutuel entre les professionnels des médias à travers l’Afrique. Le Syndicat national de la presse marocaine a joué un rôle de premier plan lors de cet événement, illustrant l’engagement du Maroc dans la promotion d’une narration positive sur la migration de travail en Afrique. Un membre du Conseil national du SNPM a été élu à la tête du nouveau réseau et assure également la vice-présidence, position stratégique pour influencer les politiques médiatiques à l’échelle continentale.

L’atelier de Dakar et la création de ce réseau marquent ainsi une étape cruciale dans la manière dont l’Afrique raconte ses histoires de migration. En plaçant les médias africains au cœur de la narration, cet effort collectif aspire non seulement à transformer la couverture médiatique de la migration de travail, mais aussi à influencer positivement la perception publique et les politiques à l’échelle continentale. Le rôle des journalistes africains sera déterminant pour s’assurer que le continent prend la main dans la manière dont ses migrations sont comprises et racontées, changeant ainsi le récit pour refléter une image plus authentique et nuancée de l’Afrique moderne.

Par ailleurs, en parallèle avec ces engagements structurants, le Programme conjoint sur la migration de main-d’œuvre (JLMP) a annoncé le lancement d’un concours média visant à encourager les journalistes à produire des récits percutants mettant en lumière les expériences et les contributions des travailleurs migrants. Ce concours, d’une durée de deux mois à compter du 7 août 2024, récompensera les meilleures réalisations dans les catégories «presse écrite» et «presse audiovisuelle». Les gagnants de chaque catégorie recevront un Prix de 2.000 dollars américains, tandis que ceux classés deuxièmes remporteront 1.500 dollars. Cette initiative s’inscrit dans les efforts de l’Union africaine visant à promouvoir une narration plus nuancée et positive autour de la migration de main-d’œuvre en Afrique.
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