L’entretien éclaire la complexité des enjeux liés au développement territorial, où se croisent financement, gouvernance, services publics, responsabilisation des élus et dynamisation de l’économie locale. Othmane Fahim, économiste senior et expert en gouvernance institutionnelle souligne que la péréquation, l’efficacité de la performance communale et la territorialisation de la commande publique constituent les piliers d’un modèle intégré, capable de répondre aux besoins immédiats des populations tout en posant les bases d’une émergence rurale durable et équilibrée.
La péréquation : garantir l’accès aux infrastructures essentielles
«La logique de la péréquation consiste à permettre aux communes les plus pauvres et les plus enclavées de disposer des infrastructures fondamentales», explique Othmane Fahim, rappelant qu’un tiers des collectivités locales demeure aujourd’hui dépourvu de ressources significatives, dépendant presque exclusivement des taxes et impôts locaux. Dans ces conditions, il leur est matériellement impossible de financer les projets essentiels qui garantissent le bien-être de leurs populations, tels que les écoles, les centres de santé ou l’accès à l’eau potable.
Pour structurer ces mécanismes, M. Fahim souligne que le modèle français a souvent servi de référence, notamment à travers les dotations globales de financement et les transferts de TVA de l’État vers les collectivités. Toutefois, il avertit que ces instruments, bien qu’indispensables, demeurent insuffisants : «Il est crucial de renforcer ce fonds pour qu’il remplisse pleinement sa mission. Aujourd’hui, son efficacité dépend encore largement de la capacité du président de commune à concevoir un projet structuré et bancable, tout en mobilisant le patrimoine ou l’assise foncière nécessaires à sa mise en œuvre.»
Pour structurer ces mécanismes, M. Fahim souligne que le modèle français a souvent servi de référence, notamment à travers les dotations globales de financement et les transferts de TVA de l’État vers les collectivités. Toutefois, il avertit que ces instruments, bien qu’indispensables, demeurent insuffisants : «Il est crucial de renforcer ce fonds pour qu’il remplisse pleinement sa mission. Aujourd’hui, son efficacité dépend encore largement de la capacité du président de commune à concevoir un projet structuré et bancable, tout en mobilisant le patrimoine ou l’assise foncière nécessaires à sa mise en œuvre.»
Performance communale et renforcement des capacités
Le débat sur la performance communale demeure au cœur des enjeux du développement territorial. Othmane Fahim rappelle à cet égard l’existence d’un programme pilote cofinancé par le ministère de l’Intérieur, le ministère des Finances et la Banque mondiale : «Il visait à instaurer une véritable culture de la performance au sein des communes, en posant des conditions minimales garantissant à la fois stabilité budgétaire, suivi rigoureux des projets et gestion financière efficiente.» Ce dispositif n’a concerné qu’une centaine de communes, principalement rurales, mettant en lumière la nécessité d’un renforcement massif des capacités locales. Selon M. Fahim, les budgets initiaux doivent faire l’objet d’une révision profonde, et la péréquation doit assurer un socle minimal de ressources humaines et financières pour permettre aux collectivités de remplir correctement leurs missions.
L’expert souligne par ailleurs la fragilité persistante des systèmes d’information au niveau local : «Beaucoup de communes ne disposent pas de données fiables, et la consolidation de ces informations pour disposer d’une vision territoriale cohérente représente un défi considérable.» Cette carence entrave non seulement la planification et le suivi des projets, mais freine également la mise en œuvre d’une gouvernance efficace et d’une politique publique territoriale véritablement adaptée aux besoins des populations.
L’expert souligne par ailleurs la fragilité persistante des systèmes d’information au niveau local : «Beaucoup de communes ne disposent pas de données fiables, et la consolidation de ces informations pour disposer d’une vision territoriale cohérente représente un défi considérable.» Cette carence entrave non seulement la planification et le suivi des projets, mais freine également la mise en œuvre d’une gouvernance efficace et d’une politique publique territoriale véritablement adaptée aux besoins des populations.
Changement de mentalité et responsabilisation : la clé de la réussite
Pour Othmane Fahim, l’efficacité de la gouvernance communale repose avant tout sur la responsabilisation et la redevabilité des élus. En d’autres termes, «la performance et la budgétisation seules ne suffisent pas si le changement de culture décisionnelle n’est pas effectif». Il rappelle ainsi que l’urgence des besoins des citoyens ne saurait attendre : infrastructures et services essentiels doivent être accessibles sans délai, chaque retard pesant directement sur le quotidien des populations.
Selon cet expert, cette réalité met en lumière un décalage structurel : celui entre le temps long de l’État et le rythme plus immédiat des mandats électifs. «Les élus suivent une logique de mandat, tandis que l’État planifie sur des horizons prolongés. Pourtant, sur le terrain, ce qui prévaut, c’est l’immédiateté des besoins : l’école, la route ou le centre de soins doivent être disponibles maintenant, sans attendre des ajustements de planification.» Ainsi, souligne M. Fahim, le véritable levier réside dans l’alignement de la culture décisionnelle locale avec les exigences concrètes du terrain, condition sine qua non pour que les politiques publiques produisent leurs effets.
Selon cet expert, cette réalité met en lumière un décalage structurel : celui entre le temps long de l’État et le rythme plus immédiat des mandats électifs. «Les élus suivent une logique de mandat, tandis que l’État planifie sur des horizons prolongés. Pourtant, sur le terrain, ce qui prévaut, c’est l’immédiateté des besoins : l’école, la route ou le centre de soins doivent être disponibles maintenant, sans attendre des ajustements de planification.» Ainsi, souligne M. Fahim, le véritable levier réside dans l’alignement de la culture décisionnelle locale avec les exigences concrètes du terrain, condition sine qua non pour que les politiques publiques produisent leurs effets.
Services publics et défis ruraux
La cartographie sanitaire et éducative des territoires ruraux met en évidence des déséquilibres persistants et préoccupants. Les ambulances, par exemple, sont souvent partagées entre plusieurs communes, les dispensaires demeurent sous-dotés et les écoles restent isolées, exposant les populations à des difficultés d’accès aux services essentiels. Dans ce contexte, M. Fahim souligne que les structures régionales multiservices, telles que l’ONEE, les CRM ou les SRM, bien qu’apportant un soutien indéniable, ne permettent pas encore de juger de l’efficacité réelle : «Il est trop tôt pour mesurer si ces dispositifs ont véritablement transformé la gouvernance ou la contractualisation des services délégués.»
Cette situation illustre clairement que les priorités dans le monde rural diffèrent sensiblement de celles des zones urbaines. Là où les grands projets d’aménagement ou la création d’espaces verts occupent une place importante dans les villes, dans les communes rurales, l’urgence se concentre sur la connectivité, la disponibilité et l’accessibilité immédiate des services fondamentaux : eau potable, assainissement, transports et soins de santé. En d’autres termes, le véritable enjeu est d’assurer aux populations rurales des services de base fiables et accessibles, condition indispensable à l’équité territoriale et au développement local.
Cette situation illustre clairement que les priorités dans le monde rural diffèrent sensiblement de celles des zones urbaines. Là où les grands projets d’aménagement ou la création d’espaces verts occupent une place importante dans les villes, dans les communes rurales, l’urgence se concentre sur la connectivité, la disponibilité et l’accessibilité immédiate des services fondamentaux : eau potable, assainissement, transports et soins de santé. En d’autres termes, le véritable enjeu est d’assurer aux populations rurales des services de base fiables et accessibles, condition indispensable à l’équité territoriale et au développement local.
Territorialisation de la commande publique : un levier immédiat
Othmane Fahim souligne le rôle central de la commande publique comme instrument de redistribution de la richesse au sein des territoires : «L’État ne crée pas directement l’emploi, mais il peut établir les conditions pour que la richesse générée soit investie localement. » Ainsi, ce mécanisme constitue un levier concret pour dynamiser l’économie rurale et favoriser le développement des communes fragilisées.
Pourtant, dans la pratique, la majorité des contrats publics échappe aux acteurs locaux, profitant à des entreprises urbaines souvent extérieures aux territoires ruraux. Face à cette réalité, M. Fahim préconise une adaptation des cahiers des charges, en tenant compte non seulement des compétences techniques, mais également de l’expérience proposée par les jeunes entreprises locales. Il suggère par ailleurs de réserver un quota d’au moins 30% de la commande publique aux acteurs territoriaux : «Ce quota suffirait à créer des opportunités immédiates pour les coopératives et les jeunes diplômés locaux, avec un impact tangible sur l’emploi et la création de valeur au sein de ces communes.» De cette manière, la commande publique devient un levier direct et opérationnel pour renforcer l’économie locale, tout en consolidant la capacité des territoires ruraux à transformer leurs ressources et leurs infrastructures en véritables moteurs de prospérité.
Pourtant, dans la pratique, la majorité des contrats publics échappe aux acteurs locaux, profitant à des entreprises urbaines souvent extérieures aux territoires ruraux. Face à cette réalité, M. Fahim préconise une adaptation des cahiers des charges, en tenant compte non seulement des compétences techniques, mais également de l’expérience proposée par les jeunes entreprises locales. Il suggère par ailleurs de réserver un quota d’au moins 30% de la commande publique aux acteurs territoriaux : «Ce quota suffirait à créer des opportunités immédiates pour les coopératives et les jeunes diplômés locaux, avec un impact tangible sur l’emploi et la création de valeur au sein de ces communes.» De cette manière, la commande publique devient un levier direct et opérationnel pour renforcer l’économie locale, tout en consolidant la capacité des territoires ruraux à transformer leurs ressources et leurs infrastructures en véritables moteurs de prospérité.
Une approche intégrée pour un Maroc rural émergent
Pour Othmane Fahim, le développement territorial ne peut être envisagé que comme un processus intégré, combinant plusieurs leviers indissociables. Il s’agit tout d’abord d’assurer un financement équitable des communes grâce à la péréquation et aux fonds publics, garantissant les ressources indispensables au fonctionnement et aux projets locaux. Ce socle financier doit être complété par une gouvernance responsabilisée et par la mise en place d’une culture de la performance communale, capable de renforcer la capacité décisionnelle et la redevabilité des élus. Parallèlement, l’accès aux services publics doit être immédiat et connecté, afin de répondre aux besoins concrets des citoyens en matière d’éducation, de santé, d’eau potable et de mobilité. Enfin, la mobilisation de l’économie locale constitue un levier essentiel, à travers la territorialisation de la commande publique et la valorisation des petites et moyennes entreprises rurales, permettant de générer emploi et richesse directement au sein des communes.
«L’objectif Royal est clair : créer un Maroc qui marche sur deux jambes, urbain et rural, équilibré et inclusif», conclut Othmane Fahim, précisant que cette vision ne se limite pas à des textes législatifs ou à des réformes structurelles lourdes, mais requiert avant tout un engagement pragmatique et immédiat de l’État pour débloquer les opportunités locales et mettre la richesse au service des populations.
«L’objectif Royal est clair : créer un Maroc qui marche sur deux jambes, urbain et rural, équilibré et inclusif», conclut Othmane Fahim, précisant que cette vision ne se limite pas à des textes législatifs ou à des réformes structurelles lourdes, mais requiert avant tout un engagement pragmatique et immédiat de l’État pour débloquer les opportunités locales et mettre la richesse au service des populations.
