La digitalisation n’est pas un choix que les pays peuvent ignorer. C’est une obligation, une question vitale de développement socioéconomique et de souveraineté. «Les profondes mutations induites par le numérique impactent la croissance à travers l’exploitation efficace des ressources, l’amélioration de la productivité et partant la compétitivité. Il entraîne, également, une hausse des investissements dans le capital physique (logiciels, serveurs, réseaux...). Les résultats de plusieurs études confirment l’impact positif du numérique sur la croissance. L’Internet, en 2025, va avoir une contribution de 300 milliards de dollars annuellement de plus au PIB de l’Afrique, dont 75 milliards provenant du commerce en ligne61, et l’internet des objets devrait générer une valeur commerciale supplémentaire de près de 250 milliards d’euros en 2026. La contribution d’internet atteindrait 712 milliards de dollars en Afrique en 2050, soit 8,5% du PIB africain», souligne une étude de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) intitulée : «Le Maroc sur la voie de la transition numérique : Enjeux, risques et opportunités», publiée en 2021. Selon cette même étude, la contribution d’internet au PIB a été évaluée au Maroc à 6,8% en 2020 avec un potentiel de croissance pour atteindre 7,8% en 2025 puis 12,9% en 2050. «Il existe, donc, d’importantes opportunités inexploitées pour utiliser la puissance du numérique et stimuler la croissance et le développement au Maroc.
Par ailleurs, le numérique permet le développement de l’économie collaborative donnant naissance à une nouvelle génération d’entrepreneurs et de marchés», précise l’étude. Et d’ajouter qu’une hausse de 10% de l’usage de l’internet dans un pays exportateur augmente de 0,4% le nombre de produits échangés entre deux pays. Une hausse analogue de l’usage de l’internet dans un couple de pays augmente de 0,6% la valeur moyenne du commerce bilatéral par produit. «Le numérique pourrait optimiser davantage l’action des pouvoirs publics en termes d’amélioration de la qualité et de la célérité des services publics dans plusieurs domaines (santé, éducation, sécurité...), tout en garantissant plus de transparence et d’équité en matière d’accessibilité aux différentes prestations sociales», note l’étude.
Conscient de ces enjeux, le Maroc s’est engagé depuis des années déjà dans des programmes visant en outre à digitaliser son administration et à créer des écosystèmes digitaux. Il s’agit, en outre, de «Maroc Numeric 2013» et du plan «Maroc Digital 2020» et tout récemment de la stratégie nationale Maroc numérique 2030. Ces programmes ont permis des avancées notables par rapport à ce qui existait avant leur avènement notamment en matière de digitalisation des services publics, mais certains secteurs restent en retard par rapport aux objectifs à atteindre.
L’un des secteurs où la digitalisation a enregistré des avancées notables et certainement celui de la fiscalité. Sur ce point, il faut rappeler la mise en place de portails permettant aux contribuables d’effectuer des opérations en ligne (déclarations, paiement de taxes). En 2023, environ 98% des déclarations fiscales des entreprises se faisaient en ligne. La dématérialisation a permis une meilleure collecte et traçabilité des recettes. Le taux de recouvrement fiscal a augmenté de 5% depuis l’introduction de la digitalisation.
Ces portails permettent l’émission de certificats en ligne, réduisant les déplacements et simplifiant les démarches administratives.
Au niveau de la protection sociale, la gestion des dossiers de la couverture médicale de base a été digitalisée. En 2023, près de 80% des dossiers de demandes de remboursement étaient traités en ligne. Et avec la généralisation de la couverture sociale, il est également question d’inclure progressivement tous les travailleurs du secteur informel. Sur point, il faut noter que le système digital permet de centraliser les données d’adhérents et de bénéficier d’un suivi simplifié.
Justice : une transparence accrue
Depuis 2022, la plateforme «Mahakim.ma» permet aux citoyens et avocats de suivre les affaires judiciaires, de consulter des jugements, et de déposer des documents en ligne. En 2023, 65% des affaires civiles ont été suivies via cette plateforme, offrant une transparence accrue et une réduction des délais de traitement.
La plateforme propose également des services de convocation électronique et de notifications judiciaires numériques. Pour sa part, le projet de l’Identité numérique unique, lancée en 2022, permet aux citoyens d’utiliser une identité numérique pour accéder aux services publics et privés. Valeur aujourd’hui, environ 4,5 millions de personnes utilisent leur identifiant numérique unique, permettant des transactions en ligne sécurisées et une identification rapide.
Santé: beaucoup est à faire
Bien que la digitalisation du secteur de la santé soit un objectif clé, le Maroc reste en retard dans la mise en place d’un système national de dossiers médicaux électroniques. À cela s’ajoute le manque de coordination entre les hôpitaux. En effet, moins de 30% des établissements publics disposent de systèmes interconnectés, ce qui limite l’échange de données médicales et complique la continuité des soins. Ajouter à cela que peu d’hôpitaux ont des services de rendez-vous en ligne. Cela sans parler des régions rurales qui restent à l’écart.
Éducation: manque de fiabilité des solutions à distance
À ce niveau, il faut rappeler qu’il y a des initiatives, comme «TelmidTICE» pour l’enseignement primaire et secondaire, mais leur utilisation reste limitée. En 2023, seulement 25% des élèves ont eu accès à un apprentissage numérique régulier, en grande partie à cause des inégalités d’accès aux technologies. Ce n’est pas tout puisque la diversité des outils et l’absence d’une plateforme éducative nationale harmonisée freinent l’impact de la digitalisation sur la qualité de l’enseignement. Les griefs portent aussi sur le manque de fiabilité des solutions d’éducation à distance. Pour sa part, l’accessibilité est un problème pour les zones rurales où moins de 15% des écoles sont équipées de l’Internet haut débit.
Création d’entreprises: le processus reste complexe
Le lancement d’un portail pour simplifier la création d’entreprises était une bonne initiative. Toutefois, le processus reste complexe et parfois coûteux et les délais pour la finalisation de la création des entreprises en ligne restent élevés par rapport aux standards internationaux. Ils se situent entre 15 et 30 jours, selon la région, en raison des processus encore semi-digitalisés dans certaines administrations.
Défis transversaux
En 2023, seuls 65% des ménages marocains avaient un accès Internet haut débit, avec de grandes disparités entre les régions urbaines et rurales, ce qui limite l’accès à la digitalisation des services. Il y a aussi un autre grand défi et qui est lié, selon les experts, à la formation de ressources humaines qualifiées. En effet, actuellement ils sont unanimes à dire qu’il y a un manque de compétences en gestion de projets numériques, en cybersécurité et en administration de systèmes d’information.
À ces défis s’ajoute le travail à faire au niveau du cadre légal qui doit encore être renforcé pour répondre aux standards internationaux, notamment en matière de transparence et de cybersécurité.
Par ailleurs, le numérique permet le développement de l’économie collaborative donnant naissance à une nouvelle génération d’entrepreneurs et de marchés», précise l’étude. Et d’ajouter qu’une hausse de 10% de l’usage de l’internet dans un pays exportateur augmente de 0,4% le nombre de produits échangés entre deux pays. Une hausse analogue de l’usage de l’internet dans un couple de pays augmente de 0,6% la valeur moyenne du commerce bilatéral par produit. «Le numérique pourrait optimiser davantage l’action des pouvoirs publics en termes d’amélioration de la qualité et de la célérité des services publics dans plusieurs domaines (santé, éducation, sécurité...), tout en garantissant plus de transparence et d’équité en matière d’accessibilité aux différentes prestations sociales», note l’étude.
Conscient de ces enjeux, le Maroc s’est engagé depuis des années déjà dans des programmes visant en outre à digitaliser son administration et à créer des écosystèmes digitaux. Il s’agit, en outre, de «Maroc Numeric 2013» et du plan «Maroc Digital 2020» et tout récemment de la stratégie nationale Maroc numérique 2030. Ces programmes ont permis des avancées notables par rapport à ce qui existait avant leur avènement notamment en matière de digitalisation des services publics, mais certains secteurs restent en retard par rapport aux objectifs à atteindre.
Les grandes avancées de la digitalisation des services publics
Fiscalité : une meilleure collecte et traçabilité des recettesL’un des secteurs où la digitalisation a enregistré des avancées notables et certainement celui de la fiscalité. Sur ce point, il faut rappeler la mise en place de portails permettant aux contribuables d’effectuer des opérations en ligne (déclarations, paiement de taxes). En 2023, environ 98% des déclarations fiscales des entreprises se faisaient en ligne. La dématérialisation a permis une meilleure collecte et traçabilité des recettes. Le taux de recouvrement fiscal a augmenté de 5% depuis l’introduction de la digitalisation.
Ces portails permettent l’émission de certificats en ligne, réduisant les déplacements et simplifiant les démarches administratives.
Au niveau de la protection sociale, la gestion des dossiers de la couverture médicale de base a été digitalisée. En 2023, près de 80% des dossiers de demandes de remboursement étaient traités en ligne. Et avec la généralisation de la couverture sociale, il est également question d’inclure progressivement tous les travailleurs du secteur informel. Sur point, il faut noter que le système digital permet de centraliser les données d’adhérents et de bénéficier d’un suivi simplifié.
Justice : une transparence accrue
Depuis 2022, la plateforme «Mahakim.ma» permet aux citoyens et avocats de suivre les affaires judiciaires, de consulter des jugements, et de déposer des documents en ligne. En 2023, 65% des affaires civiles ont été suivies via cette plateforme, offrant une transparence accrue et une réduction des délais de traitement.
La plateforme propose également des services de convocation électronique et de notifications judiciaires numériques. Pour sa part, le projet de l’Identité numérique unique, lancée en 2022, permet aux citoyens d’utiliser une identité numérique pour accéder aux services publics et privés. Valeur aujourd’hui, environ 4,5 millions de personnes utilisent leur identifiant numérique unique, permettant des transactions en ligne sécurisées et une identification rapide.
Santé: beaucoup est à faire
Bien que la digitalisation du secteur de la santé soit un objectif clé, le Maroc reste en retard dans la mise en place d’un système national de dossiers médicaux électroniques. À cela s’ajoute le manque de coordination entre les hôpitaux. En effet, moins de 30% des établissements publics disposent de systèmes interconnectés, ce qui limite l’échange de données médicales et complique la continuité des soins. Ajouter à cela que peu d’hôpitaux ont des services de rendez-vous en ligne. Cela sans parler des régions rurales qui restent à l’écart.
Éducation: manque de fiabilité des solutions à distance
À ce niveau, il faut rappeler qu’il y a des initiatives, comme «TelmidTICE» pour l’enseignement primaire et secondaire, mais leur utilisation reste limitée. En 2023, seulement 25% des élèves ont eu accès à un apprentissage numérique régulier, en grande partie à cause des inégalités d’accès aux technologies. Ce n’est pas tout puisque la diversité des outils et l’absence d’une plateforme éducative nationale harmonisée freinent l’impact de la digitalisation sur la qualité de l’enseignement. Les griefs portent aussi sur le manque de fiabilité des solutions d’éducation à distance. Pour sa part, l’accessibilité est un problème pour les zones rurales où moins de 15% des écoles sont équipées de l’Internet haut débit.
Création d’entreprises: le processus reste complexe
Le lancement d’un portail pour simplifier la création d’entreprises était une bonne initiative. Toutefois, le processus reste complexe et parfois coûteux et les délais pour la finalisation de la création des entreprises en ligne restent élevés par rapport aux standards internationaux. Ils se situent entre 15 et 30 jours, selon la région, en raison des processus encore semi-digitalisés dans certaines administrations.
Défis transversaux
En 2023, seuls 65% des ménages marocains avaient un accès Internet haut débit, avec de grandes disparités entre les régions urbaines et rurales, ce qui limite l’accès à la digitalisation des services. Il y a aussi un autre grand défi et qui est lié, selon les experts, à la formation de ressources humaines qualifiées. En effet, actuellement ils sont unanimes à dire qu’il y a un manque de compétences en gestion de projets numériques, en cybersécurité et en administration de systèmes d’information.
À ces défis s’ajoute le travail à faire au niveau du cadre légal qui doit encore être renforcé pour répondre aux standards internationaux, notamment en matière de transparence et de cybersécurité.