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Diplomatie partisane : pourquoi il est temps de mettre la machine en branle

En dépit de la multiplicité et de la force de ses outils, la diplomatie officielle n’est guère suffisante pour faire face aux enjeux de la nouvelle géopolitique mondiale. Les rivalités entre États, exacerbées par la course aux ressources naturelles et par les guerres d’influence, les poussent à mettre tout en œuvre et à mobiliser tous les moyens pour défendre leurs intérêts. Dans ce contexte, la diplomatie partisane peut s’avérer parfois un «game changer».

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En s'appuyant sur des réseaux transnationaux et des alliances idéologiques, les partis politiques jouent un rôle majeur dans la formation des opinions publiques et dans l'orientation des décisions politiques à l'étranger. Leur action est d’autant plus importante qu’ils peuvent intervenir et agir dans des sphères et des espaces où la diplomatie classique n’est pas toujours la bienvenue. «La diplomatie partisane est cruciale, car elle permet de diversifier les canaux de communication à l'échelle internationale. Contrairement à la diplomatie étatique, plus formelle et institutionnelle, la diplomatie partisane peut être plus souple, directe et parfois plus influente dans certains contextes. Les partis politiques, en particulier ceux qui partagent des affinités idéologiques avec leurs homologues étrangers, peuvent défendre des positions marocaines avec plus de proximité et d’efficacité. Dans le dossier du Sahara marocain, par exemple, les partis peuvent sensibiliser leurs partenaires internationaux et créer un consensus favorable au Maroc» analyse Azeddine Hannoun, professeur de droit public à la Faculté des sciences juridiques et politiques.

Réseaux et expertise

Mais pour mener à bien cette mission, les formations politiques doivent être capables d'analyser les dynamiques globales et d'adopter des positions réfléchies sur les questions internationales. «Cela implique une formation continue et la capacité de développer des réseaux solides», souligne pour sa part le géopolitologue Cherkaoui Roudani. En effet, la diplomatie partisane s'appuie sur les interactions et les liens que les partis nouent avec des mouvements politiques, syndicats, mouvements sociaux et organisations similaires à l'étranger, leur participation à des forums internationaux, ainsi que leurs collaborations avec des organismes intergouvernementaux et des ONG, précise M. Roudani. «Cette démarche peut se manifester par des échanges politiques, des interactions au sein d'organisations multilatérales, ou encore par le soutien à des causes essentielles, telles que l'intégrité territoriale et d'autres enjeux vitaux et stratégiques pour le pays».

Outre le volet relatif au réseautage, les partis politiques doivent être en mesure d’expliquer et d’exposer de manière professionnelle, voire didactique, les causes de leurs pays. D’où l’impérieuse nécessité de miser sur la formation d’élites partisanes capables de défendre les thèses officielles auprès de leurs pairs des autres pays avec conviction et en s’appuyant sur des arguments recevables d’un point de vue politique, culturel et idéologique. «La maîtrise et l’expertise sont indispensables. Les acteurs de la diplomatie partisane doivent posséder une connaissance approfondie des enjeux internationaux, des lois et des accords internationaux. Il est donc crucial d’investir dans la formation. Les grands partis à travers le monde disposent généralement d’instituts parallèles pour la formation et le développement des capacités de leurs cadres !», insiste Dr Machij Elkarkri, membre du Bureau politique de l’Union socialiste des forces populaires et membre de Comité d'éthique de l'Internationale socialiste.

Enjeux majeurs pour le Maroc

Pour le Maroc, l’enjeu est de taille. L’importance de cet instrument dans la défense de la première cause nationale n’est pas à démontrer. Les ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume ont pendant longtemps profité des structures parallèles (jeunesse, syndicats, partis...) pour distiller leur discours sournoisement et faire avancer ainsi leurs pions. Il est donc temps pour le Maroc d’activer les leviers de la diplomatie partisane conformément aux Hautes Directives Royales.

Après le Discours Royal adressé le 11 octobre dernier aux députés des deux Chambres du Parlement, les acteurs de la diplomatie parallèle sont acculés à sortir de leur zone de confort pour s’engager davantage dans le combat que mène le Royaume pour son Sahara. Ce Discours, qui fera date, intervient au moment où les ennemis de l’Intégrité territoriale du Maroc remuent ciel et terre pour porter atteinte aux intérêts supérieurs du Maroc et pour freiner l’élan de soutien à la cause nationale. Face à cet acharnement, toutes les forces vives de la Nation doivent redoubler de vigilance et agir de manière proactive pour faire échec aux manœuvres ourdies contre les intérêts supérieurs de la Nation.

Sahara marocain : le Maroc doit jouer pleinement la carte de la diplomatie partisane

Après le Discours Royal adressé le 11 octobre dernier aux députés des deux Chambres du Parlement, les acteurs de la diplomatie parallèle sont acculés à sortir de leur zone de confort pour s’engager davantage dans le combat que mène le Royaume pour son Sahara. Ce discours qui fera date intervient au moment où les ennemis de l’Intégrité territoriale du Maroc remuent ciel et terre pour porter atteinte aux intérêts supérieurs du Maroc et pour freiner l’élan de soutien à la cause nationale. Les victoires diplomatiques remportées par le Royaume depuis la présentation du plan d’autonomie en 2007 et les derniers développements de ce dossier augurent d’un dénouement imminent de ce conflit artificiel au grand dam d’Alger. Désarmé face aux percées diplomatiques du Royaume, son régime est en train de jouer ses dernières cartes et est prêt à tout faire pour que ce problème s’enlise pour des années encore. Face à cet acharnement, toutes les forces vives de la nation doivent redoubler de vigilance et agir de manière proactive pour faire échec aux manœuvres ourdies. Et les partis politiques qui semblent avoir perdu beaucoup de leur dynamisme et en efficacité dans le cadre de leur rôle diplomatique sont appelés à se ressaisir. En d’autres termes, alors que la diplomatie officielle fait montre chaque jour de son efficacité, les formations politiques doivent suivre sa cadence et jouer le rôle qui est le leur dans la stratégie globale du Maroc sur cette question cruciale.

Dans ce contexte, le Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l'occasion de l'ouverture de la première session de la quatrième année législative de la onzième législature, sonne comme un rappel à l’ordre. Le Souverain a incité chaque acteur politique à être aux avant-postes de combat pour la défense des droits légitimes du Maroc sur son Sahara. Il a particulièrement souligné l'importance d'une mobilisation collective des parlementaires et des partis politiques pour défendre la Marocanité du Sahara auprès des pays qui continuent d’adopter des positions défavorables vis-à-vis du Royaume.

Entièrement consacré à la cause nationale, le Discours Royal a également permis à rappeler que la diplomatie ne se limite pas aux actions des seules autorités gouvernementales. L'implication des représentants élus est essentielle pour mobiliser des soutiens supplémentaires et renforcer la légitimité de la position du Maroc sur la scène internationale.

«Le Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en insistant sur le rôle de la diplomatie partisane et parlementaire, souligne l'importance d'une approche collective pour défendre la cause nationale. Cette perspective démontre que la diplomatie ne peut être l'apanage exclusif des représentants officiels. Elle doit aussi impliquer les partis politiques et les parlementaires qui, par leurs réseaux internationaux, leur liberté d'action et leur capacité à dialoguer avec leurs homologues étrangers, peuvent jouer un rôle complémentaire dans la défense des intérêts du Royaume», explique Azeddine Hannoun, professeur de droit public à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l'Université Ibn Tofaïl.

M. Hannoun souligne également que le Discours Royal révèle une volonté de répondre à un constat : malgré les avancées significatives de ces dernières années, certaines zones ou éléments de la politique étrangère marocaine peinent encore à être pleinement efficaces. «La diplomatie officielle, que Sa Majesté a d'ailleurs remerciée dans son discours pour ses efforts et ses réalisations, ne pourra pas atteindre tous ses objectifs sans une mobilisation coordonnée de divers acteurs institutionnels et autres», précise-t-il.

Dans cette optique, le Souverain a appelé à une meilleure coordination entre les deux chambres du Parlement, ainsi qu'à la création de structures adaptées et au choix de délégations compétentes pour les rencontres internationales. Cela témoigne d'une volonté d'améliorer l'efficacité de l'action de la diplomatie parallèle marocaine, en s'assurant que ceux qui représentent le Maroc à l'étranger possèdent les compétences et l'expertise nécessaires pour défendre ses intérêts.

Autant d’enjeu qui souligne l’importance d’une action diplomatique partisane cohérente et efficiente menée en harmonie avec les orientations et les objectifs de la politique étrangère du Royaume. Comment donc les partis politiques peuvent-ils être des acteurs agissants de la diplomatie parallèle ? Quels sont les prérequis indispensables pour que leurs actions portent leurs fruits ? Et comment la diplomatie partisane doit-elle s’articuler avec la diplomatie officielle ? Voici les éclairages de trois spécialistes.

Azeddine Hannoun : La diplomatie partisane est plus souple, plus directe et parfois plus influente que la diplomatie étatique dans certains contextes

Diplomatie partisane : pourquoi il est temps de mettre la machine en branle



Quels sont les mécanismes de la diplomatie partisane ? Comment opère-t-elle ?

Azeddine Hannoun :
La diplomatie partisane repose sur les interactions et les relations établies entre les partis politiques marocains et leurs homologues étrangers. Elle s'opère à travers divers mécanismes :

• Les réseaux internationaux des partis politiques, comme l'Internationale Socialiste ou les regroupements régionaux des partis politiques, qui offrent des plateformes pour discuter des enjeux mondiaux, y compris les questions nationales importantes.

• Les rencontres bilatérales ou multilatérales entre les partis lors de conférences internationales, renforçant les échanges sur des sujets d’intérêt commun.

• La participation active des parlementaires, membres de partis politiques, dans les instances parlementaires internationales comme les Parlements européens, celui de l’Union africaine ou les Parlements régionaux comme celui du Mercosur. La dimension parlementaire dans les relations avec l’Europe est d’ailleurs très importante. En effet, il existe au niveau du Parlement européen ou le Conseil de l’Europe des mécanismes multiples de rencontres et de coordination avec les États du Maghreb.

• Les visites diplomatiques, au cours desquelles les dirigeants de partis rencontrent des responsables étrangers pour exposer la position du Maroc sur des questions comme le Sahara.

Pourquoi la diplomatie partisane est-elle si importante ?

La diplomatie partisane est cruciale, car elle permet de diversifier les canaux de communication à l'échelle internationale. Contrairement à la diplomatie étatique, plus formelle et institutionnelle, la diplomatie partisane peut être plus souple, directe et parfois plus influente dans certains contextes. Les partis politiques, en particulier ceux qui partagent des affinités idéologiques avec leurs homologues étrangers, peuvent défendre des positions marocaines avec plus de proximité et d’efficacité. Dans le dossier du Sahara marocain, par exemple, les partis peuvent sensibiliser leurs partenaires internationaux et créer un consensus favorable au Maroc.

Les relations internationales sont le domaine du réseautage et des interconnexions. Les représentants étatiques subissent des contraintes liées aux obligations de réserve et aux règles du droit international, notamment la convention de Vienne. Les membres des partis politiques présentent l’avantage d’être à la fois des canaux parallèles de l’État capables d’exprimer des positionnements tout en n’étant pas liés par cette rigueur. Les dimensions des relations internationales se complexifient d’autant que se complexifient les institutions publiques et les rapports de force. La diplomatie partisane a une meilleure force d’adaptation avec certaines situations compliquées.

Quels sont les prérequis pour une diplomatie partisane efficace ?

Une diplomatie partisane efficace nécessite plusieurs conditions. La première de toutes est l’existence d’un mécanisme pérenne de coordination. En effet, Sa Majesté a évoqué le mot «coordination» à plusieurs reprises lors de son Discours. Ainsi, si on prend l’exemple de modèles réussis dans ce domaine, on relève ainsi qu’il existe une connexion institutionnelle entre les instances parlementaires (Commissions des Affaires étrangères ou délégations...) et les différentes institutions étatiques disposant de moyens intellectuels et opérationnels pour une bonne orientation de l’action diplomatique. Ces parlementaires sont formés aux us et coutumes diplomatiques, aux règles du droit international, ils sont briefés à travers des informations pertinentes leur permettant d’avoir une bonne connaissance des enjeux.

Le deuxième élément principal évoqué par le Souverain est celui des compétences. En effet, les partis politiques devraient s’ouvrir sur les compétences académiques et autres afin de les porter comme des candidats aux élections. Ils devraient créer des espaces de dialogue et concertations avec les centres de recherches et les universités. De plus, la question du choix des meilleurs profils pour les missions à l’étranger devrait être prise en compte.

En plus, on pourrait citer des conditions supplémentaires :

• Formation et préparation des acteurs politiques : Les partis doivent avoir des cadres bien formés en relations internationales pour comprendre les enjeux et les stratégies diplomatiques.

• Cohérence et unité des partis politiques : Une vision commune entre les différents partis sur les questions nationales est essentielle pour éviter les divergences internes qui affaibliraient la position du Maroc à l'étranger.

• Capacité à établir des réseaux : La diplomatie partisane nécessite des connexions solides avec les partis politiques étrangers et une implication active dans les forums internationaux.

• Soutien de la diplomatie officielle : Un dialogue permanent avec le ministère des Affaires étrangères est nécessaire pour s'assurer que la diplomatie partisane est en phase avec les priorités nationales.

Comment doit-elle s’articuler avec les autres formes de diplomatie, notamment la diplomatie officielle ?

La diplomatie partisane doit agir en complémentarité avec la diplomatie officielle. Il s'agit d'un partenariat dans lequel les partis politiques s’appuient sur les orientations stratégiques du gouvernement, tout en apportant une plus-value par leur proximité avec les réseaux politiques étrangers. Ce modèle repose sur la coordination pour éviter des messages contradictoires. Les parlementaires peuvent ainsi servir de relais pour les décisions officielles et renforcer la position marocaine au sein des instances parlementaires et partisanes internationales.

Comme je l’ai dit plus haut, il est nécessaire d’avoir un mécanisme de coordination pérenne notamment au niveau du parlement afin d’assurer une complémentarité. À ce niveau, les commissions des affaires étrangères ainsi que les comités d’amitié... devraient œuvrer de concert dans ce sens.

Concernant le dossier du Sahara, nos partis politiques font-ils ce qu’ils ont à faire ? Comment renforcer leur action dans ce domaine ?

Les partis politiques marocains ont, jusqu'à présent, joué un rôle apprécié en sensibilisant leurs partenaires internationaux et en défendant la position du Maroc sur le Sahara. Néanmoins, on sent ces dernières années un certain ralentissement dans ce cadre, ce qui nous a donné un véritable décalage entre le rythme de la diplomatie officielle et la diplomatie partisane et parlementaire.

Dans ce cadre, et de manière plus générale, il est important de renforcer l’action des partis en :

• Améliorant la coordination entre les partis pour adopter des stratégies communes et éviter toute cacophonie.

• Renforçant leur présence sur la scène internationale, notamment en multipliant les rencontres bilatérales et en participant activement aux forums internationaux.

• Développant des réseaux de lobbying auprès des partis influents dans des pays stratégiques, surtout en Europe et en Afrique.

• Investissant davantage dans la formation des acteurs politiques pour qu’ils soient mieux armés dans la gestion des relations diplomatiques complexes.

En conclusion, le discours royal appelle à une mobilisation collective où la diplomatie partisane et parlementaire devient un outil essentiel pour défendre les intérêts du Maroc, en complément à la diplomatie traditionnelle.

Machij Elkarkri : Pour une diplomatie partisane efficace, le réseau, la maîtrise des dossiers et les capacités communicationnelles sont indispensables

Diplomatie partisane : pourquoi il est temps de mettre la machine en branle



Comment fonctionne la diplomatie partisane et quels sont ses mécanismes ?

Dr Machij Elkarkri :
La diplomatie partisane est une forme de diplomatie exercée par les partis politiques en dehors du cadre institutionnel de l’État. Elle se distingue de la diplomatie officielle par ses interlocuteurs et ses méthodes, mais converge avec celle-ci dans la poursuite des mêmes objectifs, qu’ils soient explicites ou implicites. Elle se déploie en dehors des sphères de compétence des gouvernements et des législatures.

Cette diplomatie repose sur l’interaction avec d’autres partis politiques à travers le monde, avec des organisations internationales non gouvernementales, ainsi qu’avec des personnalités politiques influentes.

Elle exige la création de réseaux parallèles et l’établissement de relations basées sur des valeurs partagées telles que la démocratie, les droits de l’Homme, les libertés fondamentales et la protection de l’environnement. De plus, elle favorise l’échange d’expériences et le développement d’alliances politiques en dehors du cadre officiel de l’État.

Pour une diplomatie partisane efficace, les formations politiques doivent structurer leurs discours de manière professionnelle, en prenant en compte à la fois leurs intérêts spécifiques et leurs orientations idéologiques. Il est impératif de créer des départements spécialisés en relations internationales au sein des structures partisanes, et de passer à un mode de fonctionnement basé sur une approche plus professionnelle et systématique.

Cela passe par le renforcement des compétences, à la fois scientifiques et pratiques, et la mise en place d’académies de formation continue pour les cadres politiques. L’ouverture des partis sur le monde académique et l’implication des jeunes constituent des leviers importants pour préparer l’avenir.

Il importe, par ailleurs, de souligner que la diplomatie partisane est aussi une question de moyens.

Alors que plusieurs grands partis politiques à travers le monde fonctionnent avec des ressources quasi étatiques et des moyens considérables, les partis marocains souffrent d’un manque flagrant de moyens. Les financements alloués restent insuffisants pour couvrir les besoins et faire face aux enjeux inhérents à la diplomatie parallèle.

Quelle est l'importance de la diplomatie partisane ? Peut-elle avoir un impact sur les relations entre États ?

La diplomatie partisane revêt une grande importance, car elle conforte et accrédite en quelque sorte la diplomatie officielle. Elle permet de promouvoir les valeurs politiques et idéologiques du parti tout en contribuant à obtenir un soutien international pour les causes nationales.

En outre, elle offre aux partis la possibilité de proposer des perspectives alternatives face aux défis politiques mondiaux, et de participer à la résolution des conflits de manière non conventionnelle.

La diplomatie partisane agit par ailleurs pour le renforcement des intérêts communs. Les partis politiques peuvent consolider des objectifs et intérêts partagés, facilitant ainsi la coopération dans des domaines tels que le commerce, la sécurité et le développement économique.

La diplomatie partisane pourrait aussi faciliter la négociation et la médiation pour résoudre les conflits sans recours à la violence, un aspect essentiel pour maintenir la paix et la stabilité internationale.

Les partis politiques peuvent en outre recourir à cette diplomatie pour promouvoir les valeurs et la culture de leur pays, encourageant ainsi le respect et la tolérance entre différentes cultures et religions.

Quels sont, selon vous, les pré-requis pour une diplomatie partisane efficace ?

Pour une diplomatie partisane efficace, il faut que les formations politiques aient des objectifs clairs à atteindre. La cohésion interne est primordiale, car c’est un facteur de force. Il doit exister un consensus au sein de la direction du parti, ses membres et ses responsables sur les questions prioritaires à aborder.

Il est crucial de définir clairement les enjeux à privilégier dans l’action diplomatique extérieure du parti, en tenant compte de son idéologie, de son histoire et de sa position sur l’échiquier politique national (qu’il soit un parti au pouvoir ou dans l’opposition). Par exemple, un parti progressiste ne peut pas ne pas s’engager dans de la défense des droits humains universels. Il est également impératif de produire des prises de position continues sur les questions internationales, telles que la démocratie ou la paix. De plus, pour être un acteur agissant de la diplomatie parallèle, le parti doit disposer d’un large réseau de relations avec d’autres partis politiques dans le monde et avec des organisations internationales qui partagent ses orientations idéologiques. Par exemple, au Maroc, l’Union socialiste des forces populaires (USFP) est profondément engagée au sein de l’Internationale socialiste. Grâce à son réseau, elle a contribué à des percées s’agissant des causes nationales. De même, les autres partis, notamment ceux à tendance libérale, doivent s’engager davantage dans des organisations similaires à l’échelle mondiale. La connaissance et l’expertise sont, par ailleurs, indispensables. Les acteurs de la diplomatie partisane doivent posséder une connaissance approfondie des enjeux internationaux, des lois et des accords internationaux. Il est donc crucial d’investir dans la formation. Les grands partis à travers le monde disposent généralement d’instituts parallèles pour la formation et le développement des capacités de leurs cadres. Cela dit, la compétence n'est pas toujours le point fort des partis marocains. C’est la raison pour laquelle Sa Majesté le Roi Mohammed VI a insisté dans Son Discours du 13 octobre sur le choix des meilleurs profils.

Comment la diplomatie partisane doit-elle s’articuler avec la diplomatie officielle ?

La diplomatie partisane doit compléter et être en harmonie avec la diplomatie officielle de l’État. Il est essentiel qu'il y ait une coordination continue entre les deux pour éviter toute incohérence dans les messages ou les positions.

La diplomatie officielle dispose généralement de plus de moyens financiers, logistiques... Il serait donc utile qu’une partie de ces ressources soient partagées, avec la diplomatie partisane. L’appui de l’État est crucial. Je rappelle que des délégations partisanes marocaines ont déjà fait face à des difficultés au Venezuela et en Afrique du Sud où l’intervention de l’État marocain s’est avérée cruciale pour protéger ses citoyens, notamment en Afrique du Sud.

Concernant le dossier du Sahara, nos partis politiques font-ils ce qu’on attend d’eux ? Comment renforcer leur action dans ce domaine ?

En ce qui concerne la question du Sahara, il est clair que nos partis politiques peuvent faire bien plus. Actuellement, la majorité des partis sont absents de la scène internationale et n’ont pas l’impact escompté, malgré les ressources dont certains d’entre eux disposent. Les partis actifs demeurent une exception. Il est donc nécessaire d’établir une feuille de route nationale dans ce sens. Cela pourrait se traduire par la création d’un mécanisme de coopération entre les partis politiques et la diplomatie officielle.

Les partis politiques ont, certes, la volonté de défendre les causes nationales, à leur tête la question du Sahara marocain, mais ils doivent se montrer plus entreprenants. Ils doivent passer de la gestion du dossier à l’action proactive comme l'a indiqué Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans Son Discours devant le Parlement. Cela implique de pénétrer dans les fiefs de nos adversaires notamment ceux de l'Amérique latine : (Bolivie, Équateur, Mexique, Cuba, Colombie...) ou d’Afrique (Afrique du Sud, Angola, Zimbabwe, Nigeria, Éthiopie...)

Mais pour ce faire, les cadres politiques doivent être bien formés, maîtriser les langues et avoir de solides compétences en communication. Il faut disposer de ressources financières pérennes. Le financement ne doit pas être limité à des événements ponctuels comme des conférences ou des rencontres, mais doit permettre un engagement sur le long terme. Il faut, en outre, miser sur la formation au sein des partis politiques, en collaboration avec les universités pour tirer parti des connaissances académiques et avoir des connaissances actualisées des différents dossiers.

Cherkaoui Roudani : La diplomatie partisane doit exceller dans l’art de la communication stratégique

Diplomatie partisane : pourquoi il est temps de mettre la machine en branle



Quels sont les mécanismes de la diplomatie partisane ? Comment opère-t-elle ?

Dr Cherkaoui Roudani :
Nul doute, les défis contemporains auxquels la diplomatie officielle et le droit international sont confrontés, dans un monde de plus en plus mondialisé, ont nécessité une transformation profonde des pratiques et des approches traditionnelles. Ces disciplines, autrefois centrées sur les relations interétatiques formelles, sont désormais appelées à s’adapter à un contexte où les frontières entre les affaires intérieures et internationales s’estompent, et où de nouveaux acteurs émergent avec une influence croissante sur les scènes nationales et internationales. De fait, l’un des principaux défis de la diplomatie moderne est l’apparition d’acteurs non étatiques influents, tels que les entreprises multinationales, les organisations non gouvernementales (ONG), et même des mouvements citoyens qui, grâce aux technologies de l’information, peuvent peser sur les décisions politiques internationales. Par ailleurs, des entités sous-nationales, comme les régions ou les villes, prennent part à des échanges internationaux, une action connue sous le nom de paradiplomatie. Ces acteurs participent activement aux processus de négociation sur des enjeux variés allant de la crise climatique à la régulation numérique ou aux droits de l’Homme. La diplomatie traditionnelle doit donc s’adapter à cette réalité en intégrant ces nouveaux participants dans ses mécanismes de négociation et de représentation et notamment les partis politiques.

De ce fait, dans un monde en constante évolution, où les tensions s’intensifient et où l’opinion publique occupe une place prépondérante dans la prise de décision, la diplomatie moderne connaît des métamorphoses et de ce fait place les partis politiques dans le cœur de ses actions.

Chaque parti politique a donc la responsabilité de contribuer à l’élaboration d’une politique étrangère solide et durable. En effet, la diplomatie partisane repose sur l’engagement des partis dans les relations internationales, souvent en complément des initiatives de la diplomatie officielle. Pour cela, elle s’appuie sur les interactions que les partis nouent avec des mouvements politiques, syndicats, mouvements sociaux et organisations similaires à l’étranger, leur participation à des forums internationaux, ainsi que leurs collaborations avec des organismes intergouvernementaux et des ONG. Cette démarche peut se manifester par des échanges politiques, des interactions au sein d’organisations multilatérales, ou encore par le soutien à des causes essentielles, telles que l’intégrité territoriale et d’autres enjeux vitaux et stratégiques pour le pays. In fine, la diplomatie devient ainsi plus pluraliste et multiforme, avec des interactions complexes entre les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux.

Pourquoi la diplomatie partisane est-elle si importante ?

La diplomatie partisane, le contexte actuel des relations internationales, contribue à élargir les canaux de communication diplomatique tout en diversifiant les leviers d’influence sur la scène internationale. En s’appuyant sur des réseaux transnationaux et des alliances idéologiques et politiques, les partis politiques jouent un rôle déterminant dans la formation des opinions publiques et dans l’orientation des décisions politiques à l’étranger. Cette forme de diplomatie s’avère cruciale pour sensibiliser les partenaires internationaux à des enjeux nationaux, tels que la question du Sahara marocain, en facilitant une mobilisation internationale plus large et une défense plus dynamique des intérêts stratégiques du pays.

De plus, en intégrant les partis politiques dans le processus diplomatique, on assure non seulement une représentation plus diversifiée des opinions, mais aussi une légitimité accrue des décisions de politique étrangère. Cette inclusion favorise une plus grande transparence et permet un contrôle démocratique renforcé, contribuant ainsi à bâtir un consensus national autour des orientations majeures du pays. Par ce biais, la diplomatie partisane renforce non seulement la cohésion politique interne face aux défis internationaux, mais garantit également que les décisions prises reflètent les intérêts collectifs des citoyens et de suite renforce la légitimité démocratique de la décision étatique. Ce processus contribue à structurer une réponse diplomatique plus robuste et flexible, tout en restant ancrée dans les principes démocratiques et les valeurs partagées de la société.

Quels sont les prérequis pour une diplomatie partisane efficace ?

Pour que la diplomatie partisane soit véritablement efficace dans un contexte mondialisé, elle doit s’appuyer sur plusieurs conditions fondamentales. Ces prérequis permettent de s’assurer que les partis politiques, tout en participant aux processus diplomatiques, jouent un rôle complémentaire et constructif dans la défense des intérêts nationaux. Il faut dire que la diplomatie moderne, qu’elle soit partisane ou officielle, repose de plus en plus sur une compréhension approfondie des enjeux géopolitiques et diplomatiques. Les partis politiques doivent être capables d’analyser les dynamiques globales et d’adopter des positions réfléchies sur les questions internationales. Cela implique une formation continue, l’intégration de chercheurs et d’experts, et une capacité à s’appuyer sur des données et des analyses multidisciplinaires. La diplomatie d’aujourd’hui est un domaine de plus en plus complexe, nécessitant une approche interdisciplinaire qui combine les sciences sociales, le droit international, l’économie et la gestion des crises. Néanmoins, un des fondements de la diplomatie partisane efficace réside dans l’établissement de réseaux internationaux solides. De la même manière, les partis politiques doivent entretenir des liens étroits avec des partis étrangers, des organisations internationales et des think tanks. Ces relations permettent aux partis d’exercer une influence indirecte, mais significative dans les négociations internationales, en facilitant la diffusion d’idées et de positions cohérentes à travers les réseaux diplomatiques non étatiques. De plus, la cohésion interne est indispensable pour que la diplomatie partisane ne provoque pas de fractures dans les positions nationales, notamment sur des questions sensibles. Ainsi, la coordination interne est cruciale pour éviter des contradictions entre les multiples acteurs de la diplomatie moderne, qu’ils soient gouvernementaux ou non. Les partis doivent donc s’assurer que leurs initiatives diplomatiques sont en ligne avec une vision nationale partagée. Cela permet non seulement de préserver l’unité autour des grandes questions stratégiques, mais également de renforcer la crédibilité des positions nationales sur la scène internationale. D’où l’impérieuse nécessité de la mise en place du Haut-Conseil de la diplomatie, qui pourrait être chapeauté par le ministère des Affaires étrangères. Il est, en effet, de la plus haute importance de coordonner, d’orienter et de maximiser les efforts pour la défense des intérêts suprêmes du pays. Par ailleurs, la diplomatie partisane doit exceller dans l’art de la communication stratégique afin de mobiliser l’opinion publique internationale et convaincre les décideurs étrangers, pour faire valoir les intérêts du pays et susciter des soutiens auprès des acteurs influents les partis doivent mener des compagnes de lobbying bien orchestrées.

Comment doit-elle s’articuler avec les autres formes de diplomatie, notamment la diplomatie officielle ?

Pour assurer une articulation harmonieuse entre la diplomatie partisane et la diplomatie officielle, il est impératif que ces deux formes de diplomatie coordonnent leurs actions et initiatives. Ce faisant, elles pourront maximiser leur impact sur la scène internationale. Sa Majesté le Roi

Mohammed VI a souligné dans plusieurs discours l’importance de la cohérence dans les actions extérieures du Maroc, en insistant sur le fait que «la diplomatie est un levier stratégique dans la défense de nos intérêts nationaux et la préservation de notre souveraineté». Ainsi, les partis politiques peuvent créer des opportunités de dialogue informel, faciliter les échanges politiques et économiques, et mobiliser des groupes d’intérêts ou des acteurs clés dans des contextes où les diplomates traditionnels ont moins d’accès. À cet égard, l’unité nationale est cruciale dans la défense des intérêts du Maroc puisque le succès de notre diplomatie repose sur l’engagement de tous les acteurs à défendre avec ferveur les causes sacrées de la Nation. De surcroît, une articulation réussie entre diplomatie partisane et diplomatie officielle nécessite de créer une synergie entre les différentes actions diplomatiques. Cela signifie que les initiatives des partis doivent être alignées sur les priorités gouvernementales et que, réciproquement, le gouvernement doit impliquer les partis dans les consultations sur les grandes orientations de politique étrangère. Pour rappel, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans Sa Vision d’une diplomatie forte et inclusive, a souligné la nécessité de «conjuguer les efforts de tous les acteurs politiques pour renforcer notre position sur la scène internationale». C’est pourquoi, à la lumière du contexte géopolitique international, la mise en place d’une entité comme le Haut-Conseil de la diplomatie pourrait jouer un rôle dans la planification, l’orientation et la maximisation des efforts et des synergies. Ce Haut-Conseil pourrait être une entité étatique indépendante chargée de coordonner les actions diplomatiques du pays, de formuler des stratégies à long terme et de conseiller le gouvernement sur les grandes orientations à adopter en matière de politique étrangère. Il servirait également de plateforme d’échange entre les différents acteurs de la diplomatie, incluant les ministères, les experts académiques et les représentants du secteur privé, pour garantir une cohérence dans les positions internationales et une défense efficace des intérêts nationaux. En outre, ce Conseil pourrait se concentrer sur l’innovation diplomatique, en mettant en avant l’utilisation des nouvelles technologies, la diplomatie économique et culturelle, ainsi que le renforcement des alliances stratégiques dans les forums multilatéraux. L’établissement de ce Conseil permettrait aussi d’assurer une formation continue des diplomates et de développer une diplomatie proactive, capable de répondre aux défis globaux tels que les changements climatiques, les crises sécuritaires, et les transformations économiques mondiales.

Concernant le dossier du Sahara marocain, nos partis politiques font-ils ce qu’ils ont à faire ? Comment renforcer leur action dans ce domaine ?

Globalement, les partis politiques marocains pourraient jouer un rôle plus important dans la défense de la cause nationale du Sahara marocain ainsi que dans la défense des intérêts suprêmes du pays. Pour ce faire, il est important, comme il a été souligné par Sa Majesté le Roi, de miser sur la compétence et les profils adéquats capables de défendre solidement les intérêts du Maroc.

En renforçant leur expertise, en mobilisant leurs réseaux, en innovant dans leurs stratégies de communication et en impliquant davantage la diaspora marocaine à l’étranger, les partis politiques peuvent considérablement accroître l’impact de la diplomatie marocaine sur la scène internationale. Cette approche ne permet pas seulement de répondre aux défis géopolitiques contemporains, mais également de promouvoir une image forte, cohérente et unifiée du Maroc dans ses relations internationales.

Il est important de souligner que le levier que représente la diaspora marocaine à l’étranger reste encore sous-exploité. Cette communauté, souvent bien intégrée et politiquement active dans les pays d’accueil, peut jouer un rôle clé dans la défense des intérêts nationaux. En sensibilisant cette diaspora aux enjeux vitaux et stratégiques du Maroc, les partis politiques marocains pourraient mobiliser ces citoyens dans des campagnes de lobbying local, que ce soit en Europe, en Amérique du Nord ou ailleurs. En collaboration avec les missions diplomatiques, la diaspora peut organiser des événements, participer à des conférences internationales et interpeller les décideurs politiques locaux sur la question du Sahara marocain.

Dans ce cadre, l’influence des acteurs non étatiques, dont la diaspora fait partie, est devenue essentielle dans la diplomatie moderne. Il est donc crucial de reconnaître ce potentiel et de le valoriser pleinement. De plus, le renforcement de la formation des cadres des partis politiques sur les enjeux géopolitiques est une priorité. Former ces cadres aux questions stratégiques et aux subtilités des débats internationaux devient indispensable pour leur permettre de défendre efficacement les intérêts du Maroc sur la scène mondiale.

Ainsi, les partis politiques peuvent jouer un rôle essentiel dans la diplomatie marocaine, en étant les relais actifs des aspirations nationales sur la scène internationale. Leur action concertée permet d’assurer une cohérence et une synergie nationale dans la protection de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Royaume. À cet égard, la force des partis politiques réside dans leur capacité à saisir et à traduire en actions concrètes les Orientations stratégiques définies par les Discours Royaux. En alignant leurs efforts sur cette Vision éclairée, ils deviendront des acteurs clés dans la défense des intérêts suprêmes du Maroc, notamment en matière de diplomatie et de souveraineté nationale. Leur efficacité reposera sur leur aptitude à intégrer ces Directives Royales tout en mobilisant leurs réseaux et en plaidant activement pour les causes nationales sur la scène internationale.

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