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Draâ-Tafilalet : pourquoi la SDR de tourisme est toujours au stade de promesse

Dans la région de Draâ-Tafilalet, des interrogations fusent récemment concernant les raisons qui entravent l’opérationnalisation de la Société de développement régional de tourisme (SDRT). Plus de trois ans pour mettre en place une telle structure paraît en effet excessif et laisse planer le doute concernant un blocage. Le Conseil régional tout comme le ministère du Tourisme évitent de parler d’obstacles, évoquant plutôt une «procédure qui nécessite du temps». Ne s’agit-il pas en fin de compte de deux manières d’exprimer la même idée ?

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Réputée pour ses paysages époustouflants et son patrimoine culturel riche, la région de Draâ-Tafilalet se trouve à un tournant décisif de son développement touristique. Trois ans après la création de la Société de développement régional de tourisme (SDRT), cette initiative prometteuse est toujours en attente d’activation, avec toutes les retombées que cela implique pour les projets programmés. Pourquoi une entité censée impulser le secteur touristique peine-t-elle à prendre forme ?

Le 28 décembre 2021, lors d’une session extraordinaire du Conseil régional, la création de la SDRT avait été accueillie avec enthousiasme. Validée par la wilaya de Draâ-Tafilalet, le ministère du Tourisme et la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT), cette initiative visait à dynamiser le secteur, à engager des projets d’envergure et à renforcer la visibilité de la région sur la scène touristique nationale et internationale.

Un immobilisme préoccupant

Cependant, trois ans plus tard, la SDRT demeure inactive. Selon des sources qui ont requis l’anonymat, la situation actuelle serait le résultat d’un imbroglio administratif. En effet, des responsables régionaux privilégieraient la gestion des projets touristiques par l’Agence régionale d’exécution des projets (AREP). Après la signature de la convention, expliquent nos sources, le président de la région aurait adressé une demande au ministère du Tourisme sollicitant le retrait de la SDRT du processus d’exécution au profit de l’AREP, une demande qui a été catégoriquement rejetée par ce dernier. Ce désaccord aurait plongé la SDRT dans un immobilisme fort nuisible au développement de projets pourtant essentiels.

Réactions du Conseil régional et du ministère du Tourisme

Le Conseil de la région, que nous avons interrogé à ce propos, a rapidement réagi, qualifiant ces allégations de «fausses». «Le statut de la SDRT est actuellement en phase de visa», a-t-il déclaré, mais sans fournir plus de précisions. Interpellée sur ce statu quo, la ministre du Tourisme, Fatim-Zahara Ammor, a assuré qu’il n’y avait pas de stagnation, mais plutôt une avancée méthodique nécessitant la collaboration de plusieurs parties prenantes. «Il n’y a pas de blocage. Nous respectons une procédure de création impliquant de nombreux acteurs», a-t-elle souligné.

Cependant, la ministre n’a ni confirmé ni démenti avoir reçu le courrier du Conseil régional. En revanche, elle a souligné l’importance capitale de la région Draâ-Tafilalet dans la stratégie du ministère, tant pour ses ressources naturelles que sa richesse culturelle. Elle a également rappelé que cette région avait été parmi les premières à signer un contrat d’application régional pour la feuille de route 2023-2026, établissant un cadre solide pour son développement touristique.

Projets en attente et inquiétudes locales

Quoi qu’il en soit, les acteurs locaux continuent à exprimer des inquiétudes quant à la lenteur de mise en œuvre des projets de cette feuille de route, ainsi que du programme régional de développement touristique d’un montant de 1,4 milliard de dirhams. Ce dernier, élaboré e n collaboration avec la SMIT et le Conseil régional, vise à valoriser les montagnes et les oasis de Draâ-Tafilalet par le biais de la création d’infrastructures et d’activités touristiques durables.

Malgré ces préoccupations, la ministre du Tourisme a affirmé que plusieurs projets étaient en cours, avec des conventions déjà signées entre les parties prenantes locales. Parmi les initiatives notables, on trouve la valorisation des Gorges de Toudgha, la création de l’espace d’animation touristique «Jamaa Al Fan» dédié aux spectacles cinématographiques, ainsi qu’un espace central d’animation autour de la renommée Casbah de Taourirt. «La plupart de ces projets sont en phase d’étude», a-t-elle indiqué, ajoutant que la SMIT avait lancé plusieurs appels d’offres en 2024 pour opérationnaliser ces initiatives.

Sauf que le délai de trois ans pour obtenir un visa et établir une structure régionale soulève des interrogations sur la capacité de la région à gérer son potentiel touristique. Dans un contexte où d’autres destinations émergent, Draâ-Tafilalet risque de perdre de son attrait si des mesures concrètes ne sont pas mises en place rapidement.

Un constat partagé à l’échelle nationale

Il convient de noter que Draâ-Tafilalet n’est pas la seule région à peiner à concrétiser sa SDR touristique. Parmi les douze régions du Royaume, seules quatre sont pleinement opérationnelles, à savoir Rabat-Salé-Kénitra, Souss-Massa, Béni Mellal-Khénifra et Tanger-Tétouan-El Hoceïma. La région de Guelmim-Oued Noun, bien que créée, est encore en phase d’opérationnalisation. Les sept autres régions, dont Draâ-Tafilalet, sont toujours dans le processus de création de leur SDR.

Ces régions méritent mieux que ce statut quo préjudiciable à la dynamique de développement régional. Elles ont besoin d’une vision claire, d’un engagement sincère et d’une collaboration efficace entre tous les acteurs concernés pour réaliser leur potentiel touristique, surtout à l’approche de prochains événements sportifs majeurs. Le temps est venu de transformer les promesses en actions concrètes pour les faire briller sur la scène touristique.
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