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ANME : Driss Chahtane, de nouveau président, propose un plan d’action ambitieux

Lors d’une Assemblée générale ordinaire tenue à Casablanca, l'Association nationale des médias et des éditeurs (ANME) a confirmé jeudi sa confiance en Driss Chahtane en le reconduisant à l'unanimité en tant que président pour un second mandat. Fort de cette légitimité renouvelée, le président réélu a dévoilé un plan d'action volontariste centré sur l'augmentation substantielle des subventions publiques, la démocratisation des avantages sociaux des journalistes et le renforcement du soutien à la presse sportive en perspective des grands événements sportifs internationaux que s'apprête à accueillir le Royaume.

Dans la capitale économique, l'Association nationale des médias et des éditeurs a tenu jeudi 18 septembre son Assemblée générale ordinaire, une rencontre cruciale pour l'avenir de la presse marocaine. Lors de ce conclave, il a été question de dresser le bilan d'une année d’activités de l’Association et de définir les contours stratégiques d'un secteur en pleine mutation. Au cœur de cette assemblée, un enjeu de taille : maintenir la dynamique enclenchée ces dernières années tout en évitant toute rupture susceptible de freiner les chantiers en cours.

Une reconduction plébiscitée à l'unanimité

La réélection de Driss Chahtane à la présidence de l'ANME constitue le point d'orgue de cette journée. Cette reconduction à l'unanimité témoigne de la volonté collective des éditeurs de presse et des acteurs du secteur de privilégier la continuité dans un environnement médiatique en perpétuelle évolution. «Je suis à la fois honoré et profondément ému de la confiance renouvelée de mes pairs», a déclaré le président réélu, affirmant être «pleinement conscient des responsabilités qui lui incombent et des défis qui attendent l'ANME».

Cette reconduction sans anicroche révèle la reconnaissance du travail accompli par Driss Chahtane durant son précédent mandat et l'adhésion des professionnels à sa vision. L'Association, qui rassemble aujourd'hui quelque 130 entreprises de presse de toutes tailles réparties à travers le Royaume, confirme ainsi sa cohésion autour du président sortant réélu. Dans son intervention à cette occasion, le président réélu a réitéré son engagement à défendre les intérêts de l'ensemble des entreprises de presse, insistant sur la nécessité de «consolider les acquis et de fructifier les efforts collectifs dans un esprit de solidarité et de collaboration».

Un mémorandum pour porter les subventions à 300 millions de dirhams

Le plan d'action dévoilé par Driss Chahtane s'articule autour de plusieurs objectifs prioritaires au premier rang desquels figure l'augmentation substantielle du soutien étatique accordé à la presse écrite et électronique. «Je vais adresser un mémorandum au Chef du gouvernement pour demander l'augmentation des subventions pour passer de 240 à 300 millions de dirhams», a-t-il promis, soulignant que cette enveloppe budgétaire bénéficierait à l'ensemble des entreprises structurées, qu'elles soient petites, moyennes ou grandes.

Cette revendication s'inscrit dans une logique de consolidation de la viabilité économique et financière d'un secteur confronté à des défis structurels majeurs. Le président de l'ANME a d'ailleurs tenu à dissiper les rumeurs concernant une éventuelle discrimination à l’égard des petites entreprises dans la répartition de ces aides, qualifiant ces allégations de «rumeurs» propagées par des acteurs «malveillants». Parallèlement à cette démarche auprès du gouvernement, M. Chahtane annonce une approche similaire en direction de la Fédération Royale marocaine de football pour «relever le soutien accordé à la presse sportive». Cette initiative s'inscrit dans une perspective stratégique majeure, celle de la préparation des grands événements sportifs internationaux que le Maroc s'apprête à accueillir.

Démocratisation des avantages et partenariats stratégiques

L'un des volets les plus innovants du programme présenté concerne la démocratisation de certains avantages jusqu'alors réservés à une minorité de journalistes. Il en est ainsi de la gratuité des cartes de train. «La répartition des cartes des trains accordées selon des quotas aux rédactions n'est pas juste. Un des projets sur lesquels je vais travailler, c'est de militer pour que tous les journalistes puissent bénéficier des cartes de train et rompre avec ce principe de répartition selon un quota pour chaque rédaction», a-t-il annoncé.

Cette promesse s'accompagne d'un projet encore plus ambitieux : la concrétisation d'une convention de partenariat avec Royal Air Maroc (RAM) permettant aux journalistes de bénéficier de prix préférentiels sur les vols intérieurs et à l'étranger, avec des réductions pouvant atteindre 50%. Le secrétaire général sortant de l'association, Mokhtar Laghzioui, a souligné pour sa part l'importance de ces partenariats structurants avec des institutions telles que RAM et l'Office national des chemins de fer pour «faciliter la mobilité des professionnels».

La presse sportive en ligne de mire

La perspective des grands événements sportifs internationaux occupe une place centrale dans la stratégie de Driss Chahtane. Le président réélu met en avant «le renforcement du plan de soutien renforcé en faveur de la presse sportive dans la perspective des grands événements que le Maroc accueillera au cours des prochaines années, notamment la Coupe d'Afrique des nations et la Coupe du monde 2030».

Cette orientation stratégique reconnaît le rôle essentiel que jouera la presse sportive nationale dans la couverture médiatique de ces événements très attendus. Comme l'a rappelé le président de l'ANME, «la presse sportive a couvert avec professionnalisme de nombreux événements d'envergure, du Caire à l'Ouzbékistan, en passant par Zanzibar, et continuera à jouer un rôle essentiel dans la valorisation de l'image du Royaume lors des compétitions majeures à venir».

Un bilan contrasté mais porteur d'espoir

Le rapport moral présenté par Mokhtar Laghzioui dresse un tableau nuancé de l'action menée par l'ANME au cours de l'année écoulée. L'Association, qui regroupe aujourd'hui 130 supports à travers le Royaume, s'est attachée à «dynamiser le secteur, à renforcer sa qualité et à accompagner son évolution réglementaire». Parmi les réalisations marquantes figure le travail mené en étroite collaboration avec le ministère de tutelle et plusieurs partenaires institutionnels pour améliorer les conditions matérielles et financières des journalistes. L'ANME s'est également mobilisée pour rehausser la qualité du contenu et défendre la liberté de la presse, considérée comme «un pilier démocratique essentiel».

Malgré ces avancées, le secteur demeure confronté à des défis structurels majeurs. Le Trésorier de l'ANME, Khalid El Houri, a dressé un tableau sans fard de la situation financière, évoquant «un déficit constaté de l'ordre d'un million de dirhams». Pour autant, il a souligné que la priorité restait «la protection du secteur et la défense de ses acteurs», rappelant cette maxime fondamentale : «sans journalistes, il n'y a pas de journalisme».

Selon M. El Houri, l'Association fait face à des «crises complexes d'ordre économique» caractérisées par la «faiblesse des recettes», obligeant à «travailler avec les différents acteurs pour faire face à ces crises et l'adaptation au numérique». Cette transition technologique s'accompagne de nouveaux défis, notamment la prolifération de «supports numériques illégaux qui menacent la crédibilité de la profession».

Sur ce point, Driss Chahtane a évoqué les efforts entrepris pour lutter contre «le phénomène des influenceurs ou des supports non conformes à la loi», annonçant la mise en place de «workshops destinés à lutter contre ces dérives» à partir de décembre prochain. L'Association entend également combattre fermement «toutes les formes d’usurpation du titre de journaliste» et faire face aux «discours populistes» qui fragilisent l'écosystème médiatique.

Des relations tendues mais constructives avec le SNPM

L'une des questions les plus délicates abordées lors de cette assemblée générale concerne les relations entre l'ANME et le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM). Driss Chahtane a reconnu l'existence d'une «crise avec la direction du syndicat», tout en précisant que «le problème se pose avec le président du syndicat». «Les contacts et relations avec les membres du bureau exécutif du syndicat ou son conseil national sont au beau fixe», a-t-il ajouté. Le président de l'ANME a néanmoins réaffirmé «la volonté de l'Association de jeter davantage de ponts avec le Syndicat national de la presse marocaine, malgré les contraintes actuelles».

Dans son plan d'action pour le nouveau mandat, Driss Chahtane annonce d’ailleurs son intention «d'ouvrir d'autres chantiers avec le SNPM», évoquant une approche pragmatique privilégiant les intérêts supérieurs de la profession face aux divergences personnelles.

Parmi les autres priorités stratégiques figure «l'intérêt accordé pour assurer une représentativité respectable des éditeurs au sein du prochain Conseil national de la presse». Cette préoccupation s'inscrit dans le contexte de la réforme du cadre législatif régissant le secteur. L'ANME a d'ailleurs «accueilli favorablement le texte réformant le CNP» et suit attentivement les réformes du cadre législatif, notamment le projet de loi 25-26 visant à conforter «l'indépendance du secteur dans un cadre démocratique» et le projet de loi 25-27 qui «réglemente l'exercice de la profession».

Hommage aux figures fondatrices

Cette Assemblée générale ne pouvait se clore sans rendre hommage aux figures fondatrices de l'association. Driss Chahtane a tenu à rappeler «le rôle primoridal joué par Abdelmounaïm Dilami dans la création de l'ANME», soulignant la continuité historique de l'engagement de l'Association. Abdelmounaïm Dilami, présent lors de cette assemblée, a adressé «ses félicitations aux membres de l’association et au président réélu, soulignant que «la transformation économique et réglementaire du métier exige créativité, résilience et capacité à trouver des solutions innovantes». De même, il a appelé à ouvrir les ponts de communication avec le syndicat des journalistes (SNPM).
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