Face à des pressions croissantes sur ses ressources naturelles, le Maroc explore l'approche Nexus Eau-Énergie-Alimentation-Écosystèmes (EEAE) comme levier stratégique pour renforcer sa résilience et assurer un développement durable. Un rapport récent du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) offre une analyse approfondie de cette approche et formule des recommandations pour une gestion intégrée des ressources.
Au niveau de la gouvernance, le rapport du CESE déplore une gestion cloisonnée des ressources naturelles, marquée par une coordination interinstitutionnelle limitée. Cette fragmentation entraîne des inefficacités, des conflits d’usage et une exploitation sous-optimale des ressources. A titre d'exemple, le rapport indique que l'agriculture consomme 87 % de l’eau mobilisable, mettant en péril les nappes phréatiques et les écosystèmes.
"Hormis quelques initiatives isolées, le Maroc n’adopte pas encore l’approche nexus de manière structurelle. Bien que des efforts aient été déployés pour renforcer la gouvernance globale des secteurs EEAE, l’intégration effective de ces secteurs reste encore très perfectible. Les décisions continuent d’être prises de manière sectorielle, souvent sans tenir compte des interdépendances entre ces secteurs", résume le rapport. Cette fragmentation obère une exploitation optimale des ressources et fragilise à la fois la résilience des territoires et l’efficacité des politiques publiques concernées. Le CESE ajoute également que la coordination inter-institutionnelle liée à la gestion des ressources est entravée par des mécanismes de régulation inadaptés et une concentration excessive des pouvoirs décisionnels. Cet état de fait induit non seulement une optimisation insuffisante des investissements, mais aussi une vulnérabilité accrue du pays face aux crises climatiques.
L’approche Nexus vise in fine à harmoniser les politiques publiques et à maximiser les synergies entre les secteurs.
Le projet de la station de dessalement de Casablanca offre un exemple concret de l’application de cette approche mettant en évidence les compromis nécessaires entre ces quatre dimensions pour garantir une gestion durable et intégrée des ressources :
Le CESE insiste sur l’urgence d’une transition vers une gouvernance intégrée et inclusive. Adopter l’approche Nexus pourrait réduire les conflits d’usage, maximiser les bénéfices économiques et environnementaux, et renforcer la résilience face aux crises climatiques. Cette démarche systémique s’inscrit dans la vision d’un développement harmonieux et durable pour les générations futures au Maroc.
Un contexte marqué par des défis croissants
Le Maroc fait face à une triple pression : le changement climatique, la croissance démographique et des pratiques d’exploitation non durables. Ces facteurs exacerbent le stress hydrique, les tensions énergétiques et la dépendance alimentaire. Le rapport met en lumière l’interdépendance critique entre l’eau, l’énergie, l’alimentation et les écosystèmes, soulignant que toute action dans un secteur impacte directement les autres.Au niveau de la gouvernance, le rapport du CESE déplore une gestion cloisonnée des ressources naturelles, marquée par une coordination interinstitutionnelle limitée. Cette fragmentation entraîne des inefficacités, des conflits d’usage et une exploitation sous-optimale des ressources. A titre d'exemple, le rapport indique que l'agriculture consomme 87 % de l’eau mobilisable, mettant en péril les nappes phréatiques et les écosystèmes.
"Hormis quelques initiatives isolées, le Maroc n’adopte pas encore l’approche nexus de manière structurelle. Bien que des efforts aient été déployés pour renforcer la gouvernance globale des secteurs EEAE, l’intégration effective de ces secteurs reste encore très perfectible. Les décisions continuent d’être prises de manière sectorielle, souvent sans tenir compte des interdépendances entre ces secteurs", résume le rapport. Cette fragmentation obère une exploitation optimale des ressources et fragilise à la fois la résilience des territoires et l’efficacité des politiques publiques concernées. Le CESE ajoute également que la coordination inter-institutionnelle liée à la gestion des ressources est entravée par des mécanismes de régulation inadaptés et une concentration excessive des pouvoirs décisionnels. Cet état de fait induit non seulement une optimisation insuffisante des investissements, mais aussi une vulnérabilité accrue du pays face aux crises climatiques.
Un modèle intégré : le Nexus en action
Adopté à la majorité par l’Assemblée générale du Conseil, le 25 juillet 2024, le nexus eau-énergie-alimentation-écosystèmes (EEAE) est une approche systémique qui explore les interactions et les interdépendances fondamentales entre ces secteurs. Il propose des pistes opérationnelles pour appréhender ces interconnexions complexes et les transformer en leviers stratégiques au service d’un développement durable, inclusif et résilient.L’approche Nexus vise in fine à harmoniser les politiques publiques et à maximiser les synergies entre les secteurs.
Le projet de la station de dessalement de Casablanca offre un exemple concret de l’application de cette approche mettant en évidence les compromis nécessaires entre ces quatre dimensions pour garantir une gestion durable et intégrée des ressources :
- Eau : 50 millions de m³ d’eau dessalée destinés à l’irrigation et à l’eau potable.
- Énergie : Utilisation exclusive d’énergies renouvelables, réduisant l’empreinte carbone.
- Alimentation : Renforcement de la sécurité alimentaire en diminuant la pression sur les ressources en eau douce.
- Écosystèmes : Technologies avancées pour limiter les impacts environnementaux.
Les recommandations du CESE
Le CESE préconise l’élaboration d’une feuille de route nationale dédiée au nexus eau-énergie-alimentation-écosystèmes, visant à concilier durabilité, efficacité et résilience. Ce dispositif aurait pour objectif d’assurer l’intégration systématique de cette approche dans les processus décisionnels, tant au niveau central que territorial, afin de garantir une gestion cohérente et durable des ressources naturelles du Royaume. Un ensemble de recommandations ont été émises dans cette optique, parmi lesquelles :- Élaboration d’une feuille de route nationale Nexus EEAE : Intégrer cette approche dans la planification stratégique et les projets d’investissement.
- Renforcement du cadre législatif : Inscrire explicitement les principes Nexus dans les lois relatives à l’eau, à l’énergie et à l’agriculture.
- Mobilisation des partenariats public-privé (PPP) : Garantir que les projets respectent les principes Nexus tout en attirant des financements internationaux.
- Sensibilisation et formation : Former les acteurs clés et sensibiliser le public aux avantages de l’approche Nexus.
- Promotion de l’innovation : Encourager l’agriculture climato-intelligente et les technologies durables pour optimiser les interactions entre les secteurs.
Le CESE insiste sur l’urgence d’une transition vers une gouvernance intégrée et inclusive. Adopter l’approche Nexus pourrait réduire les conflits d’usage, maximiser les bénéfices économiques et environnementaux, et renforcer la résilience face aux crises climatiques. Cette démarche systémique s’inscrit dans la vision d’un développement harmonieux et durable pour les générations futures au Maroc.