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Éducation : 27 milliards de dirhams pour le dialogue social (Berrada)

Le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Saâd Berrada, a dévoilé devant la Chambre des conseillers un bilan chiffré et exhaustif du dialogue social sectoriel. Au total, plus de 27 milliards de dirhams ont été mobilisés pour honorer les engagements pris envers les enseignants, marquant ainsi l’une des plus vastes réformes salariales et statutaires de ces dernières années. Entre revalorisations de salaires, création de nouveaux grades, régularisation de dossiers en suspens et améliorations du cadre professionnel, le ministère semble engagé dans une refondation profonde du statut de l’enseignant marocain, en droite ligne avec les Hautes Orientations Royales visant à rehausser la qualité de l’école publique.

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Le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Saâd Berrada, a livré, mardi, devant les conseillers de la Nation, un bilan détaillé du dialogue social sectoriel. Selon lui, le coût global de la mise en œuvre des accords conclus avec les syndicats dépasse désormais 27 milliards de dirhams, dont 10 milliards supplémentaires prévus cette année.



«Toutes les mesures à impact financier ont été appliquées à 100%», a-t-il assuré, saluant le climat de confiance et la dynamique constructive ayant marqué les négociations avec les représentants du corps enseignant. Le ministre a souligné que ces avancées traduisaient la Haute Sollicitude Royale accordée à l’école publique et témoignent de la volonté ferme du gouvernement d’améliorer la condition des enseignants, longtemps au cœur des revendications sociales.

Des hausses salariales d’ampleur inédite

Au cœur de ces réformes figure une revalorisation générale et nette de 1.500 dirhams des salaires, dont ont bénéficié près de 330.000 enseignants et cadres administratifs, pour un coût annuel additionnel avoisinant 10 milliards de dirhams. À cela s’ajoute une augmentation de 1.000 dirhams des indemnités pour les fonctionnaires classés au troisième échelon du grade exceptionnel, soit 12.000 bénéficiaires pour une enveloppe de 650 millions de dirhams. Autre mesure phare : la création d’un nouveau grade exceptionnel, mobilisant 2,8 milliards de dirhams, et qui permettra à près de 80.000 fonctionnaires de profiter d’une hausse comprise entre 2.500 et 3.000 dirhams d’ici 2028. Ces augmentations traduisent, selon le ministre, «une reconnaissance tangible du rôle fondamental des enseignants dans la réussite de la réforme éducative».

Nouvelles primes et revalorisation des heures supplémentaires

On apprend par ailleurs que le gouvernement a également instauré une série de primes incitatives, à commencer par la prime des écoles pionnières, dont ont bénéficié 12.000 fonctionnaires l’an dernier, et 50.000 supplémentaires cette année, pour une enveloppe globale de 710 millions de dirhams. Une indemnité complémentaire d’un milliard de dirhams est par ailleurs allouée à 100.000 bénéficiaires. Dans le même élan, la rémunération des heures supplémentaires a presque doublé, passant de 54 à 100 dirhams net, permettant ainsi aux enseignants des écoles pionnières de gagner jusqu’à 1.600 dirhams de plus par mois. Un geste fort qui, selon M. Berrada, vise à récompenser le mérite et l’engagement pédagogique dans les établissements les plus performants.

Des avancées statutaires et professionnelles profondes

Mais il semble que les réformes engagées ne se limitent pas au plan financier. Le ministre a insisté sur la portée statutaire et juridique des mesures adoptées, avec notamment l’intégration pleine et entière de 135.000 cadres des Académies régionales dans la fonction publique. «C’est une étape historique vers l’unification du statut des enseignants et la consolidation de leur stabilité professionnelle», a-t-il affirmé. Autre mesure phare : la réduction du délai de promotion à deux ans dès le septième échelon, contre trois ou quatre auparavant. Ce raccourcissement accélère la progression de carrière et améliore sensiblement les revenus : un enseignant débutant avec 7.000 dirhams pourra désormais atteindre 15.000 dirhams à l’âge de 40 ans, a illustré le ministre.

Des dossiers bloqués depuis vingt ans enfin réglés

Le dialogue social a également permis de tourner la page de plusieurs dossiers restés sans solution depuis deux décennies. C’est le cas du dossier des enseignants contractuels, qui concernait 5.500 fonctionnaires, ou encore du fameux dossier «Cellule 10», qui a profité à 19.285 enseignants. Le ministère a également remboursé les retenues indûment opérées sur les salaires de 5.454 administrateurs pédagogiques. Notons que pour garantir une application rigoureuse des réformes, 45 textes réglementaires ont déjà été publiés, tandis que 11 autres sont en phase de finalisation, portant le taux d’exécution juridique à près de 90%.

Une réforme qui marque un tournant

En clôturant son intervention, Mohamed Saâd Berrada a souligné que la réforme éducative en cours n’est pas qu’un ensemble de chiffres, mais une véritable transformation du système. Elle incarne, selon lui, la concrétisation de la vision Royale d’une école publique inclusive, équitable et tournée vers l’excellence. Avec plus de 27 milliards de dirhams mobilisés, le gouvernement mise sur la revalorisation du capital humain enseignant comme levier essentiel de réussite. Un investissement massif qui pourrait, à terme, réconcilier les enseignants avec leur mission et redonner à l’école marocaine toute sa noblesse.
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