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Accord Gouvernement-Syndicats de l’enseignement : les parlementaires divisés

L’accord concernant le nouveau statut des fonctionnaires de l’éducation nationale, conclu entre le gouvernement et les syndicats du secteur, a suscité une vive controverse parmi les députés à la Chambre des représentants. Durant la séance des questions orales du lundi 11 décembre 2023, Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, a été interpellé. Les positions divergent : la majorité défend un accord nécessaire, tandis que l’opposition réclame des clarifications sur des points litigieux.

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Le récent accord gouvernemental relatif au nouveau statut des fonctionnaires de l’Éducation nationale a provoqué une fracture nette parmi les députés siégeant à la Chambre des représentants. D’un côté, certains minimisent son impact, le jugeant en deçà des attentes des enseignants. En revanche, d’autres parlementaires le défendent ardemment, le qualifiant d’«accord historique» qui aurait mis fin aux longues souffrances des enseignants, lesquelles ont perduré pendant des décennies.



Ces débats houleux ont animé la séance des questions orales du lundi 11 décembre 2023, mettant en lumière les prises de position divergentes autour de cet accord, notamment lors de l’interpellation de Chakib Benmoussa, en charge du portefeuille de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports au nom du Rassemblement national des indépendants (RNI).

Pour les partis de la majorité, l'accord avec les syndicats de l'enseignement est nécessaire pour un changement significatif

Du côté de la majorité, Mohamed Ghiat, à la tête du groupe parlementaire du RNI, a vigoureusement souligné que le dossier de l’éducation ne doit pas être instrumentalisé politiquement. Il a salué le gouvernement actuel pour avoir courageusement pris en main un dossier en souffrance depuis un quart de siècle, le retirant des étagères.



Insistant sur l’importance de la transparence, il a souligné qu’une étude récente a révélé que 59% des Marocains éprouvaient des difficultés à formuler une phrase correcte, qu’elle soit en arabe ou en français. M. Ghiat a mis l’accent sur l’aspect essentiel des réformes, affirmant que le gouvernement avait entrepris une réforme complète, dépassant les solutions temporaires ayant mené à la situation actuelle. Il a insisté sur la nécessité de placer l’enseignant au cœur de l’évolution du système éducatif, visant tant les individus que les infrastructures.

Appel à l’action : retour des élèves dans les salles de classe

De son côté, Ismaïl Benbi, le député istiqlalien de la circonscription Aïn Chock, a qualifié l’accord entre le gouvernement et les syndicats d’«historique». Selon lui, l’augmentation de 1.500 dirhams des salaires des enseignants est une grande avancée qui répond aux attentes des enseignants. Il a appelé les syndicats de l’éducation à interagir positivement en soulignant que le gouvernement a consenti des dépenses de l’ordre 9,5 milliards de dirhams pour améliorer les conditions de travail du corps enseignant. Dans cet esprit, il a invité tous les acteurs de l’éducation à permettre le retour des élèves dans les salles de classe, soulignant que 8 millions d’élèves sont dans les rues et que cette situation ne peut plus durer, surtout avec le niveau actuel des apprentissages.

Du côté de l’opposition, c’est un autre discours qui a prévalu. En effet, Rachid Hamouni, chef du groupe du progrès et du socialisme, exprimant au nom du Parti du progrès et du socialisme (PPS), s’est déclaré, certes, satisfait des résultats de l’accord entre les syndicats et le gouvernement, saluant les efforts financiers consentis par le gouvernement. Il a cependant appelé à la poursuite du dialogue sur les points litigieux et à la clarification de certains points flous concernant le décret instituant le nouveau statut du corps enseignant, notamment en ce qui concerne la définition des tâches et des heures de travail. Par ailleurs, le député progressiste a exhorté les enseignants à faire preuve de responsabilité, soulignant que 7 millions d’élèves doivent retourner aux bancs de l’école et rattraper ce qu’ils ont perdu. Il a également déclaré que les parlementaires défendaient autant les enseignants que les élèves, renouvelant son appel à invoquer l’esprit patriotique et à travailler pour répondre aux autres demandes tout en poursuivant le dialogue entre les syndicats et le gouvernement.

Opposition : déception et appels à la clarification

Plus critique, le député de Casablanca-Anfa Abdessamad Haiker, membre du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement (PJD), a accusé le ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports d’avoir manqué l’opportunité de réformer le système éducatif en renversant la stratégie et le cadre légal pour la réforme de l’éducation. Il a ainsi critiqué l’augmentation de 1.500 dirhams, la considérant comme un non-respect flagrant des promesses électorales des partis membres de l’actuel gouvernement. Le parlementaire pjdiste a souligné qu’avant les élections, «le parti du Chef du gouvernement, le RNI, avait promis une augmentation de 2.500 dirhams des salaires des enseignants et l’annulation du régime de la contractualisation, avant qu’on se rende compte de la disparition de ces promesses», a-t-il argué. Il a également accusé le ministère de l’Éducation d’«exclure» des syndicats du dialogue pour des «raisons politiques». Il a affirmé que «le gouvernement a intensifié ses actions sous forme d’humiliations du corps enseignant» à travers le nouveau statut, où il «s’est ingénié à prévoir des sanctions tout en ignorant la détermination des heures de travail, avec une conception aléatoire du système professionnel et des charges supplémentaires».
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