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Les étudiants en médecine jouent le va-tout, l’année universitaire sérieusement compromise

Les étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie ont annoncé samedi une nouvelle série de protestations dans différentes villes du Royaume en vue de faire entendre leur voix et pour faire pression sur les autorités de tutelle qui refusent jusqu’à présent de répondre favorablement à leurs revendications. En effet, trois mois après le démarrage des protestations, ces futurs professionnels de la santé poursuivent toujours leur boycott des cours, des stages et des examens. Ils appellent à une relance urgente du dialogue avec les deux départements et mettent en garde contre les conséquences des tentatives d’intimidation des étudiants et les pressions exercées sur eux.

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Plus de trois mois après le lancement de leur mouvement de protestation, les étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie refusent toujours de céder et poursuivent leur bataille pour faire valoir leurs revendications, lesquelles portent notamment sur la révision de la réforme du régime des études et les conditions d’apprentissage. Dans ce sens, les futurs médecins ont annoncé l’organisation prochaine d’une série de manifestations dans différentes villes du Royaume pour faire entendre leur voix.

Les étudiants en médecine regrette l'absence "d'un dialogue sérieux" avec les ministères de tutelle

Dans un communiqué publié en fin de semaine dernière, la Commission nationale étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie affirme avoir épuisé toutes les pistes possibles pour inciter les deux départements à relancer le dialogue autour de leur cahier revendicatif. «Les étudiants en médecine, pharmacie et médecine dentaire ont appelé à un dialogue sérieux mais se sont heurtées au refus des deux départements (Santé et Enseignement supérieur). Pire encore, les étudiants ont été interdit de prendre part au sit-in pacifique organisé le 29 février à Rabat», déplore la Commission, dénonçant ainsi les «dépassements qui ont porté atteinte aux droits et libertés des étudiants» qui ont souhaité rejoindre le sit-in.
Selon elle, les autorité ont interdit aux étudiants des autres villes de faire le déplacement vers la capitale. «Ces restrictions ont concerné particulièrement les étudiants relevant des Facultés d'Oujda et d'Agadir. Les étudiants issus de ces villes ont été privés de leur liberté de circulation sans qu’aucune justification légale ne leur soit fournie. Les autorités ont procédé à la confiscation des «autocars» qui transportaient ces étudiants. Elles ont aussi eu recours à l'intimidation des étudiants pour les empêcher d’exercer leur droit légitime de circuler, de se réunir et de manifester pacifiquement», note la commission.

Condamnation générale de la fermeture des Facultés de médecine

Outre ces «dépassements», les étudiants condamnent par ailleurs la fermeture des Facultés de médecine et l’interdiction aux étudiants d’accéder à leurs enceintes et de profiter des installations et équipements qu’elles offrent, notamment les salles de lecture et les bibliothèques. Ils dénoncent également les menaces d'expulsion et d'intimidation auxquelles sont confrontés les étudiants réfractaires, notamment les redoublants dans les Facultés d'Agadir et de Laâyoune» et condamnent «l'atteinte à la dignité humaine des étudiants au niveau de la Faculté d'Errachidia, qui ont fait l’objet d’intimidation et de menace de fermeture définitive de la Faculté de médecine».

Ainsi et en guise de protestation, la Commission nationale étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie annonce une série de sit-in régionaux parallèlement à l’envoi de correspondances à tous les acteurs politiques et syndicaux, y compris les partis, les groupes parlementaires, les jeunesses des partis, les associations, les syndicats et coordinations de médecins, et les associations de défense des droits de l'Homme et diverses sociétés civiles, pour sensibiliser la société à leur cause. Il est également prévu de soumettre une pétition signée par tous les étudiants qui comprend des témoignages sur les abus et les «violations des droits de l'Homme» qui ont eu lieu ainsi que les positions et opinions des étudiants qui réaffirment leur adhésion à «leurs revendications justes et légitimes».

Le bras de fer Etudiants/Ministères s’intensifie

L’intransigeance des étudiants qui tiennent mordicus à leurs revendications n’a d’égale que la fermeté du gouvernement qui estime qu’il a tout fait pour dénouer cette crise et qu’il a été toujours à l’écoute des étudiants. Lors d’un point de presse tenu à Rabat il y a trois semaines, Abdellatif Miraoui et Khalid Aït Taleb, respectivement ministres de l’Enseignement supérieur et de la Santé, ont été catégoriques en soulignant que le gouvernement ne fera plus aucune concession. Pour le deux ministres, la formation en 6 ans sera maintenue, l’année scolaire prendra fin dans les délais, les examens se dérouleront selon l’agenda initial et les étudiants «agitateurs» seront sanctionnés.

Cette position a été exposée par M. Miraoui fin janvier devant les députés. Intervenant dans le cadre de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, le ministre a notamment déclaré que «contrairement à ce qu’affirment les étudiants en médecine sur une éventuelle perte de plusieurs heures de formation à cause de la suppression de la septième année d’études, la dernière année n’a jamais été consacrée aux cours. Elle a toujours été dédiée aux stages au niveau des provinces et régions. Aujourd’hui, avec la suppression de cette année, nous proposons aux étudiants de démarrer directement leur carrière».
M. Miraoui avait par ailleurs mis en garde contre toute tentative de récupération de ce dossier à des fins politiques. Pour lui, ce dossier transcende le clivage majorité-opposition et ne doit pas être politisé. Tout montre donc que les deux parties semblent engagées dans un bras de fer dont le plus grand perdant sera sans conteste le chantier de réforme du secteur de la santé.

L’UMT met en garde contre le risque d’une année universitaire blanche

La Fédération nationale de la santé affiliée à l’Union marocaine du travail (UMT) a annoncé son soutien inconditionnel aux étudiants de médecine. L’organisation syndicale qui, tout en condamnant l’entêtement du gouvernement à ne pas relancer le dialogue, a mis en garde contre le risque d'aboutir à une année blanche. Elle exprime par ailleurs son étonnement de la poursuite de la politique de la sourde oreille adoptée par les départements de tutelle et leur ignorance des revendications défendues par cette catégorie sociale, ce qui risque d’exacerber les tensions et de provoquer une nouvelle crise sociale.
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