Après plus de onze mois de tension ayant fortement perturbé le climat des études au sein des différentes Facultés de médecine au Maroc, la Commission nationale des étudiants en médecine et en pharmacie a annoncé vendredi la signature d’un protocole d’accord avec le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, sous l’égide de l’Institution du Médiateur. Cet accord historique marque la fin d’une crise sans précédent qui a failli compromettre l’avenir de plus de 20.000 étudiants. Selon un membre de la Commission, la signature du protocole a nécessité de longues heures de discussions au siège du Médiateur du Royaume. Car le document devait répondre aux revendications des étudiants, dans un esprit de consensus, pour ouvrir ainsi la voie à une reprise normale des cours.
Conformément à l’accord, la réforme ministérielle du 13 mars 2023, publiée dans le Bulletin officiel, ne concernera pas les quatre promotions inscrites avant cette date. Le cursus de ces étudiants continuera à être régi par les anciennes dispositions réglementaires, répondant ainsi à l’une de leurs principales revendications.
Le ministère, qui avait initialement promis la possibilité de mettre en place une formation supplémentaire en «médecine de famille» pour ceux souhaitant prolonger leur cursus, est revenu sur cette proposition. Les étudiants avaient alors dénoncé l’absence de clarté sur la nouvelle organisation pédagogique, notamment concernant le contenu de la sixième année et le devenir du troisième cycle. Ces incertitudes ont mené à un boycott généralisé des cours, des stages et des examens à partir du 16 décembre 2023, plongeant les Facultés dans une paralysie totale.
En juillet 2024, une nouvelle initiative de médiation parlementaire, impliquant les groupes de la majorité et de l’opposition, est lancée. Les différents partis politiques ont ainsi tenté de rapprocher les visions en juillet dernier, en organisant une journée d’étude et des rencontres avec les ministres de tutelle. Toutefois, l’intransigeance du ministère de l’Enseignement supérieur à l’époque sur la réduction des années d’études a conduit à un nouvel échec. La tension a culminé avec le boycott des examens de rattrapage en septembre 2024.
Une fin, mais pas une conclusion
L’accord met un terme à 11 mois de tensions et d’incertitudes qui auront marqué l’histoire de l’enseignement supérieur marocain. Cependant, il laisse des questions ouvertes sur la viabilité à long terme des réformes envisagées pour moderniser le secteur médical tout en répondant aux défis de santé publique. Si ce dénouement est une source de soulagement pour les étudiants et le personnel éducatif, il souligne également la nécessité d’une communication claire et d’un dialogue structuré pour éviter de futures crises. Les Facultés de médecine et de pharmacie se tournent désormais vers l’avenir, avec l’espoir que ces 327 jours de blocage serviront de leçon pour construire un système plus inclusif et plus résilient.
Un vote décisif des étudiants
Cet accord, que la commission décrit comme le fruit d’un «processus démocratique», s’est concrétisé grâce à une mobilisation étudiante exceptionnelle. Lors d’un vote électronique organisé jeudi, plus de 90% des étudiants ont participé à l’opération, témoignant ainsi de leur pleine conscience de l’enjeu en question. À l’issue de ce scrutin, 57% des votants ont approuvé la proposition gouvernementale, validant ipso facto la suspension de la grève illimitée en échange de l’application des termes du compromis.Conformément à l’accord, la réforme ministérielle du 13 mars 2023, publiée dans le Bulletin officiel, ne concernera pas les quatre promotions inscrites avant cette date. Le cursus de ces étudiants continuera à être régi par les anciennes dispositions réglementaires, répondant ainsi à l’une de leurs principales revendications.
Un soulagement pour le secteur médical
La signature de ce procès-verbal met ainsi fin à une crise qui pesait lourdement sur le secteur de l’enseignement médical au Maroc. Elle représente en outre une victoire significative pour les étudiants, tout en offrant une issue favorable à une impasse qui menaçait la formation des futurs professionnels de santé. Mais comment cette crise a-t-elle éclaté dans ces Facultés parmi les plus convoitées par les étudiants marocains ?Une réforme qui a mis le feu aux poudres
Tout a commencé le 13 mars 2023, avec la publication d’une décision ministérielle réduisant la durée des études médicales de sept à six années. La décision, qui avait été prise dans le cadre d’une réforme visant à combler le déficit en ressources humaines dans le secteur de la santé, devait s’accompagner d’une augmentation de 20% du nombre d’étudiants admis dans les Facultés publiques et privées.Le ministère, qui avait initialement promis la possibilité de mettre en place une formation supplémentaire en «médecine de famille» pour ceux souhaitant prolonger leur cursus, est revenu sur cette proposition. Les étudiants avaient alors dénoncé l’absence de clarté sur la nouvelle organisation pédagogique, notamment concernant le contenu de la sixième année et le devenir du troisième cycle. Ces incertitudes ont mené à un boycott généralisé des cours, des stages et des examens à partir du 16 décembre 2023, plongeant les Facultés dans une paralysie totale.
Escalade de tensions et interventions infructueuses
La situation s’est dégradée lorsque les doyens des Facultés ont pris des mesures disciplinaires à l’encontre de 66 étudiants en mars 2024, allant de la simple suspension à l’expulsion pure et simple, tout en dissolvant les bureaux de représentation estudiantine. Une tentative de médiation gouvernementale avait pourtant été engagée, dirigée par le ministre chargé des Relations avec le Parlement et porte parole du gouvernement, Mustapha Baïtas, mais en vain. L’absence d’un accord écrit et la proposition d’ajouter une septième année facultative n’ont pas eu le don de convaincre les étudiants.En juillet 2024, une nouvelle initiative de médiation parlementaire, impliquant les groupes de la majorité et de l’opposition, est lancée. Les différents partis politiques ont ainsi tenté de rapprocher les visions en juillet dernier, en organisant une journée d’étude et des rencontres avec les ministres de tutelle. Toutefois, l’intransigeance du ministère de l’Enseignement supérieur à l’époque sur la réduction des années d’études a conduit à un nouvel échec. La tension a culminé avec le boycott des examens de rattrapage en septembre 2024.
Le rôle clé du Médiateur du Royaume
Face à l’impasse, l’Institution du Médiateur a proposé ses bons offices. Après un premier succès ayant permis de faire regagner les étudiants en pharmacie leurs amphithéâtres, grâce à un procès-verbal signé le 22 septembre. L’instance dirigée par Mohamed Benalilou a intensifié ses efforts pour dupliquer la même percée auprès des Facultés de médecine et de médecine dentaire. Le 23 octobre, un remaniement ministériel, avec la nomination de nouveaux responsables à la tête des départements concernés, a donné un nouvel élan aux discussions. La tention s’est accrue après le suicide tragique d’un étudiant en première année à Marrakech, attribué à la détresse psychologique provoquée par la crise. Une nouvelle proposition formulée sous l’égide du Médiateur a finalement permis de débloquer la situation. Elle garantit que les promotions antérieures à mars 2023 restent régies par l’ancien système, apaisant ainsi les principales craintes des étudiants.Une fin, mais pas une conclusion
L’accord met un terme à 11 mois de tensions et d’incertitudes qui auront marqué l’histoire de l’enseignement supérieur marocain. Cependant, il laisse des questions ouvertes sur la viabilité à long terme des réformes envisagées pour moderniser le secteur médical tout en répondant aux défis de santé publique. Si ce dénouement est une source de soulagement pour les étudiants et le personnel éducatif, il souligne également la nécessité d’une communication claire et d’un dialogue structuré pour éviter de futures crises. Les Facultés de médecine et de pharmacie se tournent désormais vers l’avenir, avec l’espoir que ces 327 jours de blocage serviront de leçon pour construire un système plus inclusif et plus résilient.