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Pourquoi les médecins résidents et internes rejoignent la grogne des professionnels de la Santé

Les professionnels de la santé sont en grogne ! Après la grève des étudiants en médecine et des infirmiers, ce sont les médecins résidents et internes qui montent au créneau. Ils ont annoncé une grève nationale le 13 mars. S’agit-il d’un effet de contagion ou d'un mouvement de soutien aux autres corps professionnels ? C’est la question à laquelle répond Dr Omar Azizi, membre de la Commission nationale des médecins internes et résidents de Rabat, invité de L’Info en Face.

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L'écosystème de la santé fait face à un mouvement de grèves qui a commencé avec les étudiants de médecine et de pharmacie, puis les infirmiers et les techniciens de la santé pour enfin arriver chez les médecins internes et résidents.

Dans un communiqué publié par leur comité national, ces médecins annoncent une grève nationale le 13 mars, mais indiquent exclure les services des urgences, de réanimation et de soins intensifs.

Cette annonce donne à s'interroger sur son timing et ses raisons ! Le choix de monter au créneau dans ce contexte marqué par un mouvement de grèves chez les autres corps de métier est-il calculé ? De plus, ces mouvements paralysent les hôpitaux alors que le pays est en plein déploiement du chantier de la protection sociale et souffre déjà d'un manque au niveau des ressources humaines. L'on s'interroge également sur les raisons derrière cette grogne. Pour y voir plus clair, Dr Omar Azizi, membre de la Commission nationale des médecins internes et résidents de Rabat, a accepté l'invitation de L’Info en Face. Il tient toutefois à souligner qu'il partage son propre opinion et ne parle pas au nom de la commission dont il est membre.

Grève des médecins internes et résidents : un effet de contagion ?

«C’est un réveil et une prise de conscience des différents corps de métier de la santé des changements qui s’opèrent dans le secteur et des challenges qui restent à relever», souligne d’emblée Dr Azizi, qui est également représentant des médecins internes et résidents à la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat.



Bien que chaque corps ait ses propres revendications, il existe un lien qui unit les étudiants en médecine, les médecins résidents et internes, les infirmiers et les techniciens de santé : celui d’améliorer les conditions de travail de manière générale.



Pour ce qui est des médecins résidents et internes, leurs principales revendications concernent d'abord une augmentation des indemnisations mensuelles de 3.500 à 12.000 DH pour les premiers et à 10.000 DH pour les seconds. Ils revendiquent également une réduction de la durée du contrat qu’ils ont avec l’État de 8 à 2 ans. «Une réunion a eu lieu avec la direction des ressources humaines du ministère de la Santé lors de laquelle le sujet du statut du médecin résident a été abordé», indique l’invité. Il reconnaît par ailleurs que le dialogue avance et qu’il n’est pas rompu ! Pour enlever toute ambiguïté, Dr Azizi explique que ce dialogue ne s’est pas fait de manière efficace. «On nous a conviés à cette réunion pour nous exposer ce qui a été fait. Nous avons donc demandé à être intégrés dans le processus d’élaboration du nouveau statut. La réponse a été, verbalement, affirmative, mais nous attendons toujours un écrit. C’est ce mutisme qui nous a poussés à déclarer ce mouvement de grève», note l’invité.

Groupements sanitaires territoriaux : oui mais sous conditions !

L’un des points de discorde avec le ministère de tutelle est celui de la mobilité au niveau des groupements sanitaires territoriaux (GST). Ces groupements, qui seront activés au deuxième semestre de cette année, ont été conçus par la tutelle dans le cadre d’une nouvelle gouvernance au niveau régional. «Cela permettra de surmonter les contraintes actuelles liées à la gestion hospitalière en mutualisant les ressources humaines et financières de tous les établissements de santé au niveau de la région, et de développer l'offre de soins de manière intégrée et complémentaire au sein de la région», indique le ministère.
Les médecins résidents ne semblent pas du même avis ! En effet, comme le note l’invité de Rachid Hallaouy, ces médecins sont contre une mobilité sans condition dans les régions. «Nous ne réfutons pas le projet des GST, c’est quelque chose de bénéfique pour les citoyens et pour le parcours de formation du médecin. Nous réfutons par contre une mobilité sans conditions. C’est-à-dire que si un médecin est appelé à travailler dans l’un de ces groupements, il faut lui garantir de bonnes conditions de travail, lui fournir un encadrement de qualité, comme c’est le cas dans les CHU. En somme, il faut un cadre de travail adéquat», explique Dr Azizi. Et de préciser que les médecins qui opèrent dans ces groupements devraient garder le même statut de fonctionnaires du ministère.

Hausse des indemnités des médecins résidents et internes : une demande démesurée ?

Les indemnités et salaires des médecins sont également au cœur des revendications de la de la Commission nationale des médecins internes et résidents. Au vu de la mission qu’ils assurent, les médecins résidents et internes revendiquent une révision des salaires et des indemnités assez conséquente. Ainsi, pour les médecins résidents bénévoles, la commission appelle à une augmentation des indemnisations de 3.500 à 12.000 DH par mois, et à 10.000 DH pour les médecins internes. C'est-à-dire un salaire multiplié par 4 ? s’interroge Rachid Hallaouy. «Pour un médecin qui a un Bac plus 8 ou 10 et qui est responsable de la santé des citoyens, non ce n’est pas énorme», répond Dr Azizi.
Dans un contexte de crise, le budget que nécessiterait une telle augmentation serait difficile à trouver, mais notre invité garde espoir en disant que «les responsables du secteur sont des gens du métier et connaissent bien le terrain, ils sont donc conscients des contraintes et de la difficulté de la mission qui est la nôtre». Certes, cette revendication n'est pas nouvelle et n'a jamais trouvé écho chez la tutelle, mais comme le remarque Dr Azizi, il y a un élément qui a poussé les médecins résidents et internes à la revendiquer une nouvelle fois. «La nouveauté, c'est l'application par le gouvernement de l'indice 509 à partir de janvier 2023, qui s'est traduite par une augmentation des salaires des médecins qui peuvent aller aujourd'hui jusqu'à 12.000 DH. Ces résidents bénévoles sont aussi des docteurs en médecine et ils assurent leurs missions, que ce soit dans les services des urgences ou ailleurs. Donc je trouve qu'un salaire de 3.500 DH n'est pas adapté», explique l'invité.
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