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Grèves des étudiants en médecine : les protestations s’intensifient, l’avenir de la formation en péril

L’ambiance demeure lourde au sein des Facultés de médecine et de pharmacie, paralysées par des grèves qui durent depuis plus de trois mois. Les semaines s’écoulent inexorablement et tout le monde est à l’affût du moindre signe d’apaisement. Face à l'intransigeance du ministère de l’Enseignement supérieur, les étudiants ont décidé de relancer leur mouvement de protestation.

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Malgré les sanctions prononcées à l’encontre de 66 de leurs camarades et le discours assez «musclé» du ministre de l’Enseignement supérieur appelant à mettre fin au mouvement de protestation, les étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie, en grève depuis plus de trois mois, refusent de jeter l’éponge. Ainsi, après un premier sit-in avec des bougies organisé à Rabat, Tanger et Oujda samedi dernier, ces derniers s’apprêtent à organiser un autre sit-in ce mercredi à Marrakech et un troisième samedi prochain à Casablanca.
À travers ces différentes manifestations, les étudiants veulent attirer l’attention sur l’urgence de la relance du dialogue avec le ministère de l’Enseignement supérieur et sur la nécessité d’agir sans délai pour éviter le scénario de l’année blanche. «Nous espérons que le département de tutelle réagira à notre appel au dialogue. Il y va de l’avenir de plus de 23.000 étudiants qui représentent les médecins et pharmaciens de demain», déclare une étudiante en médecine qui a préféré garder l’anonymat.

«Des sanctions aussi injustes qu’arbitraires», estime une étudiante

Selon elle, en désespoir de cause, les étudiants sanctionnés par les conseils disciplinaires seraient en passe de saisir la justice pour attaquer les décisions prises à leur encontre, particulièrement celles portant sur l’exclusion de huit étudiants à Oujda et Tanger. «Certes, ces étudiants n’ont encore entamé aucune procédure, mais cette option est examinée sérieusement en l’absence d’autre recours. Ces étudiants n’ont commis aucune infraction qui mérite une telle punition. Nous condamnons vivement ces décisions qui sont aussi injustes qu’arbitraires et qui ne font que verser de l’huile sur le feu», ajoute la jeune étudiante.

Les grévistes, qui semblent extrêmement remontés contre le ministre, ne comptent visiblement pas abandonner leur combat pour «de meilleures conditions de formation». Ainsi, après avoir annoncé le boycott des examens du deuxième semestre prévus au début du mois de juin, ils appellent à la multiplication des sit-in en réaction aux derniers propos de Abdellatif Miraoui, jugés «menaçants, voire dédaigneux». Pour rappel, le ministre avait demandé fermement aux étudiants, lors de son intervention au sein de la Chambre des représentants lundi 13 mai, de retourner aux classes, précisant qu’il n’y aurait pas de cours de rattrapage ni de deuxième session.

Pour un colloque inclusif sur l’avenir de la formation médicale

Dans ce contexte tendu où chaque partie campe sur ses positions, des voix s’élèvent de plus en plus appelant les différents protagonistes à faire montre de plus de sagesse et de souplesse. Dans ce cadre, le spécialiste en médecine et recherche sur les politiques de santé, Tayeb Hamdi, a lancé une initiative visant à apaiser les tensions et à restaurer le dialogue et la confiance. L’initiative qu’il a partagée avec l’opinion publique prévoit l’organisation d’un colloque scientifique national sur «les questions de la formation médicale au Maroc, son rôle et ses exigences pour l’aboutissement des chantiers sociaux». Cette manifestation, qui doit bénéficier de l’appui du Chef du gouvernement et qui doit avoir lieu fin juillet prochain, devrait permettre, selon M. Hamdi, de lancer un débat franc sur les problèmes du secteur et les moyens de les surmonter selon une approche inclusive et concertée. Il va sans dire que les étudiants en médecine seront aux premières loges de cette rencontre.

L’expert recommande par ailleurs de reprendre les discussions entre les ministères concernés, les étudiants et les autres parties prenantes avant mi-septembre, s’appuyant sur les conclusions du colloque. De même qu’il suggère de mettre à profit le temps de préparation, de réalisation et de suivi du colloque pour rétablir la confiance entre toutes les parties prenantes. S’agissant de la reprise des cours, Dr Hamdi insiste sur la nécessité d’une reprise immédiate des études et des stages pour tous les étudiants, cette semaine ou la semaine prochaine au plus tard, tout en annulant toutes les restrictions imposées aux étudiants sanctionnés.

Mais aussi louable soit-elle, l’initiative de Dr Hamdi ne propose pas une voie de sortie immédiate de la crise. Elle représente un appel à une réflexion apaisée et collective sur les problèmes qui pourraient entraver à moyen et long termes la mise en œuvre des chantiers de la santé et de la protection sociale. C’est en tous cas ce qu’en pensent les étudiants grévistes. Tout en la saluant, ils estiment que l’enjeu principal actuellement est de sauver l’année universitaire et l’avenir de plusieurs centaines d’étudiants qui ont consenti des sacrifices énormes pour devenir médecins ou pharmaciens.
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