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Hausse des prix : le comportement du consommateur y est pour beaucoup (Rachid Benali)

Invité de «L'Info en Face», Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural, a livré son analyse de la flambée des prix. Outre la sécheresse et les circuits de distribution, le comportement du consommateur y est pour beaucoup selon lui. M. Benali a salué à cet égard l’initiative du jeune poissonnier de Marrakech «qui a le droit de vendre ses sardines à 5 DH, tout comme les autres marchands qui les proposent à 20 DH».

Rachid Benali
Rachid Benali
Hausse des prix, cherté de la vie, pouvoir d’achat... autant de questions qui reviennent en force dans les discussions quotidiennes en ce mois du Ramadan. Les analyses et les commentaires sur les causes, l’impact et les remèdes vont bon train. Pour y voir plus clair, Rachid Hallaouy a reçu, dans le cadre de l’émission «L’Info en Face», Rachid Benali, le président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (Comader). Ce dernier a tenté de décrypter les mécanismes à l’œuvre et les facteurs derrière le renchérissement du coût de la vie.

Inflation durant le Ramadan, un phénomène récurrent

Pour commencer, M. Benali a tenu à rappeler que la hausse des prix pendant le Ramadan était un phénomène récurrent, lié à une pression accrue sur la demande, notamment en raison de l'afflux massif des consommateurs vers les points de distribution. «Le Ramadan est une période où la demande explose, ce qui entraîne une augmentation des prix, comme dans tous les pays musulmans», a-t-il expliqué. Cependant, il a insisté sur le fait que cette inflation ne pouvait pas être réduite à un seul facteur, précisant que plusieurs éléments étaient en cause, dont des éléments conjoncturels et structurels.

La sécheresse, un facteur structurel

Il a souligné à cet égard que l’année en cours est particulièrement marquée par une sécheresse qui semble s’installer durablement avec toutes les conséquences sur l’agriculture. «La sécheresse impacte directement les prix, car la production agricole diminue et les coûts augmentent», a-t-il précisé. Mais au-delà de cet aspect, M. Benali a également évoqué l’importance de ne pas céder à la panique collective, en appelant les consommateurs à éviter des comportements qui alimentent la hausse des prix. Acheter de grandes quantités de denrées en peu de temps crée un climat propice à l’inflation, selon l’intervenant. À ces facteurs endogènes, s’ajoutent des facteurs exogènes, estime M. Benali. L'inflation mondiale, exacerbée depuis la pandémie de Covid-19, a impacté de nombreux secteurs économiques, y compris l’agriculture. «Depuis 2020, l’inflation a touché les prix à l’échelle mondiale, et cela se reflète dans l’augmentation des prix des produits alimentaires», a-t-il expliqué.

«Moul l7out» : un exemple à suivre

M. Benali a également évoqué un exemple qui a fait couler beaucoup d’encre dernièrement, celui du vendeur de poisson à Marrakech qui a proposé le kilo de sardines à 5 dirhams. «Ce jeune homme a acheté son kilo de sardines à 2 dirhams, et il a tout à fait le droit de le revendre à 5 dirhams», a-t-il affirmé. À cet égard, ce responsable a souligné que le vendeur était dans son droit, conformément aux lois du marché qui régissent l'offre et la demande. Ce cas est selon lui un exemple de commerce équitable, qu’il espère voir se développer dans d’autres villes et pour d’autres produits. Toutefois, M. Benali a ajouté que même les commerçants qui pratiquent des prix plus élevés, en vendant le kilo de sardines à 20 ou 25 dirhams, sont également dans leur droit, «car le marché est libre». Néanmoins, il a insisté sur le fait que «ce qui est interdit, c’est de pratiquer du dumping, c'est-à-dire de vendre à perte, cela fausse la concurrence», a-t-il alerté.

Les intermédiaires, des maillons nécessaires !

Le rôle des intermédiaires dans la chaîne de distribution a également été un point central de l’intervention de Rachid Benali. «Bien que certains d’entre eux agissent en tant que spéculateurs, les intermédiaires sont nécessaires dans notre écosystème agricole», a-t-il souligné. Ces acteurs sont essentiels pour financer la récolte suivante et soutenir la production. Cependant, M. Benali a précisé que les marges de profit réalisées par eux peuvent parfois être excessives et injustifiées. «Les agriculteurs ne peuvent pas toujours vendre leurs produits au prix qu’ils jugent juste, et les intermédiaires remplissent une fonction de financement en attendant la récolte», a-t-il expliqué en rappelant que cette réalité ne doit pas conduire à des pratiques spéculatives. Selon lui, une réforme du secteur de la distribution, prévue par la loi 37-21, permettrait de réduire les marges des intermédiaires et de rendre la distribution plus équitable.

Consommateurs et producteurs : une responsabilité partagée

En tout état de cause, Rachid Benali insiste sur le rôle des consommateurs dans cette crise des prix, expliquant que la responsabilité n’incombe pas uniquement aux producteurs ou aux spéculateurs. «Les consommateurs ont aussi leur part de responsabilité dans la flambée des prix», a-t-il affirmé. Selon lui, il est crucial de prendre exemple sur des initiatives positives, comme celle du jeune poissonnier à Marrakech. Pour lui, la responsabilité est partagée pour faire face à ces défis. Et la pénurie d’eau en est un. Déplorant une situation de plus en plus critique qui menace directement la production agricole au Maroc, il recommande une meilleure gestion des ressources en eau pour assurer la pérennité du système agricole marocain.

L’intervenant a alerté sur le risque de perdre «tout un écosystème» si la situation perdurait, soulignant que l’agriculture marocaine avait besoin de 5 milliards de mètres cubes d’eau, mais que les ressources actuelles étaient insuffisantes pour répondre à cette demande.
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