Le Matin : Le Conseil du gouvernement vient d’adopter le projet de décret n°2.24.1122 fixant le salaire minimum légal pour les activités agricoles et non agricoles. Pouvez-vous nous expliquer les principales mesures de ce décret et l’impact attendu sur les travailleurs dans ces secteurs ?
Younes Sekkouri : L’adoption de ce décret le 26 décembre vient traduire le respect par le gouvernement de ses engagements envers les partenaires sociaux dans le cadre du dialogue social, conformément aux Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, qui place la justice sociale et la dignité des citoyens au cœur du projet de société marocain. Il faut dire que ce n’est pas la première fois que ce gouvernement opère une double augmentation du salaire minimum garanti dans les secteurs agricoles et non agricoles (SMAG et SMIG). Depuis l’avènement de ce gouvernement et grâce à l’accord social d’avril 2022 et celui d’avril 2024, un travailleur du secteur privé qui touche le SMIG aura vu son salaire mensuel net passer de 2.638 dirhams à 3.045 dirhams. Un employé du secteur agricole qui perçoit le SMAG quant à lui peut constater une évolution de son salaire mensuel net de 1.859 dirhams à 2.255 dirhams.
Il faut admettre que les attentes des travailleurs sont légitimes face aux défis de l’inflation que le gouvernement a réussi à contenir, mais auxquels le monde entier reste exposé. L’autre défi est celui de faire converger le SMIG et le SMAG, un engagement que nous avons l’objectif d’atteindre, en tant que gouvernement, à l’horizon 2028. Nous visons à travers cette décision historique, prise lors du round social d’avril 2022, d’apporter une réponse pour les secteurs les moins rémunérés comme l’agriculture. La politique sociale de notre pays vise à réduire les inégalités et soutenir le pouvoir d’achats des familles marocaines, notamment en milieu rural.
Quelles sont, selon vous, les répercussions immédiates de cette hausse sur le pouvoir d’achat des travailleurs, notamment dans les secteurs les plus vulnérables ?
Pour la précision, le décret prévoit pour les secteurs non agricoles, une augmentation du salaire minimum garanti (SMIG) de 5% à compter du 1er janvier 2025, portant le salaire net mensuel à 3.045 dirhams, soit un salaire horaire de 17,10 dirhams. Cette augmentation sera suivie d’une autre hausse de 5% également le début de l’année 2026. Quant au secteur agricole, le salaire minimum agricole garanti (SMAG) sera relevé à partir du 1er avril 2025 pour atteindre 2.255 dirhams net par mois, avec un salaire journalier fixé à 93 dirhams. À son tour le SMAG sera relevé de 5% supplémentaires en avril de l’année 2026 en vertu des accords avec les partenaires sociaux.
Si ces augmentations représentent un apport indiscutable pour le pouvoir d’achat, notre devoir est de nous assurer de l’effectivité de ces hausses chez les employeurs. Nous assurons ce travail par l’orientation de notre dispositif de l’inspection du travail et du contrôle vers les entreprises. Dans les zones rurales en particulier, où le SMAG s’applique principalement, cette revalorisation constitue un levier crucial pour stabiliser les revenus des travailleurs agricoles, souvent confrontés à des rémunérations irrégulières ou saisonnières. Elle contribuera à atténuer les disparités économiques entre les régions rurales et urbaines.
Par ailleurs, cette augmentation stimulera la consommation locale, renforçant les économies de proximité grâce à une meilleure capacité de dépense des ménages. Indirectement, elle soutiendra également les commerçants, artisans et services locaux. Il faut dire que cette mesure sera accompagnée par des programmes à fort impact dans le cadre de notre stratégie pour l’emploi et le soutien au pouvoir d’achat. Laquelle stratégie a été finalisée et sera déployée en tout début 2025 pour un budget global de 14 milliards de dirhams voté dans le cadre de la loi de Finances. Enfin, cette initiative dépasse le cadre économique. Elle symbolise un engagement social fort en faveur de la justice sociale et de la dignité des travailleurs, consolidant ainsi la cohésion nationale.
Comment le gouvernement prévoit-il de suivre l’impact de cette hausse des salaires minimaux ? Un mécanisme de réévaluation périodique est-il envisagé ?
Je vous remercie pour cette question. En effet, l’effectivité de la hausse est un défi que nous prenons très au sérieux. Les chiffres de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) sont encourageants concernant les deux dernières hausses opérées par ce gouvernement depuis 2022. Nous mobilisons à cet effet l’inspection du travail pour le contrôle tout en menant une action de fond avec les employeurs et les syndicats pour la sensibilisation de tous. Nous surveillons de près l’évolution du secteur informel qui, en migrant vers le formel, contribue à l’élargissement de l’impact de ces mesures.
Entre 2021 et 2026, les dépenses publiques consacrées aux fonctionnaires au Maroc devraient augmenter de 37,3%. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette hausse ?
Cette hausse ne s’est pas toujours faite dans la facilité. Mais je suis persuadé qu’elle est le résultat d’une vision partagée entre le gouvernement et les partenaires sociaux, d’offrir à nos concitoyens les conditions d’un travail décent avec un salaire qui permet la dignité. À cet égard, nous avons dû conduire des rounds de négociation avec les fonctionnaires de plusieurs secteurs. Ces négociations ont abouti à des avancées salariales majeures, à la levée de l’injustice qui prévalait dans ces secteurs. Je me rappelle à ce sujet des négociations que nous avons menées avec les enseignants de l’éducation nationale. Leurs arguments étaient à leur place et l’aboutissement du dialogue social sectoriel avec eux a permis de réparer une grande partie du l’injustice qu’ils subissaient.
Pour revenir à votre question, oui le dialogue social a un coût, aussi bien dans le secteur public où nous avons opéré des hausses directes des salaires, mais également dans le secteur privé où le gouvernement a pris la décision de revoir l’impôt sur le revenu, notamment pour la classe moyenne, avec des effets à partir de janvier 2025. Cette mesure, qui touche également le secteur public, a un coût budgétaire, dans la mesure où cette part de l’IR ne sera pas perçue par l’État. Toutefois, dans la marche historique d’une nation, les gouvernants doivent savoir apporter des réponses à temps aux aspirations de leur société. L’Histoire a démontré que lorsque la décision de réparer une injustice sociale est prise, elle prend toujours le dessus sur la contrainte matérielle ou budgétaire conjoncturelle.
Younes Sekkouri : L’adoption de ce décret le 26 décembre vient traduire le respect par le gouvernement de ses engagements envers les partenaires sociaux dans le cadre du dialogue social, conformément aux Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, qui place la justice sociale et la dignité des citoyens au cœur du projet de société marocain. Il faut dire que ce n’est pas la première fois que ce gouvernement opère une double augmentation du salaire minimum garanti dans les secteurs agricoles et non agricoles (SMAG et SMIG). Depuis l’avènement de ce gouvernement et grâce à l’accord social d’avril 2022 et celui d’avril 2024, un travailleur du secteur privé qui touche le SMIG aura vu son salaire mensuel net passer de 2.638 dirhams à 3.045 dirhams. Un employé du secteur agricole qui perçoit le SMAG quant à lui peut constater une évolution de son salaire mensuel net de 1.859 dirhams à 2.255 dirhams.
Il faut admettre que les attentes des travailleurs sont légitimes face aux défis de l’inflation que le gouvernement a réussi à contenir, mais auxquels le monde entier reste exposé. L’autre défi est celui de faire converger le SMIG et le SMAG, un engagement que nous avons l’objectif d’atteindre, en tant que gouvernement, à l’horizon 2028. Nous visons à travers cette décision historique, prise lors du round social d’avril 2022, d’apporter une réponse pour les secteurs les moins rémunérés comme l’agriculture. La politique sociale de notre pays vise à réduire les inégalités et soutenir le pouvoir d’achats des familles marocaines, notamment en milieu rural.
Quelles sont, selon vous, les répercussions immédiates de cette hausse sur le pouvoir d’achat des travailleurs, notamment dans les secteurs les plus vulnérables ?
Pour la précision, le décret prévoit pour les secteurs non agricoles, une augmentation du salaire minimum garanti (SMIG) de 5% à compter du 1er janvier 2025, portant le salaire net mensuel à 3.045 dirhams, soit un salaire horaire de 17,10 dirhams. Cette augmentation sera suivie d’une autre hausse de 5% également le début de l’année 2026. Quant au secteur agricole, le salaire minimum agricole garanti (SMAG) sera relevé à partir du 1er avril 2025 pour atteindre 2.255 dirhams net par mois, avec un salaire journalier fixé à 93 dirhams. À son tour le SMAG sera relevé de 5% supplémentaires en avril de l’année 2026 en vertu des accords avec les partenaires sociaux.
Si ces augmentations représentent un apport indiscutable pour le pouvoir d’achat, notre devoir est de nous assurer de l’effectivité de ces hausses chez les employeurs. Nous assurons ce travail par l’orientation de notre dispositif de l’inspection du travail et du contrôle vers les entreprises. Dans les zones rurales en particulier, où le SMAG s’applique principalement, cette revalorisation constitue un levier crucial pour stabiliser les revenus des travailleurs agricoles, souvent confrontés à des rémunérations irrégulières ou saisonnières. Elle contribuera à atténuer les disparités économiques entre les régions rurales et urbaines.
Par ailleurs, cette augmentation stimulera la consommation locale, renforçant les économies de proximité grâce à une meilleure capacité de dépense des ménages. Indirectement, elle soutiendra également les commerçants, artisans et services locaux. Il faut dire que cette mesure sera accompagnée par des programmes à fort impact dans le cadre de notre stratégie pour l’emploi et le soutien au pouvoir d’achat. Laquelle stratégie a été finalisée et sera déployée en tout début 2025 pour un budget global de 14 milliards de dirhams voté dans le cadre de la loi de Finances. Enfin, cette initiative dépasse le cadre économique. Elle symbolise un engagement social fort en faveur de la justice sociale et de la dignité des travailleurs, consolidant ainsi la cohésion nationale.
Comment le gouvernement prévoit-il de suivre l’impact de cette hausse des salaires minimaux ? Un mécanisme de réévaluation périodique est-il envisagé ?
Je vous remercie pour cette question. En effet, l’effectivité de la hausse est un défi que nous prenons très au sérieux. Les chiffres de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) sont encourageants concernant les deux dernières hausses opérées par ce gouvernement depuis 2022. Nous mobilisons à cet effet l’inspection du travail pour le contrôle tout en menant une action de fond avec les employeurs et les syndicats pour la sensibilisation de tous. Nous surveillons de près l’évolution du secteur informel qui, en migrant vers le formel, contribue à l’élargissement de l’impact de ces mesures.
Entre 2021 et 2026, les dépenses publiques consacrées aux fonctionnaires au Maroc devraient augmenter de 37,3%. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette hausse ?
Cette hausse ne s’est pas toujours faite dans la facilité. Mais je suis persuadé qu’elle est le résultat d’une vision partagée entre le gouvernement et les partenaires sociaux, d’offrir à nos concitoyens les conditions d’un travail décent avec un salaire qui permet la dignité. À cet égard, nous avons dû conduire des rounds de négociation avec les fonctionnaires de plusieurs secteurs. Ces négociations ont abouti à des avancées salariales majeures, à la levée de l’injustice qui prévalait dans ces secteurs. Je me rappelle à ce sujet des négociations que nous avons menées avec les enseignants de l’éducation nationale. Leurs arguments étaient à leur place et l’aboutissement du dialogue social sectoriel avec eux a permis de réparer une grande partie du l’injustice qu’ils subissaient.
Pour revenir à votre question, oui le dialogue social a un coût, aussi bien dans le secteur public où nous avons opéré des hausses directes des salaires, mais également dans le secteur privé où le gouvernement a pris la décision de revoir l’impôt sur le revenu, notamment pour la classe moyenne, avec des effets à partir de janvier 2025. Cette mesure, qui touche également le secteur public, a un coût budgétaire, dans la mesure où cette part de l’IR ne sera pas perçue par l’État. Toutefois, dans la marche historique d’une nation, les gouvernants doivent savoir apporter des réponses à temps aux aspirations de leur société. L’Histoire a démontré que lorsque la décision de réparer une injustice sociale est prise, elle prend toujours le dessus sur la contrainte matérielle ou budgétaire conjoncturelle.