Le drame survenu à Safi dans la nuit de samedi à dimanche a ravivé les interrogations sur le lien entre changement climatique et catastrophes naturelles. Mais pour Mohamed Jalil, secrétaire général de la Fédération marocaine du conseil et de l’ingénierie, réduire cette tragédie à une simple conséquence du dérèglement climatique serait une erreur d’analyse. «Le risque n’est jamais uniquement l’aléa», insiste-t-il. «Il est le résultat de l’aléa, combiné à la sensibilité des systèmes et à la vulnérabilité des territoires.»
Plus largement, Mohamed Jalil met en garde contre des réseaux dimensionnés selon des normes devenues obsolètes. Les infrastructures ont été conçues sur la base de cycles climatiques qui ont profondément changé. «Aujourd’hui, des événements autrefois décennaux deviennent beaucoup plus fréquents», observe-t-il, posant la question d’un nécessaire réajustement des standards techniques.
Un aléa climatique amplifié, mais pas déclencheur unique
Les fortes précipitations enregistrées à Safi s’inscrivent dans une tendance désormais bien documentée. Le Maroc connaît une baisse des précipitations annuelles moyennes, mais une hausse des épisodes pluvieux courts, violents et très localisés. Cette évolution est directement liée au changement climatique, qui modifie la dynamique atmosphérique et favorise les foyers orageux au détriment des perturbations hivernales classiques. Pour autant, rappelle Mohamed Jalil, le changement climatique ne «provoque» pas les catastrophes. Il agit comme un multiplicateur de menaces, rendant les événements extrêmes plus intenses et plus fréquents. «Il ajoute de la gravité à des situations déjà fragiles», explique-t-il. Autrement dit, l’aléa climatique existe, mais il ne devient catastrophe que lorsqu’il frappe des systèmes incapables d’y résister.Des infrastructures d’assainissement à bout de souffle
À Safi, les pluies ont rencontré un réseau d’assainissement pluvial largement inadapté. Vétusté des canalisations, manque d’entretien, absence de curage régulier des points noirs : autant de faiblesses structurelles qui ont empêché l’évacuation rapide des eaux. L’expert rappelle que les inondations urbaines ne sont jamais le simple produit de la pluie. Elles résultent d’une interaction entre l’intensité des précipitations, la capacité des réseaux et la configuration du terrain. Dans le cas de Safi, ville partiellement située en point bas et exposée à une possible interaction entre pluie intense et état de la mer, les conditions étaient réunies pour un débordement rapide.Plus largement, Mohamed Jalil met en garde contre des réseaux dimensionnés selon des normes devenues obsolètes. Les infrastructures ont été conçues sur la base de cycles climatiques qui ont profondément changé. «Aujourd’hui, des événements autrefois décennaux deviennent beaucoup plus fréquents», observe-t-il, posant la question d’un nécessaire réajustement des standards techniques.
