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Inondations, séismes, sécheresses... comment le Maroc peut renforcer sa résilience

Les inondations récentes dans le sud-est marocain ne sont pas qu’un simple événement climatique. Elles illustrent une vulnérabilité croissante face aux aléas naturels et interrogent la capacité du Royaume à les gérer. Un document élaboré en octobre 2023 par l’Institut Royal des études stratégiques met en exergue les avancées réalisées, mais aussi les insuffisances en matière de préparation et de coordination, tout en soulignant l’importance d’une approche proactive et intégrée pour protéger les citoyens et leur environnement.

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Les récentes inondations survenues dans le sud-est du Maroc ont ravivé le débat sur la vulnérabilité croissante du Royaume face aux catastrophes naturelles. Avec un territoire fortement exposé à ce type de risques, le pays fait face depuis plusieurs années à différentes formes d’aléas : séismes, inondations, crues, sécheresses, désertification, tsunamis, épidémies, invasions acridiennes... Ces événements dramatiques ont exercé une pression considérable sur les capacités du pays à gérer les catastrophes naturelles. Ils ont surtout révélé des insuffisances notables dans la planification de l’aménagement du territoire et la gestion des crises, en particulier dans les zones reculées, ainsi qu’un déficit de connaissances scientifiques et de savoir-faire territorial.



Ces observations proviennent d’une journée de réflexion organisée par l’Institut Royal des études stratégiques (IRES), organisée en marge de l’édition 2023 des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, au cours de laquelle les capacités d’anticipation du Maroc concernant la gestion des catastrophes naturelles ont été discutées. Les échanges ont également porté sur les orientations des politiques publiques dans ce domaine, tant sur les aspects économique et financier que social et environnemental.

Il est important de noter que les lacunes identifiées ne minimisent pas les avancées réalisées par le pays, notamment sur les plans juridique, institutionnel et financier. Les discussions lors de la rencontre de l’IRES ont souligné que la gestion des catastrophes naturelles au Maroc a connu des améliorations significatives. Cependant, les défis persistants appellent à une approche intégrée et proactive, fondée sur l’innovation et une gouvernance solide, afin d’assurer une protection efficace des citoyens et de leur environnement.

Un cadre juridique et institutionnel renforcé

Face aux enjeux croissants liés à ces événements dévastateurs, le Maroc a renforcé son cadre juridique et institutionnel pour mieux gérer les risques associés. Au cours des dernières décennies, le Royaume a élaboré une «stratégie nationale de gestion des risques des catastrophes naturelles 2020-2030». Ses objectifs sont ambitieux : améliorer la connaissance et l’évaluation des risques, promouvoir la prévention pour renforcer la résilience et garantir un relèvement rapide suite aux catastrophes. Des institutions nationales, comme la Protection civile et le Centre de veille, d’alerte et d’aide à la gestion des risques d’inondations, ont été créées pour renforcer cette réponse institutionnelle.

Les Forces Armées Royales ont également montré leur efficacité lors des crises, notamment lors du dernier séisme dans le Haut Atlas, témoignant de l’importance d’une approche multisectorielle, intégrant la société civile et les élus locaux. Ces acquis institutionnels sont certes significatifs, mais des insuffisances demeurent, notamment au niveau de la gestion locale des crises.

Un cadre financier qui évolue

Sur le plan financier, plusieurs dispositifs (comme le Fonds de lutte contre les effets des catastrophes naturelles ou le Fonds de solidarité) ont été instaurés pour soutenir la prévention et la gestion des catastrophes. Récemment, un nouveau fonds a été créé suite au séisme d’Al Haouz, illustrant la volonté d’unir les efforts financiers en cas de catastrophe. Cependant, la pérennité et l’efficacité de ces dispositifs méritent une attention continue.

Insuffisances de gestion et coordination lors des crises

Les événements catastrophiques, comme le séisme d’Al Haouz, ont mis en lumière des lacunes notables dans la planification territoriale et la gestion de crise, notamment dans les zones rurales. L’absence de scénarios de coordination préétablis, de plans locaux de prévention, ainsi qu’un accès difficile des services d’urgence aux zones sinistrées, ont entravé les efforts de réponse rapide à l’urgence. Le manque de systèmes d’information géographique précis s’est également révélé problématique.

Déficits de connaissance et de savoir territorial

Un autre enjeu crucial identifié lors de la catastrophe récente concerne la connaissance scientifique et le savoir territorial. La gestion des risques souffre d’une insuffisance de données scientifiques, bien que la prise en compte des facteurs sociologiques et culturels soit essentielle pour une gestion de crise efficace. De plus, l’obsolescence des cartes géologiques et hydrogéologiques, ainsi qu’une modélisation peu fiable des phénomènes extrêmes, soulèvent des préoccupations majeures pour la prévention des catastrophes.

Vers une gouvernance proactive

Pour renforcer la gouvernance globale des risques de catastrophes naturelles, plusieurs orientations stratégiques ont émergé des débats de l’IRES. Il s’agit notamment de repenser le cadre juridique et institutionnel, ce qui implique une gouvernance globale et structurante ainsi qu’une montée en compétence des institutions existantes. Il est également essentiel d’intégrer les connaissances prospectives dans les politiques publiques tout en favorisant l’innovation technologique dans la prévention et l’alerte. Par ailleurs, structurer les systèmes d’information est crucial, ce qui passe par le développement de systèmes viables de production de données sur les divers risques. Enfin, il convient de promouvoir une diplomatie nationale des risques en créant des partenariats internationaux pour échanger des bonnes pratiques et partager des ressources.

Actions d’anticipation, résilience et éducation

Pour éviter les catastrophes, l’anticipation des risques devrait être placée au cœur des priorités des politiques publiques, selon les recommandations de l’IRES. Il est également essentiel de développer des stratégies adaptées aux caractéristiques des différentes zones géographiques, notamment celles des régions littorales et rurales. Cet objectif nécessite également de favoriser la résilience des communautés. Par ailleurs, il est crucial d’améliorer l’éducation et la formation locales sur la gestion des risques pour renforcer la préparation des populations face aux situations catastrophiques.
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