Trois cents visites officielles en quatre ans. Un chiffre qui résume à lui seul l'intensité du mandat d'Ahmed Naser Al-Raisi à la tête d'Interpol. Lorsque le président de l'Organisation prend la parole, le 21 novembre 2025 lors d’une conférence de presse, c'est pour dresser le bilan d'une transformation profonde qui a bouleversé le fonctionnement de la première organisation policière mondiale. Et dans cette mutation, le Maroc n'est pas un simple spectateur. «Dès le début de mon mandat, je me suis rendu en Afrique et j'ai rencontré tous les pays sans exception», relate M. Al-Raisi. Cette approche méthodique, quasi exhaustive, illustre une philosophie : celle d'une organisation véritablement inclusive où chaque État membre, quelle que soit sa taille, dispose de la même voix et du même accès aux ressources.
Un bilan en chiffres éloquents
Les résultats de cette stratégie dépassent les espérances. «Lorsque j'ai pris mes fonctions en tant que président en 2021, nous comptions 195 pays. Nous sommes passés à 196, et d'autres rejoindront bientôt l'Organisation», annonce M. Al-Raisi. Mais c'est surtout le nombre d'officiers détachés qui témoigne du regain de confiance : de 104 pays contributeurs, l’organisation est passée à plus de 140 en quatre ans. «Cela n'est pas venu du hasard, mais de notre interaction et de la conviction des Chefs de gouvernement, des ministres de l'Intérieur et des responsables de la police dans le monde que cette Organisation construit avec eux une confiance élevée et une grande transparence», analyse le président d'Interpol.
Cette confiance retrouvée s'est traduite par un afflux massif de données : 60 millions d'enregistrements dans les bases, soit une augmentation de 50% en quatre ans seulement. L'utilisation de ces données suit la même courbe exponentielle. Les recherches annuelles ont atteint 7,8 milliards, un chiffre que M. Al-Raisi qualifie de «significatif» et qui reflète l'intensification de la coopération internationale. Sur le plan de la formation, 12.000 sessions ont été organisées, touchant près de 73.000 officiers et professionnels de l'application de la loi, «que ce soit en présentiel ou à distance».
Le leadership marocain en Afrique
Au cœur de cette dynamique, l’Afrique ne fait pas dans la simple figuration. Mohamed Dkhissi, vice-président d'Interpol pour le continent et directeur de la Police judiciaire marocaine, incarne cette nouvelle génération de leaders qui façonnent l'avenir de l'Organisation. Et cela, M. Al-Raisi tient à le souligner : «Le Maroc nous a offert un cadeau exceptionnel pour soutenir la sécurité en Afrique et dans le monde arabe, et pour construire ces ponts». Cette contribution se mesure en résultats tangibles. «L’utilisation des données par l'Afrique a augmenté de 300% grâce à cette coordination et à l'attention portée aux spécificités africaines», révèle le président d'Interpol. Un bond spectaculaire qui témoigne de l'efficacité de l'approche adoptée.
M. Dkhissi lui-même assume pleinement ce rôle de catalyseur. «Lors de nos réunions au comité exécutif, je demande toujours aux pays membres de participer aux instituts de formation au Maroc, notamment dans le domaine de la cybersécurité. J'invite tous les pays à participer aux opérations», explique-t-il. Cette diplomatie active a porté ses fruits, plaçant le Royaume au premier rang des contributions continentales. Le futur Centre mondial de formation d'Ifrane symbolise cette ambition. «Je suis invité à l’issue de l'Assemblée pour assister à l'inauguration du Centre mondial de formation au Maroc», annonce M. Al-Raisi. «Rien que le nom – Centre mondial de formation – signifie que vous accueillez la formation du monde entier. C'est vraiment quelque chose dont le Maroc peut être fier».
M. Dkhissi lui-même assume pleinement ce rôle de catalyseur. «Lors de nos réunions au comité exécutif, je demande toujours aux pays membres de participer aux instituts de formation au Maroc, notamment dans le domaine de la cybersécurité. J'invite tous les pays à participer aux opérations», explique-t-il. Cette diplomatie active a porté ses fruits, plaçant le Royaume au premier rang des contributions continentales. Le futur Centre mondial de formation d'Ifrane symbolise cette ambition. «Je suis invité à l’issue de l'Assemblée pour assister à l'inauguration du Centre mondial de formation au Maroc», annonce M. Al-Raisi. «Rien que le nom – Centre mondial de formation – signifie que vous accueillez la formation du monde entier. C'est vraiment quelque chose dont le Maroc peut être fier».
La révolution technologique au service de la sécurité
La modernisation constituait l'un des piliers de la campagne électorale de M. Al-Raisi. Quatre ans plus tard, la promesse s'est concrétisée. «La modernisation était au cœur de ma campagne électorale et, aujourd'hui, elle est un élément essentiel pour suivre le rythme de la criminalité», affirme-t-il. L'arsenal technologique déployé impressionne par son ampleur. Le métavers, le cloud privé, l'intelligence artificielle, le système de communication I-24/7 pour la transmission de données en temps réel, le Mobile Terminal pour les opérations de terrain : autant d'outils qui placent Interpol à la pointe de l'innovation et de l’efficacité. «Nous utilisons le métavers, nous utilisons le Mobile Terminal qui transmet les informations à tous ceux qui travaillent en première ligne dans les bureaux de sécurité», détaille le président.
Le Centre d'innovation de Singapour, créé sous son mandat, centralise ces développements technologiques. Mais c'est lors de cette Assemblée générale de Marrakech que s'opère le basculement définitif. «Pour la première fois dans l'histoire de l'Organisation centenaire, l'Assemblée sera entièrement numérisée», se félicite M. Al-Raisi. «Toutes les informations seront transmises électroniquement aux pays membres et aux représentants lors de cette Assemblée. C'est une évolution dont je suis très fier.»
Le Centre d'innovation de Singapour, créé sous son mandat, centralise ces développements technologiques. Mais c'est lors de cette Assemblée générale de Marrakech que s'opère le basculement définitif. «Pour la première fois dans l'histoire de l'Organisation centenaire, l'Assemblée sera entièrement numérisée», se félicite M. Al-Raisi. «Toutes les informations seront transmises électroniquement aux pays membres et aux représentants lors de cette Assemblée. C'est une évolution dont je suis très fier.»
La stratégie quinquennale 2025-2030
L'Assemblée générale de Marrakech n’est pas une simple occasion pour célébrer les succès passés. Elle marque le lancement une feuille de route ambitieuse pour les cinq prochaines années. «Nous avons préparé un plan stratégique quinquennal avec les membres du comité exécutif dont fait partie Mohamed Dkhissi», annonce M. Al-Raisi. «L'intelligence artificielle et l'utilisation des technologies modernes en font partie.»
Ce plan ne résulte pas d'une vision technocratique imposée d'en haut. «Un questionnaire a été soumis aux pays membres, et tous les pays ont participé aux défis auxquels ils font face. Ce plan a été élaboré pour les cinq prochaines années, incluant l'intelligence artificielle, la digitalisation, la transformation intelligente et l'utilisation des technologies les plus récentes», précise le président d'Interpol. Cette approche participative s'accompagne d'un système de suivi rigoureux. «On ne peut pas travailler sans plan stratégique. On ne peut pas travailler sans indicateurs de performance», insiste M. Al-Raisi. Le comité exécutif veillera à ce que toutes les décisions prises lors de l'Assemblée générale soient effectivement mises en œuvre.
Ce plan ne résulte pas d'une vision technocratique imposée d'en haut. «Un questionnaire a été soumis aux pays membres, et tous les pays ont participé aux défis auxquels ils font face. Ce plan a été élaboré pour les cinq prochaines années, incluant l'intelligence artificielle, la digitalisation, la transformation intelligente et l'utilisation des technologies les plus récentes», précise le président d'Interpol. Cette approche participative s'accompagne d'un système de suivi rigoureux. «On ne peut pas travailler sans plan stratégique. On ne peut pas travailler sans indicateurs de performance», insiste M. Al-Raisi. Le comité exécutif veillera à ce que toutes les décisions prises lors de l'Assemblée générale soient effectivement mises en œuvre.
La diversité et la représentativité au cœur du projet
La transformation d'Interpol ne se limite pas aux aspects technologiques. Elle touche également à la composition humaine de l'Organisation. M. Al-Raisi revendique une révolution dans la représentativité : «Nous avons fait en sorte qu'il y ait de l'inclusivité dans l'Organisation, avec 45% de femmes aujourd'hui». Cette parité se double d'une diversité géographique inédite. «Pour la première fois, nous avons un directeur d'Afrique, un directeur d'Asie, un secrétaire général, pour la première fois dans l'histoire de l'Organisation centenaire, venant d'Amérique du Sud», énumère-t-il avec fierté. Avant d'ajouter : «Et bien sûr, j'ai été le premier président arabe à accéder à cette fonction en 100 ans».
Cette diversité répond à une logique opérationnelle : disposer au sein de l'Organisation d'officiers détachés issus de tous les continents, «excellents, compétents et d'un haut niveau d'expertise, travaillant côte à côte avec les autres». Car, comme le souligne M. Al-Raisi, «chaque continent a ses spécificités – l'Afrique, l'Asie, les Amériques, l'Europe –, mais lorsque des officiers détachés qualifiés travaillent ensemble au sein de l'Organisation, ils obtiennent de bien meilleurs résultats».
Cette diversité répond à une logique opérationnelle : disposer au sein de l'Organisation d'officiers détachés issus de tous les continents, «excellents, compétents et d'un haut niveau d'expertise, travaillant côte à côte avec les autres». Car, comme le souligne M. Al-Raisi, «chaque continent a ses spécificités – l'Afrique, l'Asie, les Amériques, l'Europe –, mais lorsque des officiers détachés qualifiés travaillent ensemble au sein de l'Organisation, ils obtiennent de bien meilleurs résultats».
La Silver Notice, une arme contre l'impunité financière
Parmi les innovations majeures du mandat de M. Al-Raisi figure le déploiement effectif de la Silver Notice, ou Notice Argent. «Annoncée en 2016, mais mise en œuvre l'année dernière, plus de 90 pays participent aujourd'hui à cette notice», précise le président d'Interpol. Les résultats dépassent les attentes. «Plus de 2,5 milliards de dollars d'avoirs volés dans le monde ont été récupérés», révèle-t-il. Un montant colossal qui témoigne de l'efficacité de cet instrument dans la lutte contre la corruption et le blanchiment d'argent. «Auparavant, les gens prenaient cet argent et personne ne pouvait les atteindre. Aujourd'hui, personne n'est au-dessus de la loi». Cette réussite illustre la philosophie portée par M. Al-Raisi : la sécurité mondiale repose sur la rapidité de transmission des informations et sur la coopération effective entre États. «Sans coopération internationale, sans coordination et sans échange d'informations, il n'y aura pas de réussite sécuritaire telle que nous la concevons».
Le modèle émirati de contribution
Le président d'Interpol cite volontiers l'exemple de son pays, les Émirats arabes unis, pour illustrer ce qu'une contribution nationale peut apporter à l'Organisation. «Les Émirats ont fait leur plus grande contribution en proposant un président pour la première fois de leur histoire. Mais ils ont également envoyé 15 officiers dans tous les secteurs – drogues, crimes financiers, cybercriminalité, personnel féminin», détaille-t-il.
Cette contribution substantielle de la part d'un pays de taille modeste en population montre la voie. «Cette participation est en soi notre espoir pour l'avenir : la continuité de cette coopération sécuritaire, notre interconnexion, notre confiance mutuelle, notre confiance dans l'Organisation, le transfert d'informations et leur utilisation», analyse M. Al-Raisi. M. Dkhissi confirme l'excellence de cette coopération bilatérale maroco-émiratie : «C'est une coopération excellente, à un niveau très élevé, que ce soit entre les agents d'application de la loi ou entre les services des institutions sécuritaires en général».
Cette contribution substantielle de la part d'un pays de taille modeste en population montre la voie. «Cette participation est en soi notre espoir pour l'avenir : la continuité de cette coopération sécuritaire, notre interconnexion, notre confiance mutuelle, notre confiance dans l'Organisation, le transfert d'informations et leur utilisation», analyse M. Al-Raisi. M. Dkhissi confirme l'excellence de cette coopération bilatérale maroco-émiratie : «C'est une coopération excellente, à un niveau très élevé, que ce soit entre les agents d'application de la loi ou entre les services des institutions sécuritaires en général».
Une philosophie de neutralité et d'efficacité
Mais la force d'Interpol réside aussi dans sa capacité à transcender les clivages politiques. M. Al-Raisi y revient à plusieurs reprises lors de la conférence de presse. «La Constitution de l’organisation, dans son article trois, stipule qu'il ne faut pas interférer dans les aspects politiques, ethniques, religieux ou dans les guerres, tout conflit existant dans le monde», rappelle-t-il. Cette neutralité statutaire garantit la pérennité de la coopération, y compris entre pays en conflit. «Nous trouvons que tous les pays membres travaillent loin de ces différends au niveau sécuritaire. De nombreux pays ont entre eux des conflits et des divergences politiques et sécuritaires, mais au contraire, ils travaillent côte à côte sous l'égide de l'Organisation».
Le président d'Interpol formule cette interrogation rhétorique : «Réfléchissez simplement : comment serait notre situation aujourd'hui sans l'Organisation Interpol ? Il y a 100 ans, chacun traitait son crime localement. Mais aujourd'hui, sans l'Organisation Interpol, sans ce travail sécuritaire commun, quelle serait la situation ? je vous laisse répondre à ces questions». Cette vision d'une sécurité mondiale comme bien commun irrigue toute l'action de M. Al-Raisi. «Le message que j'ai toujours voulu transmettre à tous les pays du monde, c'est que cette Organisation est votre organisation. Devant chaque Chef d'État, chaque Chef de gouvernement, chaque ministre que j'ai rencontré, j'ai ancré ce message : c'est votre organisation. Elle ne vous fait pas de faveur, c'est vous, en tant que pays membres, qui lui faites une faveur».
Le président d'Interpol formule cette interrogation rhétorique : «Réfléchissez simplement : comment serait notre situation aujourd'hui sans l'Organisation Interpol ? Il y a 100 ans, chacun traitait son crime localement. Mais aujourd'hui, sans l'Organisation Interpol, sans ce travail sécuritaire commun, quelle serait la situation ? je vous laisse répondre à ces questions». Cette vision d'une sécurité mondiale comme bien commun irrigue toute l'action de M. Al-Raisi. «Le message que j'ai toujours voulu transmettre à tous les pays du monde, c'est que cette Organisation est votre organisation. Devant chaque Chef d'État, chaque Chef de gouvernement, chaque ministre que j'ai rencontré, j'ai ancré ce message : c'est votre organisation. Elle ne vous fait pas de faveur, c'est vous, en tant que pays membres, qui lui faites une faveur».
