Vingt ans après la création de l’Instance Équité et Réconciliation (IER), une rencontre commémorative a offert l’occasion de revisiter, avec lucidité et exigence, le contexte et les enjeux d’une expérience qualifiée de pionnière dans le monde arabe. Pensée dans le cadre d’un processus structuré autour de la mémoire, de la réparation et de l’ancrage démocratique, cette instance a permis au Maroc d’explorer avec courage des pages douloureuses de son histoire pour se lancer avec responsabilité et sérénité dans le projet de consolidation de l’État de droit.
Si nombre d’intervenants ont salué les avancées réalisées, notamment en matière de reconnaissance des violations commises, et les réparations individuelles et collectives consenties, plusieurs voix se sont élevées pour souligner la nécessité de renforcer et de parachever ce processus. L’accent a été mis sur l’urgence de combler les retards accumulés, d’insuffler un nouvel élan à la dynamique de réconciliation nationale et de garantir une meilleure articulation entre les recommandations de l’IER et les politiques publiques actuelles, notamment en matière de gouvernance sécuritaire et judiciaire.
Si nombre d’intervenants ont salué les avancées réalisées, notamment en matière de reconnaissance des violations commises, et les réparations individuelles et collectives consenties, plusieurs voix se sont élevées pour souligner la nécessité de renforcer et de parachever ce processus. L’accent a été mis sur l’urgence de combler les retards accumulés, d’insuffler un nouvel élan à la dynamique de réconciliation nationale et de garantir une meilleure articulation entre les recommandations de l’IER et les politiques publiques actuelles, notamment en matière de gouvernance sécuritaire et judiciaire.
Des avancées indéniables, mais des attentes aussi
Parmi les prises de parole marquantes de cette rencontre, l’intervention de Khadija Marouazi, militante des droits humains et actrice de la société civile, a brillé par sa pertinence. Soulignant l’importance historique du processus enclenché par l’Instance équité et réconciliation, elle a salué la reconnaissance officielle des violations graves des droits humains comme un tournant décisif dans le rapport de l’État à sa propre histoire. De même, elle a mis en avant les efforts engagés dans le domaine des réparations, qu’elles soient matérielles, symboliques ou collectives, y voyant un geste fort en direction des victimes, de leurs familles ou des régions ayant souffert de marginalisation pour des raisons politiques.
Mais au-delà des acquis, Khadija Marouazi n’a pas caché son inquiétude quant au devenir de ce chantier ouvert il y a deux décennies. Elle a notamment pointé l’absence d’un mécanisme structurant de suivi et d’évaluation des recommandations formulées par l’IER, ce qui, selon elle, affaiblit leur portée et compromet leur mise en œuvre effective et pérenne. Mme Marouazi a insisté à cet égard sur l’impérieuse nécessité de progresser sur les garanties de non-répétition, en particulier à travers une réforme profonde et crédible du secteur sécuritaire et de celui de la justice. Elle a également souligné que la préservation de la mémoire collective ne pouvait se limiter à des gestes symboliques isolés, mais devait s’inscrire dans une stratégie publique de transmission, d’éducation et de reconnaissance continue.
En filigrane, l’intervention de Khadija Marouazi a soulevé une question fondamentale : comment garantir la pérennité de l’héritage de l’IER au-delà de son institutionnalisation, comment éviter que cette étape marquante ne tombe dans l’oubli ou, surtout, comment faire en sorte que cette expérience exceptionnelle continue d’inspirer les politiques publiques de manière à consolider l’édification démocratique du Royaume.
Mais au-delà des acquis, Khadija Marouazi n’a pas caché son inquiétude quant au devenir de ce chantier ouvert il y a deux décennies. Elle a notamment pointé l’absence d’un mécanisme structurant de suivi et d’évaluation des recommandations formulées par l’IER, ce qui, selon elle, affaiblit leur portée et compromet leur mise en œuvre effective et pérenne. Mme Marouazi a insisté à cet égard sur l’impérieuse nécessité de progresser sur les garanties de non-répétition, en particulier à travers une réforme profonde et crédible du secteur sécuritaire et de celui de la justice. Elle a également souligné que la préservation de la mémoire collective ne pouvait se limiter à des gestes symboliques isolés, mais devait s’inscrire dans une stratégie publique de transmission, d’éducation et de reconnaissance continue.
En filigrane, l’intervention de Khadija Marouazi a soulevé une question fondamentale : comment garantir la pérennité de l’héritage de l’IER au-delà de son institutionnalisation, comment éviter que cette étape marquante ne tombe dans l’oubli ou, surtout, comment faire en sorte que cette expérience exceptionnelle continue d’inspirer les politiques publiques de manière à consolider l’édification démocratique du Royaume.
Réhabiliter davantage la mémoire collective
Les témoignages des autres participants à cette rencontres, qu’il s’agisse d’acteurs associatifs et d’anciennes victimes ou leur proches ont mis l’accent sur la nécessité de maintenir vivace la philosophie de la justice transitionnelle. À travers leurs voix, c’est une exigence morale et politique qui s’est exprimée : celle de conserver et protéger la mémoire des violations graves passées, non comme un simple exercice rétrospectif, mais comme un socle pour une citoyenneté éclairée.
La préservation des archives, la conservation rigoureuse des récits individuels et collectifs, ainsi que la nécessité de transmettre cette mémoire aux jeunes générations ont été soulignées comme un devoir de mémoire, mais aussi comme un témoin de la volonté ardente du Maroc de rompre avec les exactions de passé et de bâtir un État fort de ses institutions et de ses choix pour la démocratie et la primauté de la loi. Pour les participants, cette lourde responsabilité n’incombe pas seulement à l’État, mais aussi à tous les acteurs, qu’ils soient citoyens, partis politiques ou militants associatifs.
La préservation des archives, la conservation rigoureuse des récits individuels et collectifs, ainsi que la nécessité de transmettre cette mémoire aux jeunes générations ont été soulignées comme un devoir de mémoire, mais aussi comme un témoin de la volonté ardente du Maroc de rompre avec les exactions de passé et de bâtir un État fort de ses institutions et de ses choix pour la démocratie et la primauté de la loi. Pour les participants, cette lourde responsabilité n’incombe pas seulement à l’État, mais aussi à tous les acteurs, qu’ils soient citoyens, partis politiques ou militants associatifs.
Vers une nouvelle phase du processus ?
La préservation et la fructification de cette expérience a poussé d’ailleurs certains intervenants à esquisser les contours d’une nouvelle étape à envisager dans le parcours de parachèvement de la justice transitionnelle au Maroc. Le contexte national actuel, avec ses défis sociaux, institutionnels et démocratiques, exige selon eux une relecture critique des engagements de l’État en matière de réhabilitation certaines catégories de victimes. Ils ont ainsi insisté en particulier sur la relance du programme de réparation communautaire, en renforçant son ancrage territorial et sa dimension participative.
Outre cette piste, des participants ont même appelé à la redéfinition des engagements de l’État en matière de vérité, de justice et de citoyenneté. Mais selon eux, ces appels ne sont pas formulés dans une logique de dénonciation ou de récrimination, loin de là. Il s’agit d’un souci citoyen ayant pour objet d’insuffler un esprit de renouveau à la philosophie de l’IER de manière à ce que cette dernière poursuive la dynamique réformiste pour la construction une société fondée sur la reconnaissance des droits, la cohésion et l’inclusion. À travers ces paroles, c’est bien une invitation à renouer avec l’esprit initial de la justice transitionnelle qui s’est dessinée. L’objectif selon les participants est de donner un nouvel élan à ce concept de manière à en tirer les meilleurs enseignements pour renforcer les réformes en cours.
Et c’est la raison pour laquelle d’ailleurs les échanges avec l’assistance ont permis d’aborder des questions telles que celles de la transmission de l'expérience de l’IER aux jeunes générations. Plusieurs intervenants ont déploré l'absence d’actions ou de programmes de sensibilisation destinés à la jeunesse. Pour certains intervenants, la réconciliation et la reconnaissance des violations du passé doivent être rappelées comme partie intégrante de l’évolution du Maroc, un pays qui, sans complexe aucun et avec beaucoup de courage, a choisi d’ouvrir un nouveau chapitre en tournant définitivement des pages douloureuses de son histoire.
IER, le Maroc fait figure de pionnier
Avec courage et responsabilité, le Maroc a choisi d’ouvrir le dossier des violations passées des droits de l’Homme, de reconnaître le tort causé aux victimes et leurs ayants droit, de les indemniser et de les réhabiliter. Cette démarche exceptionnelle qui a inauguré une nouvelle ère dans la relation entre l’État et les citoyens a été rendue possible grâce à la création en 2004 de l’Instance équité et réconciliation. La mise en place de cette instance a été l’expression d’une volonté sincère de mener à bien ce processus progressif, délicat et complexe, dans un esprit de communion et de concorde pour parvenir à un règlement juste et équitable du dossier des abus commis dans le passé. Cette Instance, qui a cristallisé l’aboutissement de longs débats mettant en jeu acteurs politiques et forces vives de la société civile, a permis d’explorer les meilleures voies possibles pour assurer ce règlement dans la dignité et la sérénité et avec l’engagement de mettre en place les mécanismes institutionnelles et juridiques ainsi que les réformes nécessaires pour éviter de la reproduction de tels dérapages.