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La «Coalition populaire», une nouvelle alliance du MP, du PND et du PML pour «ennoblir» le champ partisan

Le jeudi 9 janvier 2025, au siège du Mouvement populaire à Rabat, trois partis politiques marocains – le Mouvement populaire, le Parti national démocratique et le Parti marocain libéral – ont officiellement lancé la «Coalition populaire». Réunis autour d’une plateforme commune articulée autour de 13 objectifs clés, les dirigeants des trois partis ont exprimé leur volonté de dépasser les clivages traditionnels pour construire une offre politique alternative, en phase avec les attentes des citoyens et les défis actuels du pays. Cette coalition qui se dit «ouverte» ambitionne de rassembler les forces vives du pays autour d’une vision partagée, fondée sur les valeurs démocratiques, la justice sociale et le progrès.

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Dans un paysage politique marocain habitué aux scissions et aux divisions, l’initiative lancée par trois partis politiques était pour le moins inattendue. Le Mouvement populaire, le Parti marocain libéral et le Parti national démocratique ont décidé de s’unir pour créer la «Coalition populaire». Selon les leaders de ces partis, ce regroupement ne se résume pas à une simple alliance électorale. Leur ambition ? Refonder en profondeur la pratique politique au Maroc, pour mieux répondre aux attentes des citoyens et affronter les nombreux défis auxquels le pays fait face. Une promesse qui suscite autant d’espoirs que d’interrogations. Plongée dans les coulisses de cette initiative présentées par ses initiateurs comme étant «hors normes».

Un acte fondateur pour réinventer la politique marocaine

C’est dans une atmosphère à la fois solennelle et enthousiaste – malgré quelques cafouillages organisationnels – que s’est déroulée, le 9 janvier dernier, la cérémonie de signature de la plateforme fondatrice de la Coalition populaire. Devant une assistance nombreuse réunissant militants, sympathisants, journalistes et observateurs, les secrétaires généraux des trois partis à l’origine du projet – Mohamed Ouzzine pour le MP, Khalid Bakkali pour le PND et Isaac Charia pour le PML – ont tour à tour pris la parole pour en exposer la philosophie et les grandes lignes.

«Nous sommes rassemblés aujourd’hui pour poser un acte fondateur, grâce auquel nous espérons contribuer à remettre la politique marocaine sur les rails du progrès et de la démocratie», a déclaré M. Ouzzine en ouverture de son allocution. Il a souligné la volonté des partis fondateurs de «dépasser les clivages artificiels et les querelles de chapelles pour se concentrer sur l’essentiel: l’intérêt supérieur de la nation et le bien-être des citoyens».

De son côté, Khalid Bakkali a insisté sur la dimension historique de l’événement : «Cette coalition s’inscrit dans la continuité des combats menés par les forces progressistes depuis l’indépendance pour faire avancer la démocratie et les droits humains dans notre pays. Aujourd’hui, nous franchissons une nouvelle étape en proposant un cadre inédit pour l’action politique, fondé sur le dialogue, l’ouverture et la recherche de solutions concrètes aux problèmes des Marocains».



Isaac Charia a pour sa part mis l’accent sur l’urgence d’agir face à la dégradation de la situation politique et sociale : «Notre pays traverse une crise profonde, qui se manifeste par une perte de confiance des citoyens dans les acteurs politiques. Des courants régressifs menacent les acquis démocratiques et les valeurs qui fondent notre identité. Face à ces périls, il est de notre devoir de réagir en créant une alternative crédible et porteuse d’espoir».

13 objectifs «ambitieux» pour transformer le Maroc

Au cœur du projet de la Coalition populaire figure une plateforme en 13 points, véritable feuille de route pour la réforme politique, économique et sociale du pays. Parmi les objectifs majeurs figurent la consolidation de l’État de droit et des institutions démocratiques, la promotion de la justice sociale et territoriale, la défense de l’identité marocaine dans sa pluralité, ou encore le renforcement de la place du Maroc sur la scène internationale.

«Notre ambition est de bâtir un Maroc plus juste, plus solidaire et plus démocratique, où chaque citoyen puisse s’épanouir et trouver sa place», a résumé Mohamed Ouzzine. «Cela passe par des réformes profondes touchant tous les domaines, de l’éducation à la santé en passant par l’emploi, l’économie ou encore l’environnement. Les 13 objectifs que nous avons définis dessinent les contours de ce Maroc nouveau auquel nous aspirons».

La plateforme met notamment l’accent sur la nécessité de restaurer la confiance dans l’action politique, en promouvant une nouvelle génération d’élites intègres et compétentes. «Trop souvent, la politique a été synonyme de calculs électoralistes, de clientélisme et de course aux postes. Nous voulons changer cette image en faisant émerger des responsables exemplaires, animés par le seul souci de servir l’intérêt général», a affirmé Khalid Bakkali.

Un autre axe central est la lutte contre les inégalités territoriales et l’exclusion sociale. «Notre coalition veut être la voix des oubliés, de tous ces Marocains qui vivent dans des zones enclavées, qui peinent à accéder à l’éducation et aux soins, qui ne trouvent pas d’emploi malgré leurs efforts. Une de nos priorités sera de rétablir la justice spatiale et d’assurer le développement équilibré de toutes les régions du pays», a promis Isaac Charia.

«Une coalition ouverte et à l’écoute des citoyens»

Lors de la cérémonie de lancement, les dirigeants de la Coalition populaire ont tenu à souligner que leur initiative ne se limitait pas aux trois partis fondateurs, mais avait vocation à rassembler toutes les forces vives de la nation autour d’un projet commun. «Nous lançons un appel à tous les partis et mouvements politiques, à toutes les organisations de la société civile qui partagent nos valeurs et notre ambition pour le Maroc, afin qu’ils nous rejoignent et enrichissent notre projet», a lancé M. Ouzzine. De même, les fondateurs de la coalition ont insisté sur leur volonté d’être à l’écoute des citoyens et d’associer l’ensemble des composantes de la société marocaine à leur réflexion. «Nous ne voulons pas être une coalition hors sol, déconnectée des réalités et des aspirations des Marocains. Au contraire, notre action sera guidée en permanence par les remontées du terrain, le dialogue avec les acteurs locaux, la concertation avec les forces vives», a assuré M. Bakkali.

Pour ce faire, la Coalition populaire entend mettre en place une série de mécanismes innovants, comme l’a expliqué Aaddi Sbaï, membre du bureau politique du MP : «Nous allons créer des commissions spécialisées qui travailleront sur la déclinaison de notre projet à tous les niveaux, en interne comme en externe».

Scissions et rassemblements : le parcours atypique du courant Haraki

Le lancement de la Coalition populaire intervient dans un contexte politique marocain marqué, depuis l’indépendance, par de nombreuses scissions et divisions au sein des partis. Cette fragmentation a contribué à affaiblir le multipartisme, le réduisant souvent à une «valeur formelle» selon les termes du sociologue Mohammed El Ayadi. Le Mouvement populaire (créé en 1959), acteur historique de la scène politique nationale, n’a pas été épargné par ce phénomène. Il a connu une scission majeure avec la création du Mouvement populaire démocratique et constitutionnel (en 1967) par docteur Abdelkrim Khatib et du Mouvement national populaire (MNP en 1991) par Mahjoubi Aherdane. Il aura fallu attendre une décennie et le congrès de 2001 pour que le MNP se structure réellement en tant que parti, pour connaître, la même année, une autre scission donnant naissance à l’Union démocratique (UD) dirigée par Bouazza Ikken. Cependant, conscient des effets délétères de ces divisions, le courant «Haraki» (Populaire) a œuvré pour les surmonter et rassembler les forces politiques partageant les mêmes valeurs. Ainsi, en 2006, le Mouvement populaire, le MNP et l’Union démocratique (UD) ont fusionné pour donner naissance à un parti unifié : le parti ancêtre MP. Comme l’a souligné M’hand Laenser, président du MP, qui rappelle cette fusion des trois formations en 2006, lors de son allocution inaugurale de la Coalition populaire, ne se limitait pas à des objectifs électoralistes, mais ambitionnait de servir l’intérêt général et de consolider le multipartisme et la démocratie dans le pays.
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