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La régionalisation avancée à l’épreuve des défis territoriaux (Assises de Tanger 2024)

À travers six ateliers thématiques, les participants aux Assises nationales de la régionalisation avancée, tenues à Tanger les 20 et 21 décembre 2024, ont échangé sur des enjeux cruciaux tels que l'attractivité territoriale, la gestion des ressources financières et hydriques, la transition vers un transport durable et la transformation digitale, afin de tracer une feuille de route commune pour l'avenir des régions du Maroc.

Les Assises nationales de la régionalisation avancée, tenues à Tanger les 20 et 21 décembre 2024, ont marqué une étape essentielle dans l'approfondissement de ce chantier stratégique pour le développement territorial du Maroc. À l’ouverture de cet événement, le message Royal adressé aux 1.560 participants a donné le ton en définissant les sept défis majeurs et les trois priorités stratégiques pour une régionalisation avancée inclusive, efficace et cohérente.

Dans cette optique, six ateliers ont été tenus tout au long des deux journées de cette deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée afin d’élaborer une feuille de route claire et consensuelle, conformément aux orientations exprimées par S.M. le Roi Mohammed VI dans Son message dont lecture a été donnée à cette occasion par le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit. Chaque atelier s'est concentré sur un défi majeur ou une priorité, couvrant des sujets comme la déconcentration, l’opérationnalisation des compétences des régions, la mobilisation des ressources financières, la gestion du stress hydrique et du système du transport ainsi que la transformation digitale.



Vers une meilleure attractivité territoriale

L'attractivité d'un territoire est aujourd'hui perçue comme un véritable indicateur de performance, mesurant non seulement sa capacité à attirer des investissements et des talents, mais aussi à améliorer le bien-être de ses habitants. Toutefois, l’un des grands défis reste l’adaptation des compétences aux spécificités de chaque territoire. En effet, chaque région possède ses propres caractéristiques et enjeux, qu'il convient de prendre en compte pour élaborer des stratégies d’attractivité véritablement adaptées et efficaces. Cette réflexion a constitué l’un des axes centraux du premier atelier des deuxièmes Assises de la régionalisation avancée, tenu le 20 décembre 2024, sous le thème «Les défis d’opérationnalisation des compétences des régions pour la promotion de l’attractivité territoriale».

Rassemblant une pléiade de décideurs, de gestionnaires de la chose locale et d’experts, ce workshop a permis de mettre en lumière les nombreux atouts et les potentialités uniques des différentes régions du Maroc, notamment les provinces du Sud. Dans ce cadre, Younes Benakki, secrétaire général du Conseil économique, social et environnemental (CESE), a souligné la portée stratégique du modèle de développement des provinces du Sud. Selon lui, ce modèle incarne une vision ambitieuse qui vise à instaurer un développement intégré, global et durable, répondant ainsi aux défis spécifiques de ces régions tout en préparant l'avenir. Les trois provinces du Sud connaissent aujourd’hui un essor significatif, illustré par la mise en place d’infrastructures modernes et de projets économiques et sociaux d'envergure. Ces initiatives ont transformé ces régions en véritables catalyseurs de développement, tout en les rendant attractives pour les investissements tant nationaux qu’internationaux. Au cœur de ce modèle de développement, la dimension humaine est primordiale. Younes Benakki a souligné que la véritable clé de ce processus réside dans l'implication directe des habitants. «Le citoyen est la pierre angulaire de toute stratégie de développement», affirme-t-il.

La région de Dakhla-Oued Eddahab illustre parfaitement la mise en œuvre du modèle de développement des provinces du Sud du Maroc. Lors de son intervention, le président du Conseil régional de Dakhla-Oued Eddahab, Yanja El Khattat, a exposé les avancées remarquables réalisées par sa région, soulignant, notamment, l’impact positif de la régionalisation avancée. Une réforme qui a permis à Dakhla-Oued Eddahab de moderniser ses structures et de renforcer l'efficacité des politiques publiques locales. Selon M. El Khattat, la régionalisation avancée a non seulement optimisé la gestion régionale, mais elle a aussi contribué à une gouvernance agile, capable de répondre de manière plus réactive aux besoins locaux.

Le président de la région a également insisté sur l'effet direct et significatif de cette décentralisation sur le développement du capital humain. En offrant aux régions une plus grande autonomie dans la gestion des ressources humaines et des compétences, la régionalisation a permis de mieux adapter les politiques publiques aux réalités et aux spécificités locales. Ce processus a également favorisé une gestion plus souple et participative, dans laquelle les acteurs locaux – citoyens, entreprises ou associations – jouent un rôle clé dans la prise de décisions. En somme, la régionalisation avancée a permis à Dakhla-Oued Eddahab de se positionner comme un modèle de transformation, où la gouvernance locale renforcée et l’implication directe des citoyens sont au cœur d’un développement harmonieux et durable. Yanja El Khattat a, en outre, souligné que le Message Royal adressé aux participants des deuxièmes Assises nationales de la régionalisation avancée appelle à «passer à la vitesse maximale», en privilégiant une nouvelle contractualisation entre l’État et les régions.

Samir Koudar, président du Conseil régional de Marrakech-Safi, a présenté, de son côté, la feuille de route mise en place par sa région pour stimuler son attractivité et favoriser son développement économique. Un des projets majeurs de cette vision est l’aménagement de nouvelles routes nationales reliant Marrakech aux autres principales villes de la région. Ce chantier stratégique, vise à renforcer la connectivité entre les zones économiques de la région, facilitant ainsi l’accès aux différents pôles d'activité.

Un autre projet stratégique phare du Conseil régional de Marrakech-Safi est le développement du pôle industriel de Tamansourt qui s'étend sur 40 hectares. En plus de répondre aux besoins croissants du marché du travail, cette initiative ambitionne de faire de Marrakech-Safi un véritable centre de compétitivité industrielle, capable de se positionner comme un acteur clé sur la scène économique nationale et internationale. En parallèle, la région mise également sur le développement de la Ligne industrielle Azkan, un projet complémentaire pour dynamiser encore davantage le secteur industriel local. Pour aller de l’avant, le Conseil régional de Marrakech-Safi est pleinement conscient de la nécessité d’encourager l’échange, la concertation et la collaboration entre tous les acteurs concernés par la régionalisation avancée. En impliquant activement les collectivités locales, les entreprises, les institutions publiques, les citoyens et la société civile, la région entend garantir une gouvernance inclusive et participative, où chaque voix a son importance dans la définition et la mise en œuvre des projets structurants.



Décentralisation et déconcentration : un tandem stratégique pour l’essor de l’investissement

Lorsqu’il est question de régions au sens large et de plans de développement régionaux en particulier, le même son de cloche revient sans cesse : l’effort d’investissement public à lui seul ne saurait suffire et permettre par son seul biais la réalisation du plein potentiel de ces territoires. Le deuxième atelier thématique organisé lors de la première journée des deuxièmes Assises nationales de la régionalisation avancée s’est focalisé sur cette problématique du financement en retenant comme sujet de réflexion «La convergence entre la décentralisation et la déconcentration administrative, une exigence primordiale pour promouvoir l’investissement productif».

Ainsi, régions et collectivités territoriales sont invitées à jouer un rôle essentiel dans le soutien de l’investissement productif en collaboration avec l’État. Les missions qui leur sont dévolues en ce sens impliquent entre autres le soutien à l’environnement de production. Autrement dit, les régions doivent renforcer leur attractivité économique. Un impératif difficile quand les Conseils régionaux ne disposent que de peu de ressources propres. Il était ainsi question, pour les panélistes, de plancher sur des approches à même de renforcer cette attractivité et de formuler des recommandations sur la démarche à suivre. Démarche qui englobe nécessairement la promotion de l’investissement privé.

Cent milliards de dirhams : c’est la somme stratosphérique investie par l’État pour accompagner régions et collectivités en matière de promotion de l’investissement privé à travers le soutien aux entreprises et la mise en place des zones d'activité économique. Un rappel émanant de Hassan El Arafi, expert-consultant, qui lance un appel à la clarification du rôle et des attributions des Conseils régionaux en matière d'accompagnement des investissements. Le doyen de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l'Université Ibn Toufaïl, Ahmed Ajaoun, le rejoint sur ce point, tout en relevant la nécessité de préciser les prérogatives des régions en améliorant notamment les pratiques de coordination et en adoptant une approche basée sur de nouveaux mécanismes de contractualisation entre l'État et ces territoires.

L’occasion pour Omar Moro de passer en revue les objectifs stratégiques du Conseil régional. L’homme aux commandes de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma affirme que lesdits objectifs s’articulent autour du développement économique et social ou encore de l'adoption de stratégies sectorielles nationales en faveur d'un développement durable. Parmi les recommandations, nous retiendrons celles s’articulant autour du renforcement du rôle de la recherche scientifique et de l'innovation, et ce pour soutenir les stratégies précitées.

Le secteur privé, parfois pointé du doigt pour un supposé manque d’implication dans le dynamisme de l’investissement productif, était aussi présent lors de ce conclave par le biais de Bouthayna Iraqui-Houssaïni, présidente de la section de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) de la région de Rabat-Salé-Kénitra. Les réalisations des investisseurs privés prennent des allures de prouesse quand on connaît les nombreuses lourdeurs administratives qui peuvent freiner l’enthousiasme de l’entrepreneuriat. L’innovation abordée lors de ce panel se devait ainsi d’être multidimensionnelle, englobant toutes les parties prenantes, pour que les régions puissent valoriser l’investissement productif et ainsi réaliser pleinement leur développement territorial et leur autonomie.

Défis financiers : des solutions innovantes et des partenariats stratégiques s'imposent

Le développement des territoires au Maroc nécessite une approche stratégique basée sur des partenariats financiers solides, la diversification des sources de financement et la mise en place de mécanismes financiers adaptés. C’est ce qui ressort du troisième atelier organisé le 20 décembre 2024 sur «Les défis de financement des programmes d’investissement des régions». Ainsi, les régions sont appelées à optimiser leurs ressources et adopter des outils innovants pour répondre aux défis et saisir les opportunités de développement, notamment en préparation du Cap 2030. Seulement, pour atteindre cet objectif, des présidents de régions, qui ont pris part à ce débat, ont appelé à une augmentation du plafond des crédits alloués aux régions dans le budget général, limité actuellement à 10 milliards de DH.

C’est le cas notamment du président du Conseil de la région de Draâ-Tafilalet, Hro Abrou, qui a présenté les axes du programme de développement régional de sa région, notant que le coût total de ce programme, basé sur quatre piliers (économique, social, spatial et culturel), s'élevait à 15,9 milliards de dirhams (MMDH), dont 5,4 MMDH assurés par la région. Il a par la même occasion appelé à un changement des critères de répartition des ressources et à l'activation des fonds de solidarité entre les régions.

Pour sa part, le président du Conseil de la région de Rabat-Salé-Kénitra, Rachid El Abdi, a insisté sur l'augmentation du financement de l'État en faveur des régions et l'ouverture de nouvelles perspectives afin de permettre aux régions de trouver de nouvelles sources de financement, soulignant que les régions étaient en quête de partenariats réussis et de la confiance des établissements financiers.

À ce titre, les partenariats financiers se révèlent cruciaux pour structurer les financements nécessaires à la réalisation de projets ambitieux. Ces partenariats permettent d'aligner les parties prenantes autour de priorités stratégiques nationales et d’assurer une mobilisation efficace des ressources et des expertises. Le groupe CDG illustre bien cette dynamique, avec des exemples concrets comme le projet de l’autoroute de l’eau ou de la station de dessalement d’Agadir, où il intervient à la fois en tant que cofinanceur et fournisseur d’expertise technique.

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) s’engage aussi à soutenir les collectivités territoriales avec des financements diversifiés. L’exemple de l’émission obligataire lancée par la Commune territoriale d’Agadir en 2022 a été évoquée. La BERD, en tant que l’un des participants à l’émission obligataire, au même titre que les investisseurs institutionnels nationaux, a renouvelé sa confiance dans l’économie nationale et les projets publics menés par les collectivités locales. De son côté, Yannis Arvantes, expert à la Banque mondiale, a évoqué le rôle joué par la Banque dans l'appui aux processus de décentralisation et de déconcentration au Maroc avec un portefeuille de 1,9 MMDH réparti sur cinq programmes.

Outre l’accès aux marchés des capitaux à travers l’émission d’obligations, d’autres instruments ont été évoqués tels les partenariats financiers public-privé (PPP) et les crédits bancaires. Actuellement, c’est le Fonds d’équipement communal qui vole la vedette, comme en témoignent les prêts octroyés aux Conseils régionaux qui sont passés de 1,3 MMDH en 2015 à environ 12 MMDH en 2023, alors que le financement du Fonds est passé de 1,8 MMDH en 2015 à plus de 4 MMDH en 2023. Quant à la contribution des autres banques à cette dynamique, elle est toujours en retrait.



Gestion de l’eau : un enjeu de résilience et de durabilité

L’eau, un défi crucial pour les douze régions du Maroc. Sécheresse chronique, hausse du mercure, le pays doit sécuriser son accès à l’eau potable et d’irrigation et se prémunir contre les risques d’inondation qui augmentent. Le paradoxe de la combinaison ressources hydriques et climat à des effets potentiellement dévastateurs, notamment pour un pays agricole. Le quatrième panel consacré à «La sécurisation de l’approvisionnement en eau dans le contexte du stress hydrique, les défis actuels et les perspectives» met en lumière tout l’enjeu de ce challenge, qui va au-delà du simple approvisionnement en eau. L’heure est à la gouvernance hydrique. L’Association des régions du Maroc (ARM) est claire sur ce point : la confrontation au stress hydrique est un point d’entrée primordial pour un développement territorial durable.

L’expertise du Maroc, qui subit de plein fouet les effets du changement climatique, n’est pas à démontrer en matière de gestion de l’eau. Une politique qui a permis de réaliser plusieurs acquis grâce à d'importantes infrastructures hydrauliques, entres barrages, ouvrages de dérivation des eaux, puits et forages pour l'exploitation des eaux souterraines, stations de dessalement de l'eau, ou encore stations d'épuration des eaux usées, rappelle Abdelaziz Zerouali. Le directeur général de l'ingénierie hydraulique au ministère de l’Équipement et de l'eau énonce aussi les piliers de la nouvelle stratégie de l'eau du département. Outre le développement de l'offre, la gestion de la demande et la protection des ressources hydriques, il est aussi question de modernisation de l'administration et de qualification des ressources humaines.

Les régions sont aussi invitées à initier des programmes et des initiatives plus ambitieux dans le cadre d’une stratégie d’économie d’eau. Deux régions ont été conviées à partager leur expérience en matière de mise en œuvre et d’actualisation des politiques et stratégies publiques. Fès-Meknès a par exemple accéléré la construction des barrages et lacs collinaires et la réalisation de puits et de forages pour assurer l'approvisionnement en eau potable des zones enclavées. Le président du Conseil de la région, Abdelouahad El Ansari, a également pointé du doigt les différentes contraintes et défis liés à la surexploitation des eaux souterraines, à la pollution des vallées causée par les activités industrielles et à l'adoption de certaines cultures trop gourmandes en eau. Le stress hydrique, qualifié de phénomène structurel par le responsable, devrait par ailleurs renforcer la solidarité inter-régions, entre celles disposant de ressources en eau abondantes et celles qui en manquent.

La région voisine, Béni Mellal-Khénifra, insiste, pour sa part, sur l'importance de l'interconnexion des bassins hydrauliques pour promouvoir les activités agricoles et garantir l’approvisionnement de la population en eau potable. Selon Adil Barakat, le changement climatique a considérablement affecté les ressources en eau de la région qu’il préside. Il cite parmi les principaux projets liés à la gestion de l'eau dans la région, celui de l'OCP pour le traitement des eaux usées.

Si l’appel est lancé pour la mutualisation des efforts entre les régions pour faire face à la rareté de l’eau, il s’agit aussi et avant tout de développer des stratégies pour assurer l’approvisionnement en eau potable et d’irrigation et d’évaluer les modes de gestion du service public de l’eau. Et il y a urgence. L’opérationnalisation se doit d’être à court et moyen termes.

Transport durable : un moteur d’attractivité territoriale

La gestion efficace du système de transport et de mobilité constitue une condition essentielle pour le développement régional intégré dans les différentes régions du Maroc. C’est ce qu’ont affirmé, samedi à Tanger, les participants à un atelier ayant pour thème «Le développement du système de transport et de mobilité durables, défis et perspectives». Ce workshop a mis en avant l’importance d’un système de transport inclusif et durable pour favoriser un développement territorial harmonieux aux niveaux régional et local.

Le président du Conseil de la région de Casablanca-Settat, Abdellatif Maazouz, a souligné, à cette occasion, la portée de la convention-cadre signée la veille, portant sur le financement du programme d’investissement du nouveau modèle de contrats de gestion déléguée du transport public urbain et intercommunal par autobus, pour un montant de 11 milliards de dirhams couvrant la période 2025-2029. Il a également évoqué les avancées de sa région en matière de transport, avec des infrastructures diversifiées comme le tramway, le casabusway et le réseau casa bus, rendues possibles grâce à des investissements conséquents. Abdellatif Maazouz a cependant appelé à renforcer ces efforts, notamment dans les zones rurales, et a cité les projets structurants en cours, tels que le réaménagement du réseau ferroviaire et l’amélioration des axes routiers entourant le grand stade Hassan II à l’horizon 2030.

De son côté, Karim Achengli, président du Conseil de la région de Souss-Massa, a insisté sur le rôle primordial du transport dans le renforcement de l’attractivité territoriale. Il a mis en avant le programme de développement urbain 2020-2024, en particulier le projet «Amalway», une ligne de bus à haut niveau de service destinée à transformer la mobilité urbaine d’Agadir. Ce projet traverse la ville du nord au sud-est, reliant le port à la zone résidentielle de Tikiouine. Il a également mentionné le protocole d’accord pour la mise en place d’une ligne maritime commerciale entre Agadir et Dakar, visant à faciliter les échanges commerciaux avec l’Afrique de l’Ouest tout en réduisant les coûts de transport.

Saïd Chandid, directeur de la stratégie, de la coopération et de la qualité à l’Office national des chemins de fer (ONCF), a pour sa part mis en lumière les investissements importants réalisés pour moderniser le réseau ferroviaire au cours de la dernière décennie. Il a souligné que 2018 avait marqué une étape clé avec la transformation du transport ferroviaire marocain en un modèle à suivre à l’échelle régionale et internationale. Il a présenté le plan d’action futur de l’ONCF, axé sur le développement du train à grande vitesse et de lignes régionales de trains express, tout en vantant les avantages du transport ferroviaire, notamment sa grande capacité, sa sécurité, son efficacité énergétique et son faible impact environnemental.

Bahija Boucetta, directrice des transports routiers au ministère du Transport et de la logistique, a abordé les défis et perspectives liés à la mobilité durable. Force est de noter que la tutelle a lancé, en collaboration avec les parties prenantes, une étude pour l’élaboration d’une charte nationale pour la mobilité inclusive et durable au Maroc. Selon Bahija Boucetta, les résultats de cette étude seront dévoilés en février prochain. Cette charte, qui définira les orientations, les principes, les responsabilités des acteurs et les mécanismes nécessaires pour atteindre cet objectif, constituera un cadre national pour une gouvernance intégrée et structurée des systèmes de mobilité et de transport, afin de répondre aux besoins futurs des citoyens marocains.

Construite autour d’une approche participative et intégrée, la charte repose sur trois principes fondamentaux. Le premier est d’assurer une mobilité accessible et équitable pour tous, en réduisant les disparités entre les zones urbaines et rurales. Le deuxième vise à mobiliser toutes les parties prenantes, notamment les collectivités locales, le secteur privé et la société civile, dans une démarche collaborative pour élaborer des solutions adaptées aux spécificités de chaque territoire. Enfin, le troisième principe consiste à aligner les systèmes de transport sur les objectifs climatiques, en favorisant les énergies propres et les solutions à faible émission.

Transformation numérique : un catalyseur du développement territorial

Les participants au sixième atelier, autour du thème «La transformation digitale au sein des collectivités territoriales : un levier pour consolider la gouvernance territoriale et renforcer la participation citoyenne», ont unanimement souligné que l’accélération de la digitalisation était désormais indispensable pour assurer la compétitivité, l’attractivité et la durabilité des territoires. Les enjeux sont de taille. Pour Mbarka Bouaïda, présidente de l'Association des régions du Maroc (ARM), le premier et important défi à relever pour réussir la transition numérique au niveau régional est celui des infrastructures. Selon elle, ce chantier ne peut être réalisé sans des infrastructures solides, qui constituent le fondement même du développement. Cela implique des investissements considérables et des partenariats stratégiques entre l’État, les régions, le secteur privé et les acteurs institutionnels et internationaux. Ce point a fait écho à l’importance d’une collaboration renforcée pour mobiliser les ressources nécessaires. L'autre défi majeur soulevé par Mme Bouaïda concerne les ressources humaines nécessaires. Convaincue que les Marocains disposent de compétences clés dans le domaine du numérique, la présidente de l’ARM a insisté sur l’accompagnement de ces talents par le biais de l’encadrement, la formation et la formation continue.

Dans un autre registre, Mme Bouaïda a plaidé en faveur de l’instauration de mécanismes solides et adaptés afin d’assurer la réussite de la mise en œuvre de ce chantier ambitieux. Selon elle, il est crucial de disposer d’un cadre opérationnel robuste et flexible capable de déployer les stratégies de manière efficace sur le terrain. Elle a particulièrement insisté sur le rôle central des sociétés de développement régional et local, qui, en raison de leur expertise, sont particulièrement bien placées pour faciliter ce processus. Ces structures, proches des réalités locales et dotées d’une connaissance des besoins et des enjeux, ont prouvé leur capacité à mobiliser les compétences nécessaires et à mettre en place des procédures opérationnelles efficaces.

Mme Bouaïda a également souligné un point fondamental pour la réussite de la transformation numérique au Maroc : «Une forte volonté politique et sociale». C’est la clé qui permettra de réaliser une série d’objectifs stratégiques visant à impulser une dynamique de développement numérique véritablement inclusive et durable. Elle doit se traduire par des actions concrètes, soutenues par une vision cohérente et une mise en œuvre déterminée.

Pour sa part, Khalid Safir, directeur général de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), a souligné la nécessité d'«un véritable changement de paradigme» dans l'approche de la transformation numérique. Il a insisté sur l'importance de réformer les circuits administratifs afin de les rendre plus réactifs et adaptés aux attentes croissantes des utilisateurs, dans un contexte où l'efficacité et la transparence sont devenues des impératifs incontournables. Dans cette perspective, M. Safir a indiqué que la souveraineté numérique et la protection des données personnelles devaient impérativement être considérées comme des priorités stratégiques. Il a également insisté sur le fait que le numérique devait avant tout être perçu comme un levier de développement social, favorisant un accès équitable aux services pour l'ensemble de la population, sans distinction.

Un des moments forts de ce débat a été l’exposé de Mohamed Bouarourou, président du Conseil de la région de l'Oriental. Celui-ci a mis en lumière les initiatives et actions menées par le Conseil pour établir un écosystème numérique régional de premier plan. M. Bouarourou a notamment cité l'exemple de la ville de Berkane, qualifiée d'«expérience pionnière au niveau local et national», grâce à la mise en place d'un système numérique global innovant. Il a également souligné la création de l'École nationale de l'intelligence artificielle et du digital, un autre exemple marquant de l'engagement de la région dans le développement des compétences et des technologies numériques.

Aujourd’hui, les territoires doivent se transformer en véritables laboratoires d'innovation, où acteurs locaux, entreprises, citoyens et autorités unissent leurs forces pour inventer de nouveaux modèles de gouvernance, de services publics et d’économie numérique.

Deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée : les recommandations

Les travaux des ateliers programmés lors de la deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée illustrent la détermination du Maroc, en application des Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à ancrer durablement ce chantier dans son modèle de développement à l’horizon 2030. Ces workshops, clôturés le 21 décembre à Tanger, ont permis de formuler des recommandations concrètes et d’en tirer des conclusions opérationnelles sur les moyens de relever les défis identifiés. Et ce dans l’objectif de tracer une feuille de route pour accélérer la mise en œuvre de ce chantier stratégique. Ces recommandations présentées par la présidente de l'Association des régions du Maroc, Mbarka Bouaïda, ont souligné l'importance d'accélérer l'application de la Charte de déconcentration administrative, afin de renforcer une gouvernance territoriale à la fois intégrée et efficace. Les participants ont lancé aussi un appel pour finaliser la feuille de route relative au Cadre d'orientation pour l'opérationnalisation des compétences des régions, notamment dans des domaines clés tels que les transports, l'investissement et la gestion de l'eau. Ils ont également recommandé le développement de mécanismes de suivi et d'évaluation pour mesurer la performance des acteurs territoriaux, tout en renforçant les capacités des régions à relever les défis d’un développement durable et intégré.

Les échanges ont mis l’accent sur la nécessité de consolider les mécanismes participatifs de dialogue et de concertation, permettant aux citoyens et aux associations de contribuer à l'élaboration et au suivi des programmes de développement régionaux, conformément aux dispositions des règlements intérieurs des régions. Les débats ont également mis en avant l'importance de dynamiser les attributions des régions pour accroître leur attractivité territoriale, en adoptant une approche plus flexible et interactive, et en favorisant une convergence des politiques gouvernementales avec les projets régionaux. Une planification unifiée et une programmation financière harmonisée, prenant en compte les spécificités de chaque région, ont été fortement recommandées.

Par ailleurs, les participants ont appelé à renforcer le rôle des régions dans la promotion des investissements productifs, à améliorer la coordination avec le secteur privé et à simplifier les procédures administratives liées à l'investissement, tant au niveau national que local. Ils ont aussi insisté sur la nécessité d'augmenter les ressources financières allouées aux régions et de leur fournir un accompagnement pour optimiser le recours à l'emprunt comme levier de financement des programmes d’investissement.

Assises nationales de la régionalisation avancée : le message de clôture

Le Message Royal adressé aux participants à la deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée souligne l'intérêt tout particulier accordé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à la réussite du chantier du développement régional, en tant que levier essentiel de croissance économique et de développement humain intégré et durable. C’est avec ces mots que le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a ouvert le message de clôture de la deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée tenues à Tanger les 20 et 21 décembre 2024. Il a aussi ajouté que le développement régional requérait la conjugaison des efforts de l'ensemble des acteurs en vue de garantir aux citoyens la prospérité et une vie décente.

Le Message Royal, a poursuivi M. Laftit, met l'accent sur la nécessité de relever les défis qui se dressent encore sur la voie de la mise en œuvre optimale du chantier de la régionalisation avancée, notamment ceux liés à une application effective de la Charte nationale de déconcentration administrative et à l'opérationnalisation complète de l'exercice par les régions de leurs pleines compétences. Parmi ces défis, il a également cité le renforcement de la démocratie participative aux niveaux régional et local, la mise en œuvre du principe constitutionnel relatif à la reddition des comptes en matière de gestion de la chose territoriale, la promotion de l’attractivité des régions et la capacité des régions à développer des mécanismes de financement permettant de faire face à certaines crises et de s’adapter aux mutations imposées par la conjoncture et les aléas futurs.

M. Laftit a par ailleurs souligné que la participation de plusieurs acteurs à cet événement, dont des élus, des parlementaires, des responsables gouvernementaux, des présidents d’institutions constitutionnelles, des acteurs de la société civile ainsi que des représentants d’organisations internationales partenaires, avait permis des débats constructifs et fructueux autour de thèmes ayant trait aux défis auxquels le chantier de la régionalisation avancée est confronté.

Ces contributions ont aussi mis l’accent sur les opportunités qu’offrait la régionalisation avancée en tant que plateforme pour le renforcement de la gouvernance locale, de la justice spatiale et de l’efficience dans la gestion des ressources, et espace de travail collectif donnant l'opportunité aux acteurs de réfléchir à la promotion du développement intégré à travers la mise en œuvre territoriale des politiques publiques, a relevé le ministre.
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