«La contraction, peut-être même la fin de l’hégémonie occidentale» : c’est par ces mots que le professeur de droit et politologue Mustapha Sehimi, chargé de la synthèse finale du Forum de l’IMRI, a résumé l’une des principales mutations géopolitiques en cours. Une transformation qui ouvre de nouvelles perspectives pour le continent africain, mais qui crée également de nombreux défis.
Un point crucial concerne la question de la «dé-dollarisation», que Sehimi identifie comme «l’un des grands sujets de préoccupation des États-Unis». Il rappelle que «l’hégémonie américaine [...] c’est le dollar», avec la règle de l’extraterritorialité qui «donne la possibilité à la justice américaine d’intervenir partout dans le monde». Face à ces mutations, l’Afrique doit relever le défi de sa fragmentation. Comme le souligne M. Sehimi, «c’est 54 pays, c’est 54 législations fiscales, c’est 54 structures économiques différentes». Malgré ces obstacles, le continent représente un marché de 1,4 milliard de personnes avec un potentiel considérable.
La conclusion du Forum met en évidence une double dynamique : d’une part, l’effritement de l’ordre international traditionnel, marqué par ce que M. Sehimi appelle «le déni du droit international», et, d’autre part, l’émergence de nouvelles formes de coopération et d’intégration régionales. Dans ce contexte, l’Afrique apparaît comme un acteur en devenir, dont le développement dépendra de sa capacité à surmonter ses divisions internes et à tirer parti des nouvelles configurations géopolitiques mondiales.
L’Afrique à l’heure des réalignements mondiaux
La reconfiguration de l’ordre mondial offre de nouvelles opportunités au continent africain. Selon Mohamed H’Midouche, CEO d’Inter Africa Capital Group, la clé du succès réside dans «une diplomatie active sur la scène internationale et une diversification économique». Il pointe cependant plusieurs défis majeurs : «la fragmentation qui fragilise le continent, les conflits armés qui sévissent dans plusieurs zones, la dépendance des aides étrangères». Cette analyse est complétée par Mustapha Sehimi qui souligne l’émergence d’une «politique de multi-alignement» adoptée par de nombreux pays, observe-t-il, notant que cette nouvelle approche ouvre des perspectives inédites pour les nations africaines.La Zlecaf, levier de transformation continental
Dans ce contexte, la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) apparaît comme un instrument majeur de transformation. Saloua Karkri, vice-présidente de l’ASMEX, affirme que «la Zlecaf est opérationnelle au Maroc depuis janvier 2024». Elle précise que «53 pays sauf l’Érythrée» participent à ce projet qui vise à créer «un espace économique intégré pour un continent inclusif qui crée de la richesse». Le dispositif s’appuie sur des instruments clés, dont «les sociétés de commerce pour être agrégateur des États» et un «système panafricain de paiement et de règlement» déjà en phase de test. L’objectif est ambitieux : «améliorer l’exportation d’environ 25%» et lutter contre la pauvreté, alors que «l’Afrique représente seulement 2,4% du PIB mondial».Le Maghreb global : au-delà de l’échec de l’UMA
L’analyse du professeur Fouad Ammor sur l’évolution du projet maghrébin offre un éclairage particulier sur les dynamiques régionales. Elle retrace «la généalogie du Maghreb» en identifiant plusieurs phases : «un Maghreb de l’espérance jusqu’à la fin des années 1950, un Maghreb des tensions des années 1960 et 70, celui d’un Maghreb de l’espoir avec la signature du traité de Marrakech en 1989, enfin un Maghreb haineux à partir des années 1990». Face à cet échec, M. Ammor propose le concept de «Maghreb global», transcendant les limites de l’Union du Maghreb arabe. Une proposition que Mustapha Sehimi qualifie de «néologisme audacieux», mais «intéressant», permettant de «répondre à la qualification du Sud global».Les nouveaux équilibres mondiaux en question
La synthèse de Mustapha Sehimi, présentée au terme des deux jours de travaux, met en lumière l’émergence de nouvelles dynamiques mondiales. Le politologue souligne notamment l’importance croissante des BRICS, «une construction politique et géostratégique» qui, bien que «pas institutionnalisée», représente «la convergence de positions politiques et de logiques sur un certain nombre de problèmes».Un point crucial concerne la question de la «dé-dollarisation», que Sehimi identifie comme «l’un des grands sujets de préoccupation des États-Unis». Il rappelle que «l’hégémonie américaine [...] c’est le dollar», avec la règle de l’extraterritorialité qui «donne la possibilité à la justice américaine d’intervenir partout dans le monde». Face à ces mutations, l’Afrique doit relever le défi de sa fragmentation. Comme le souligne M. Sehimi, «c’est 54 pays, c’est 54 législations fiscales, c’est 54 structures économiques différentes». Malgré ces obstacles, le continent représente un marché de 1,4 milliard de personnes avec un potentiel considérable.
La conclusion du Forum met en évidence une double dynamique : d’une part, l’effritement de l’ordre international traditionnel, marqué par ce que M. Sehimi appelle «le déni du droit international», et, d’autre part, l’émergence de nouvelles formes de coopération et d’intégration régionales. Dans ce contexte, l’Afrique apparaît comme un acteur en devenir, dont le développement dépendra de sa capacité à surmonter ses divisions internes et à tirer parti des nouvelles configurations géopolitiques mondiales.