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Mardi 21 Mai 2024
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L'augmentation des salaires des enseignants coûtera 9 milliards de DH sur deux ans

Rien n'y fait ! Les enseignants refusent toujours d'enterrer la hache de guerre, en dépit de l'accord trouvé, dimanche dernier, entre les syndicats les plus représentatifs et le gouvernement. Aussitôt cet accord signé, les cinq coordinations de l’éducation, à savoir la Coordination nationale de l’éducation, la Coordination unifiée des cadres de l’éducation et du soutien, la Coordination des enseignants du secondaire qualifiant, ou encore la Coordination des enseignants contractuels et la coordination des enseignants de la «cellule 10» ont annoncé leur rejet catégorique de ses termes et leur décision de poursuivre grèves et sit-in au grand dam des élèves et de leurs parents. Pendant ce temps, les quatre syndicats signataires de l'accord du 10 décembre appellent les enseignants à rejoindre leurs classes.De son côté Chakib Benmoussa, ministre de l'Education nationale, a annoncé ce lundi devant les députés que l'augmentation de salaire prévue par l'accord coûtera 9 milliards de DH sur deux ans. Déjà, des députés de l'opposition avancent la nécessité d'une loi de Finances rectificative.

Aussitôt l’accord entre les syndicats et la commission gouvernementale annoncé, les différentes coordinations de l’enseignement se sont empressées de riposter annonçant leur refus des termes de ce document et le maintien du mouvement de protestation. En gros, elles sont cinq coordinations principales, à savoir la coordination nationale de l’éducation, la coordination unifiée des cadres de l’éducation et du soutien, la coordination des enseignants du secondaire qualifiant, ou encore la coordination des enseignants contractuels ou la coordination des enseignants de la «cellule 10».



En effet, les cinq formations syndicales ont accordé leurs violents pour jouer à la même partition annonçant leur rejet catégorique des termes de cet accord, au lendemain de sa signature. D’après ces différentes instances, l’accord ne répond pas aux principales revendications de la famille de l’enseignement, à savoir la suppression définitive du statut unifié des fonctionnaires de l’éducation, l’intégration des enseignants des Académies dans la fonction publique et le règlement définitif des dossiers de différentes catégories, notamment les enseignants de la «cellule 10».

«L’accord n’a pas répondu aux principales attentes des femmes et des hommes du secteur de l’éducation en ce qui concerne un certain nombre de questions soulevées. Nous considérons par ailleurs que l’augmentation de 1.500 dirhams annoncée n’est pas suffisante, car les revendications des enseignants n’ont jamais porté sur une augmentation de salaires, mais sur un alignement de leurs salaires avec les fonctionnaires du même grade relevant d’autres secteurs comme celui de la justice ou des finances. Aucune raison ne peut justifier cette injustice salariale», souligne Abdellah Ghmimat, secrétaire général de la Fédération nationale de l’enseignement-orientation démocratique et membre de la Coordination nationale de l’éducation, dans une déclaration accordée au «Matin».



D’après le même intervenant, le nouvel accord n’a fait que perpétuer la crise au sein du secteur éducatif, d’autant plus qu’il laisse plusieurs zones d’ombre concernant des doléances considérées comme majeures par les cadres de l’éducation. «L’accord n’a pas tranché sur la question du recrutement régional en stipulant clairement l’intégration des enseignants contractuels au sein de la fonction publique. De même, aucune annonce n’a été faite concernant la suppression du nouveau statut unifié. Par ailleurs, le nouvel accord n’a pas traité les dossiers des retraités exclus du hors échelle, les cadres administratifs retraités exclus du hors échelle, les exclus du changement de grade à celui d’administrateur, et autres cadres.



On note par ailleurs que le traitement du dossier des enseignants relevant de la “cellule 10” était resté incomplet, ce qui n’a pas rendu justice à cette catégorie. Par ailleurs, aucune allusion n’a été faite concernant le versement des montants retenus sur les salaires des grévistes. Il est clair que le gouvernement manque de courage politique pour trancher sur certaines questions, ce qui nous ramène malheureusement à la case de départ», ajoute le même syndicaliste, qui a déploré par ailleurs l’exclusion de son syndicat des différents rounds de négociations, y compris la dernière qui a été couronnée par la signature de l’accord. Le même syndicaliste a indiqué en effet que son syndicat n’avait reçu que dimanche soir une invitation pour participer à une réunion avec le ministre de l’Éducation nationale ce mardi. «Une rencontre de courtoisie pour redorer le blason», lance M. Ghmimat sur un ton ironique.

Il semble que le torchon continue de brûler entre les enseignants et le ministre de l’Éducation nationale, malgré la signature de l’accord de dimanche, principalement à cause du refus du responsable gouvernemental d’engager un dialogue direct avec les coordinations qui se disent les instances syndicales les plus représentatives du secteur de l’éducation. «Le gouvernement fait de nouveau fausse route en excluant les coordinations des négociations. Aujourd’hui, le mouvement de débrayage est mené par ces instances et non par les syndicats et le seul moyen de désamorcer la crise est d’engager un dialogue sérieux avec elles. Autrement, les grèves et les protestations se poursuivront», explique pour sa part Saad Abil, membre du conseil national de la Coordination nationale des enseignants contraints à la contractualisation. Les enseignants semblent donc déjà avoir fait leur choix, optant ainsi pour l’escalade et prenant en otage des milliers d’élèves victimes de ce bras de fer qui n’a que trop duré.
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