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Samedi 18 Mai 2024
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«Le basculement vers un nouvel ordre mondial» analysé par Ali Lahrichi

Si pendant la guerre froide, les alliances reposaient sur des valeurs idéologiques opposant le monde démocratique et libéral au monde socialo-marxiste et collectiviste, de nos jours ces alliances obéissent à d’autres paradigmes qui se nourrissent de la théorie réaliste des relations internationales, à savoir l’intérêt des États, explique Ali Lahrichi, docteur en droit et relations internationales, doyen de l’Institut des sciences politiques juridiques et sociales de l’Université Mundiapolis.

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«Nous sommes devant un nouveau monde, une nouvelle redistribution des cartes géopolitiques dont la portée se décline sur notre quotidien socio-économique et politique avec autant de défis pour les États à la recherche d’une paix et d’une sécurité durables tant sur le plan interne qu’externe», affirme Ali Lahrichi, docteur en droit et relations internationales, doyen de l’Institut des sciences politiques, juridiques et sociales (ISPJS) de l’Université Mundiapolis. M. Lahrichi, qui s’exprimait vendredi dernier lors du Forum de l’IMRI, a ajouté que la lecture du basculement du monde vers un nouvel ordre mondial incertain nous renvoyait directement vers l’ensemble des évolutions géopolitiques, sociales et économiques qui caractérisent la scène internationale contemporaine, lesquelles sont aujourd’hui révolues, laissant place à de nouveaux paradigmes qui restructurent le monde selon de nouvelles grilles d’analyse, de nouvelles alliances, de nouveaux équilibres des pouvoirs et surtout de l’émergence de nouvelles puissances.



L’enseignant chercheur explique dans le même ordre d’idées que si la bipolarité était le sceau de l’équilibre de la terreur lors de la guerre froide, les deux premières décennies de l’après-guerre froide vont marquer, d’une part, la rupture avec l’ancien ordre pour voir naître un nouvel ordre mondial caractérisé par l’hégémonie incontestée des États-Unis sur le monde. «Cependant, une nouvelle rupture va avoir lieu au début des années 2000, avec l’émergence de nouvelles puissances, pour parapher d’une certaine manière une transition vers un autre ordre mondial, qui vacille selon les chercheurs entre l’Apolaire et le Multipolaire, et qui est à mon sens Bipolaire entre la Chine et les États-Unis, la première à la tête d’un Grand Sud et l’autre à la direction encore et toujours de l’Occident», analyse M. Lahrichi. L’expert en relations internationales précise que lors de la guerre froide, les alliances reposaient sur un socle idéologique opposant le monde démocratique et libéral au monde socialo-marxiste et collectiviste, indiquant que de nos jours, les alliances obéissent à d’autres paradigmes qui se nourrissent de la théorie réaliste des relations internationales, à savoir l’intérêt des États.

Évoquant les nouveaux défis du XXIe siècle, M. Lahrichi évoque notamment les changements climatiques, les migrations, les pandémies, les transitions énergétiques, les guerres civiles et interétatiques, la sécurité collective, le stress hydrique. «Autant de défis qui interpellent la Communauté internationale, Institutions, États, ONG et Individus et réécrivent en quelque sorte les alliances avec la prégnance de l’incertitude sur le nouvel ordre mondial», ajoute-t-il. Et de souligner que la diplomatie demeure un mécanisme incontournable de la transition vers un nouvel ordre mondial. «Les négociations internationales au sein des institutions, les accords bilatéraux et multilatéraux jouent un rôle essentiel dans la manière dont les nations tentent de perpétrer ce nouvel ordre mondial», dit-il.

Selon le même intervenant, l’émergence de la Chine comme acteur inéluctable de l’économie mondiale et, de surcroît, puissance économique majeure est l’un des éléments fondateurs et précurseurs de ce nouvel ordre. Toutefois, M. Lahrichi tient à préciser que «l’ordre n’est pas simplement une réorganisation hiérarchique, mais implique essentiellement l’émergence de nouveaux principes structurants. Malheureusement, ces principes peinent à émerger de manière claire et distincte».

En effet, ajoute M. Lahrichi, le monde unipolaire lors des deux premières décennies de l’après-guerre froide soutenu par les États-Unis a commencé ensuite à montrer des signes de fragilité. «À cette époque, aucun acteur ne semblait prêt à reprendre le flambeau de la domination mondiale. C’est alors que certains historiens et experts en relations internationales ont souligné l’émergence d’une nouvelle configuration, qu’ils ont qualifiée de “non polaire”». Cette terminologie visait, selon le même intervenant, à décrire un monde où la domination n’était plus exclusivement entre les mains d’un ou de quelques États, mais était partagée par de multiples acteurs, qu’ils soient étatiques ou non étatiques, chacun exerçant diverses formes de pouvoir.

En tout état de cause, à l’aube de la troisième décennie du troisième millénaire, le monde retient toujours son souffle avec une pandémie Covid-19 qui a frappé l’humanité et une guerre russo-ukrainienne dont la portée géopolitique et géoéconomique a déstabilisé autant les alliances internationales que les marchés mondiaux. «Dans ce contexte en mutation, le monde occidental perd son monopole historique sur le pouvoir, qu’il exerce depuis le XVIe siècle. Cette évolution a eu des conséquences spectaculaires que nous pouvons qualifier à mon sens d’un monde à la fois Bipolaire, en premier lieu, mais aussi Multipolaire, en second lieu», conclut l’intervenant.
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