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Tazmamart : Le CNDH lance les analyses ADN pour l'identification génétique des victimes

Après plus de vingt ans d'attente et de lutte acharnée, les familles des victimes de l'ancien centre de détention secret de Tazmamart vont enfin pouvoir connaître l'identité de leurs proches grâce à des analyses génétiques. Un processus rendu possible grâce aux progrès technologiques, mais aussi et surtout grâce à la volonté du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) de faire toute la lumière sur ce sombre épisode de l'histoire du Maroc. Ce qui répond en partie aux doléances de l’association des victimes qui demande la réintégration des rescapés de ce tristement célèbre centre de détention.

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Tazmamart, ce centre de détention secret où des dizaines de prisonniers politiques avait été arbitrairement incarcérés durant les années de plomb, fait encore parler de lui dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations de l’Instance équité et réconciliation. Aujourd'hui, grâce à la mobilisation des familles et à l'engagement du CNDH, les identités des anciens détenus disparus vont enfin pouvoir être connues, permettant ainsi aux survivants et à leurs proches de faire leur deuil et d'obtenir la reconnaissance qu'ils attendent depuis si longtemps.

Confirmation des identités grâce aux progrès de la génétique

En ce début de ce mois de septembre 2024, le CNDH a annoncé le lancement d'une vaste opération visant à réaliser des analyses génétiques sur les restes des victimes présumées de Tazmamart. Cette décision fait suite à un long processus entamé il y a plus de vingt ans par l'Instance équité et réconciliation (IER), chargée d'établir la vérité sur les graves violations des droits de l'Homme commises pendant les «années de plomb». Comme l'explique le communiqué du CNDH, le développement technologique a désormais rendu possible l'extraction de l'ADN à partir d'échantillons d'ossements dégradés, permettant ainsi de déterminer l'identité de leurs propriétaires. «Le progrès technologique a rendu possible l'extraction de l'ADN d'échantillons d'ossements dégradés en vue de déterminer l'identité de leurs propriétaires», peut-on lire dans le communiqué.

Concrètement, une commission composée de représentants du Comité de suivi de la mise en œuvre des recommandations de l'IER, de la présidence du ministère public, des experts du Laboratoire national de génétique de la Police scientifique et du Service de médecine légale du CHU de Casablanca s'est rendue à l'Institut génétique Nantes Atlantique (IGNA) en France en juin 2022 pour soumettre deux échantillons à un processus d'extraction de l'ADN. Les résultats positifs obtenus en juillet 2023 ont permis de poursuivre l'analyse des autres échantillons restants.

Une opération en deux temps

Cette opération de confirmation des identités se déroule en deux temps. Dans un premier temps, le CNDH a réparti les familles en groupes, y compris un groupe de familles de personnes âgées, qui réalisent les tests génétiques à leur domicile, sous la supervision du ministère public. «Cette opération de réalisation des tests génétiques se poursuivra cette semaine, suite à la répartition des familles en groupes, y compris un groupe de familles des personnes âgées, qui réaliseront les tests génétiques à leur domicile, sous la supervision du ministère public», indique le communiqué du CNDH. Dans un second temps, le CNDH s'engage à communiquer aux familles les résultats de ces tests dès leur obtention et à continuer à apporter son soutien aux victimes, à leurs ayants droit et à leurs familles.

Une étape importante dans le processus de vérité et de réparation

Cette opération de confirmation des identités des victimes de Tazmamart s'inscrit dans un processus plus large initié il y a plus de vingt ans par l'Instance équité et réconciliation visant l’établissement de la vérité et la réparation des victimes. Comme le rappelle le CNDH dans son communiqué, l'IER avait rendu des décisions arbitrales accordant des réparations aux victimes et à leurs ayants droit, pour un montant total de 164 millions de dirhams. Le CNDH souligne également qu'il assure le suivi de la couverture médicale et de la prise en charge médicale des victimes. Il convient de noter que le nombre total des dossiers des victimes de l’ancien centre de détention Tazmamart s’élève à cinquante-huit (58) dossiers, examinés par la Commission indépendante d’arbitrage, puis par l’IER.

Pour Ahmed Marzouki, l'un des anciens détenus de Tazmamart, membre de l’association des victimes de Tazmamart, cette décision du CNDH est «un pas important, même s’il arrive avec deux décennies de retard». «C'est une initiative positive que nous réclamions depuis des années, mais on nous opposait à chaque fois une fin de non-recevoir catégorique, prétextant que l'ADN n'était pas suffisant pour déterminer l'identité des restes», explique M. Marzouki, déplorant le manque d'implication des survivants et de leurs familles dans ce processus. «Nous ne comprenons pas la raison de ce changement de position, mais nous saluons cette démarche, tout en insistant sur la nécessité de nous associer à toutes les étapes de cette procédure, mais aussi aux autres actions en lien avec la mise en application des recommandations de l’IER», ajoute-t-il.

Vers une reconnaissance et une réparation complète

Au-delà de la confirmation des identités, l’association de victimes attend une reconnaissance et une réparation complète des préjudices subis. Comme le souligne le communiqué de l'association des victimes de Tazmamart, le dossier des survivants et de leurs proches «n'a pas été traité de manière satisfaisante jusqu'à présent». «Nous apprécions cette démarche, mais dans le même temps, nous dénonçons le fait que nous ayons été marginalisés et que l'on ne nous ait pas impliqués dans cette procédure», indique le communiqué de l'association. Il faut rappeler par ailleurs qu’outre la confirmation des identités et de la réparation financière, le CNDH s'est également engagé dans d'autres initiatives visant à préserver la mémoire des victimes de Tazmamart.
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