«Il n’y a de place, ni aujourd’hui, ni demain pour un Maroc à deux vitesses», affirmait S.M. le Roi Mohammed VI lors de Son Discours du Trône en 2025. La note stratégique de l’Institut Choiseul, signée par Yasmina Asrarguis, se propose d’analyser les causes de ce paradoxe : un Royaume stratège, influent et dotée d’une vision claire, mais qui reste traversé de lignes de fracture internes et d’inégalités sociales. Intitulée «Maroc 2035 : de l’émergence à la puissance-pivot ?», le rapport interroge la capacité du Maroc à passer du statut de pays émergent à celui d’acteur central des recompositions africaines, euro-méditerranéennes et globales. Et ce sans jamais perdre de vue ses fractures
internes.
Le secteur touristique, longtemps secondaire, est lui aussi devenu un des piliers de l’économie : 8,9 millions de visiteurs sur le premier semestre 2025 (+19 % en un an), près de 2 millions d’emplois directs et indirects, 7% du PIB. Le projet d’accueillir la Coupe du monde 2030 (avec l’Espagne et le Portugal) agit comme catalyseur d’investissements logistiques et aéroportuaires: 38 milliards de dirhams prévus pour doubler la capacité des aéroports (de 34 à 80 millions de voyageurs annuels).
Enfin, les chiffres macroéconomiques soulignent une stabilité fragile : un PIB attendu à 154 milliards de dollars en 2025 (36,8 millions d’habitants), une croissance moyenne de 3,9% hors Covid, un déficit budgétaire revenu à 4,1% en 2024. Mais les fragilités demeurent : 13% de chômage en 2026 prévus, un secteur informel qui concerne encore 1 emploi non agricole sur 3, et un modèle économique encore très exposé aux cours du pétrole, du blé et des engrais.
Le rapport souligne l’ambition de faire de la diplomatie économique un instrument d’intégration régionale. Le gazoduc Maroc-Nigeria (5.600 km, 13 pays traversés, premières livraisons attendues d’ici 2029), ou encore le port de Dakhla Atlantique (12,6 milliards de dirhams) sont autant de leviers d’influence au sud du Sahara. Mais un chiffre interroge : en 2023, seuls 4,6% des échanges commerciaux du Maroc se faisaient avec le reste du continent africain. L’Afrique est une ambition, mais pas encore un marché réalisé à l’échelle espérée.
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Dès aujourd’hui, les chiffres posent le décor
La trajectoire du Maroc au XXIe siècle s’est dessinée à coups de grands chantiers, affirme dans son rapport la chercheure associée en études moyen-orientales à l’Université de Princeton. Depuis 1999, le Royaume a investi massivement dans les infrastructures : 1.800 km d’autoroutes, ligne TGV inaugurée en 2019 entre Tanger et Casablanca, extension en cours jusqu’à Marrakech avec un budget de 96 milliards de dirhams. Le port de Tanger Med, connecté à 180 ports mondiaux, est désormais le premier port à conteneurs d’Afrique. Sur le plan industriel, les chiffres impressionnent : 700.000 véhicules exportés par an, 200 milliards de dirhams d’exportations automobiles en 2025, désormais supérieures à celles des phosphates. Le Maroc est «devenu le premier exportateur automobile d’Afrique», rappelle le rapport. Mais il ne s’agit pas de s’arrêter là : la filière batteries électriques est en pleine construction, avec deux projets majeurs à Jorf Lasfar (70 GWh/an) et à Kénitra (jusqu’à 100 GWh d’ici 2026).Le secteur touristique, longtemps secondaire, est lui aussi devenu un des piliers de l’économie : 8,9 millions de visiteurs sur le premier semestre 2025 (+19 % en un an), près de 2 millions d’emplois directs et indirects, 7% du PIB. Le projet d’accueillir la Coupe du monde 2030 (avec l’Espagne et le Portugal) agit comme catalyseur d’investissements logistiques et aéroportuaires: 38 milliards de dirhams prévus pour doubler la capacité des aéroports (de 34 à 80 millions de voyageurs annuels).
Enfin, les chiffres macroéconomiques soulignent une stabilité fragile : un PIB attendu à 154 milliards de dollars en 2025 (36,8 millions d’habitants), une croissance moyenne de 3,9% hors Covid, un déficit budgétaire revenu à 4,1% en 2024. Mais les fragilités demeurent : 13% de chômage en 2026 prévus, un secteur informel qui concerne encore 1 emploi non agricole sur 3, et un modèle économique encore très exposé aux cours du pétrole, du blé et des engrais.
Une ambition africaine assumée
La réintégration de l’Union africaine (2017) a donné le signal d’un ancrage continental stratégique. Avec 46 visites Royales dans 25 pays et près de 1.000 accords signés, le Maroc affirme un «choix africain» de long terme. OCP Africa, Bank of Africa, Maroc Telecom, Attijariwafa bank, RAM ou encore les groupes du BTP sont les fers de lance de cette projection géoéconomique.Le rapport souligne l’ambition de faire de la diplomatie économique un instrument d’intégration régionale. Le gazoduc Maroc-Nigeria (5.600 km, 13 pays traversés, premières livraisons attendues d’ici 2029), ou encore le port de Dakhla Atlantique (12,6 milliards de dirhams) sont autant de leviers d’influence au sud du Sahara. Mais un chiffre interroge : en 2023, seuls 4,6% des échanges commerciaux du Maroc se faisaient avec le reste du continent africain. L’Afrique est une ambition, mais pas encore un marché réalisé à l’échelle espérée.
