Pourquoi le Maroc est un modèle pour les pays africains dans sa relation avec l’Europe (Alain Juillet)

Dans un monde connaissant des mutations accélérées, la géopolitique mondiale subit des transformations profondes, notamment en raison de la guerre russo-ukrainienne, qui a engendré une série de défis contemporains, qu’ils soient économiques, environnementaux ou technologiques. Dans ce contexte, le Maroc se positionne comme un acteur stratégique clé, prêt à favoriser des partenariats solides entre l’Afrique et l’Europe. Ces enjeux cruciaux étaient au cœur des échanges lors de la rencontre organisée le 3 octobre à Casablanca par l’Association Progrès des dirigeants (APD) et qui a été animée par l’ancien directeur du renseignement à la Direction générale de la sécurité extérieure française (DGSE).

Afrique-Europe : les véritables défis à relever

La conférence a en effet permis d’explorer les enjeux stratégiques entre l’Afrique et l’Europe, tout en mettant en lumière la complexité des rapports entre ces deux continents. Alain Juillet a d’emblée admis que cette relation ne pouvait être réduite à une simple collaboration entre l’ensemble des pays européens et africains, soulignant que c’était plutôt des pays d’Europe qui établissaient des partenariats avec des pays d’Afrique. «Cette distinction est essentielle, car elle révèle l’absence d’une politique commune européenne envers l’Afrique», explique-t-il. Cette situation est exacerbée, selon l’analyste, par la diversité, voire l’antagonisme des pays africains, qui, selon lui, complique l’émergence d’une union africaine véritablement cohérente. Pour lui, les différences culturelles, économiques et politiques entre les États africains rendent toute tentative d’unification complexe, voire illusoire. «En conséquence, il devient crucial de privilégier les alliances bilatérales basées sur la compréhension mutuelle et la confiance réciproque», note-t-il.

Interrogé sur les défis majeurs auxquels l’Afrique fait face dans ses relations avec l’Europe, M. Juillet affirme : «Trop souvent, les dirigeants africains semblent réagir aux événements immédiats, sans vision claire pour l’avenir. Or la construction d’une stratégie durable est essentielle pour attirer des investissements et assurer un développement pérenne», explique l’expert. Il ajoute, dans le même ordre d’idées, que le second défi concerne l’instauration d’un climat de confiance envers les investisseurs. Pour lui, les dirigeants doivent démontrer qu’ils possèdent une vision claire et qu’ils sont capables de la mettre en œuvre afin de rassurer les acteurs économiques internationaux.

Le Maroc, un modèle à suivre

Dans ce contexte, le Maroc émerge comme un modèle à suivre. «Sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Royaume, dans ses relations avec ses partenaires, a mis en place une stratégie à long terme depuis deux décennies, illustrant ainsi l’importance d’une vision durable», souligne Alain Juillet. L’approche du Maroc repose sur des projets concrets contribuant à instaurer un climat de confiance tant au niveau national qu’international. M. Juillet conclut en affirmant que le Maroc, de par sa capacité à maintenir un cap stable et une stratégie claire, pourrait servir de référence pour d’autres pays africains. Ce modèle de gouvernance peut inspirer confiance et encourager d’autres nations à adopter une vision à long terme, facilitant ainsi la création de partenariats solides avec l’Europe, selon le même intervenant.

La rencontre organisée par l’Association Progrès des dirigeants aura donc permis de comprendre une des multiples dimensions des relations entre l’Afrique et l’Europe. Si les défis sont nombreux, les opportunités le sont tout autant. À condition que les pays africains adoptent des stratégies claires et parviennent à instaurer un climat de confiance avec leurs partenaires, nuance, en substance M. Juillet.