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Frédéric Encel : le Maroc, «une puissance émergente, respectée et stratégiquement pertinente»

Le Maroc est un État stable dans un monde géopolitiquement incertain, a affirmé, mercredi à Rabat, le géopolitologue français et spécialiste des relations internationales Frédéric Encel, qualifiant également le Royaume de «puissance émergente, respectée et stratégiquement pertinente» sur l’échiquier africain et euro-méditerranéen.

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S'exprimant lors d'un Colloque sur le thème «La révolution géopolitique actuelle : ses racines, sa nature, ses conséquences», tenu à la Faculté des sciences juridiques et économiques (FSJES) d'Agdal, le géopolitologue français a salué la trajectoire du Royaume du Maroc, d’autant plus qu’elle s’appuie sur la stabilité et l’intelligence stratégique.

«Le Maroc est un cas singulier : un pays sans rente pétrolière ni gazière, qui a pourtant su construire une diplomatie active, une stabilité politique remarquable et une influence régionale croissante», a-t-il avancé, mettant en avant, dans ce sens, deux piliers essentiels de cette réussite, à savoir la légitimité historique des institutions marocaines et la valorisation du savoir comme levier d’influence. «C'est une stratégie de long terme, fondée sur la pondération, l’ouverture et l’intelligence collective, d'autant plus que le Royaume se positionne avec méthode et ambition sur l’échiquier africain et euro-méditerranéen», a-t-il ajouté.



Par ailleurs, M. Encel, spécialiste reconnu des relations internationales, a dressé un tableau contrasté d’un monde en proie à des bouleversements profonds, soulignant, dans la foulée, que les fondamentaux de la géopolitique mondiale restent globalement inchangés, en dépit de l'apparition de nouveaux acteurs et des mutations médiatiques et technologiques qui caractérisent l’époque contemporaine. «Nous vivons dans un monde où l’on proclame sans cesse la rupture, mais en réalité, les dynamiques de pouvoir, de territoire et de sécurité demeurent centrales. Ces logiques traversent l’histoire humaine depuis les premières cités-États», a-t-il confié au micro de la MAP. Citant l'Ukraine comme exemple frappant, il a souligné le retour des conflits interétatiques conventionnels, marqués par des lignes de front claires et des affrontements directs entre États-nations, rompant avec les guerres asymétriques et les conflits hybrides caractéristiques des dernières décennies.

Face à la montée en puissance d’acteurs non étatiques, notamment des entreprises numériques, des multinationales, ou encore des groupes d’influence, M. Encel a rappelé que leur poids, bien que croissant, ne remettait pas fondamentalement en question la centralité de l’État dans la gestion des équilibres mondiaux. «Malgré le pouvoir symbolique ou économique de certains groupes, l’État demeure le noyau dur, la matrice de la souveraineté, du droit et de la puissance», a-t-il expliqué, évoquant l’héritage des traités de Westphalie comme socle toujours opérant de l’ordre international.

Abordant les perspectives de l’ordre mondial, M. Encel a également évoqué le réveil stratégique de l’Europe, confrontée à la nécessité de repenser sa puissance en dehors du seul cadre économique. «La prise de conscience européenne quant à l’impératif de souveraineté politique est encore balbutiante, mais elle pourrait, à terme, rééquilibrer les forces globales», a-t-il argué.

Modérée par l’écrivain Driss Ksikes, cette rencontre s’inscrit dans le cadre du cycle de séminaires «L’Université des nouveaux savoirs 2025», organisé à la FSJES-Agdal, et ce en vue de nourrir le débat critique sur les enjeux contemporains, en réunissant des experts de renom autour de thématiques transversales et pluridisciplinaires.
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