Menu
Search
Mardi 09 Décembre 2025
S'abonner
close
Mardi 09 Décembre 2025
Menu
Search

Le parcours inspirant de Abdelmoula El Hadi, un Marocain dans le cercle fermé des «40 Under 40» européens

«Croyez en vous ! La confiance est une force, la résilience une arme, la curiosité un moteur. Et surtout, gardez vos racines comme source d’énergie, pas comme limite». Tel est le message de Abdelmoula El Hadi aux jeunes Marocains et Africains qui rêvent d’une carrière internationale. À 38 ans, cet ingénieur vient d’être distingué parmi les Business Elite «40 Under 40» Europe 2025, un titre qui consacre autant un parcours qu’une vision : celle d’une innovation responsable, humaine et durable.

À 38 ans, Abdelmoula El Hadi incarne une nouvelle génération de leaders marocains qui portent haut les couleurs du pays sur la scène internationale. À la tête de l’innovation chez Knauf Insulation, groupe industriel présent dans plus de 40 pays, il vient d’être distingué parmi les Business Elite «40 Under 40» Europe 2025, un titre qui consacre autant un parcours qu’une vision : celle d’une innovation responsable, humaine et durable.

«Je suis avant tout un enfant du Maroc», dit-il d’entrée de jeu. Et tout, chez lui, semble partir de là. De Kénitra, où il a grandi et décroché son bac scientifique dans un lycée public, à Rabat, où il obtient son diplôme d’ingénieur à l’EMSI, Abdelmoula El Hadi revendique un parcours forgé dans l’effort, la curiosité et la persévérance. Trois valeurs qu’il considère comme les véritables leviers de la réussite. Son socle marocain, assure-t-il, lui a offert «une base technique, humaine et culturelle» solide, un bagage qui l’a accompagné lorsqu’il a franchi les frontières pour poursuivre ses études à Bordeaux, puis à la London School of Economics, où il décroche un MBA qui marquera un tournant dans sa trajectoire.

De l’automobile à la construction, en passant par les technologies industrielles, son parcours est celui d’un explorateur des possibles. «Ces trois secteurs touchent à la vie réelle, confie-t-il. Innover ici, c’est améliorer le quotidien de millions de personnes». Aujourd’hui basé en Belgique, il pilote des projets d’envergure internationale dans les régions EMEA & APAC, accompagnant des équipes multiculturelles vers des solutions industrielles plus durables. Sous sa direction, un site belge a même décroché le prestigieux Factory of the Future Award, symbole d’une transformation à la fois digitale, organisationnelle et humaine.

Mais derrière le manager reconnu, il y a surtout un passeur de savoirs. Abdelmoula El Hadi consacre une part importante de son temps à former, accompagner et inspirer les jeunes talents, notamment au Maroc. «Transmettre fait partie de mon ADN. J’ai eu des mentors, j’ai été soutenu. Il est normal, et surtout nécessaire, de redonner ce que l’on a reçu», explique-t-il. Engagé au sein du Conseil de la jeunesse marocaine pour la coopération diplomatique et internationale (MYCDIC), il porte haut la voix d’une jeunesse marocaine ouverte sur le monde, ambitieuse et innovante. «La diplomatie, aujourd’hui, ne se limite plus à la politique : elle est économique, scientifique et technologique. Et la jeunesse marocaine a un rôle clé à jouer dans cette projection du Maroc vers l’avenir», affirme le jeune manager.

Fidèle à sa philosophie, à savoir que «l’innovation doit rendre la vie meilleure pour les personnes, pour les entreprises et pour la planète», M. El Hadi prépare actuellement un ouvrage intitulé «The Creativity Paradox», à paraître en septembre 2026. Le livre s’attaque à une question fondamentale : pourquoi les idées audacieuses peinent-elles à survivre dans les grandes organisations ? À travers cet essai, il veut montrer comment les tensions entre liberté et structure, intuition et rigueur, peuvent devenir des moteurs de créativité plutôt que des freins.

Distingué à Rome parmi les 40 leaders européens de moins de 40 ans, Abdelmoula El Hadi voit cette reconnaissance comme un appel à aller plus loin : «Ce prix n’est pas une fin en soi. C’est une responsabilité. Il faut continuer à défendre une innovation plus humaine, plus responsable, plus proche de l’impact réel». Son message aux jeunes Marocains et Africains qui rêvent d’une carrière internationale tient en une formule simple, presque un manifeste : «Croyez en vous, vraiment. La confiance est une force, la résilience une arme, la curiosité un moteur. Et surtout, gardez vos racines comme source d’énergie, pas comme limite».

Dans cet entretien, Abdelmoula El Hadi se livre avec authenticité sur son parcours inspirant qui prouve, par l’exemple, qu’on peut rayonner dans le monde et rester fidèle à l’essentiel : apprendre, transmettre et innover avec sens.

Abdelmoula El Hadi : «La confiance est une force, la résilience une arme et la curiosité un moteur»

Le Matin : Qui est Abdelmoula El Hadi ? Quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a conduit vers les secteurs de la construction, de l’automobile et des technologies industrielles ?

Je suis avant tout un enfant du Maroc. J’ai été formé dans les écoles marocaines, où l’on apprend très tôt que la curiosité, la persévérance et le travail ouvrent toutes les portes. Mon parcours commence donc au Maroc, avec un bac scientifique obtenu dans un lycée public à Kénitra, un diplôme de technicien spécialisé à l’ISTA de Kénitra, puis un diplôme d’ingénieur en Automatisme et Informatique industrielle à l’École marocaine des sciences de l’ingénieur (EMSI) de Rabat. Ce socle marocain m’a donné une base solide technique, humaine et culturelle.

J’ai ensuite poursuivi des études à l’international avec un Master spécialisé à l’Université de Bordeaux, puis un MBA à la London School of Economics, expérience déterminante qui m’a ouvert une vision globale du leadership et de l’innovation. Mon parcours professionnel m’a conduit du Maroc vers l’Europe, d’abord pour ma double diplomation en France, puis vers des responsabilités internationales au Portugal, en Belgique (où je vis aujourd’hui), et à travers l’international.

J’ai évolué dans trois industries qui m’ont profondément façonné : l’automobile, la fabrication industrielle et la construction. Trois mondes différents mais liés par un point commun, ils touchent à la vie réelle. Innover dans ces secteurs, c’est améliorer le quotidien de millions de personnes. Aujourd’hui, je dirige l’innovation d’un groupe industriel présent dans plus de 40 pays, avec 30 usines, et j’accompagne des équipes multiculturelles dans les régions EMEA & APAC pour le développement de solutions durables, responsables et tournées vers l’impact.

Quelle place occupe le Maroc dans votre parcours et votre identité professionnelle ?

Le Maroc n’est pas seulement mon origine, c’est ma base identitaire. Chaque étape clé de mon parcours fait écho aux valeurs que le Maroc m’a transmises : la résilience, l’ambition, la capacité d’adaptation et le sens du collectif. Après quinze ans d’expérience internationale, je me sens toujours comme un ambassadeur informel de la compétence marocaine. Je veux démontrer que nos talents peuvent réussir dans des environnements très exigeants, contribuer à des transformations majeures et influencer des décisions stratégiques au niveau global. Et chaque fois qu’un jeune Marocain m’écrit ou me demande un conseil, cela me rappelle d’où je viens, et pourquoi c’est essentiel de partager ce que l’on apprend en chemin.

Quels défis majeurs avez-vous rencontrés en tant que leader dans un environnement industriel européen ?

Le premier défi a été l’adaptation culturelle. Travailler dans des environnements multiculturels demande d’apprendre vite, d’observer beaucoup et de comprendre que les codes ne sont jamais universels. Le deuxième défi est lié à la transformation permanente de l’industrie : digitalisation, urgence climatique, nouvelles réglementations, pression économique, etc. Être leader dans ce contexte, c’est savoir donner du sens, fédérer, et transformer l’incertitude en opportunités. Enfin, il y a le défi de la crédibilité. En tant que jeune leader marocain dans un environnement industriel européen très structuré, il faut prouver sa valeur rapidement. Les résultats parlent plus fort que les titres, et c’est une leçon qui m’a construit.

Que représente pour vous cette distinction parmi les Business Elite 40 Under 40 en Europe ?
C’est une immense fierté personnelle, mais aussi une responsabilité supplémentaire. Ce Prix reconnaît un parcours, mais pour moi, il symbolise surtout une nouvelle étape, celle de défendre une innovation plus humaine, plus responsable, plus proche de l’impact réel. Être parmi les 40 leaders européens de moins de 40 ans, c’est un encouragement à continuer à porter l’innovation comme un levier au service de l’environnement, de la société, du développement durable et du progrès industriel.


Pouvez-vous partager un projet ou une initiative dont vous êtes particulièrement fier ?

Je suis fier d’avoir contribué à transformer un site industriel en Belgique, ce qui lui a valu le Factory of the Future Award, l’une des distinctions industrielles les plus exigeantes en Belgique. Ce type de transformation digitale, organisationnelle et culturelle change profondément la manière de produire et de travailler. Mais je suis tout aussi fier d’avoir formé des centaines de collaborateurs aux méthodes d’innovation, d’avoir structuré des systèmes qui rendent l’innovation accessible, et d’avoir permis à des équipes de lancer de vraies solutions durables avec un impact mesurable sur l’environnement, notamment en réduisant l’empreinte carbone de plusieurs technologies. Ce genre de transformation n’est jamais le résultat d’une seule personne, c’est la preuve qu’une culture collective peut créer un changement profond et durable.


Au-delà de votre rôle de dirigeant, vous formez et accompagnez de jeunes talents et participez à des initiatives au Maroc. Qu’est-ce qui vous pousse à transmettre, et comment percevez-vous le potentiel d’innovation au sein de la jeunesse marocaine ?

Transmettre fait partie de mon ADN. J’ai eu la chance d’être accompagné, d’avoir des mentors, d’avoir été soutenu. Il est normal et, surtout, nécessaire de redonner ce que l’on a reçu. Au fil des années, j’ai eu la chance de rencontrer des Marocains brillants, des ingénieurs, des chercheurs et des entrepreneurs qui façonnent leur secteur au Maroc comme à l’international, ainsi que des artistes. Le Maroc regorge de talents. Ce qu’il manque parfois, ce ne sont pas les idées, mais l’orientation, les structures, les passerelles et la confiance. Le potentiel d’innovation de la jeunesse marocaine est immense. Et je suis convaincu que l’un des leviers majeurs pour accélérer ce potentiel est de faciliter le transfert de savoir-faire des Marocains du monde vers le Maroc. Ce capital intellectuel est une richesse stratégique incomparable.


Et en tant que jeune diplomate au sein du Conseil de la Jeunesse marocaine pour la coopération diplomatique et internationale (MYCDIC), quel message souhaitez-vous porter ?

Notre mission au MYCDIC est claire : créer des ponts solides entre les Marocains du monde et leur pays et contribuer à porter la voix de la jeunesse marocaine à l’international. Nous sommes, à notre niveau, des ambassadeurs de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, dans la continuité de Sa vision d’un Maroc ouvert, ambitieux, innovant et pleinement engagé dans l’avenir. La diplomatie aujourd’hui dépasse largement la politique, elle est économique, scientifique, culturelle, technologique. Et la jeunesse marocaine a un rôle clé à jouer dans cette projection du Maroc vers l’avenir.


Vous préparez un ouvrage sur les dynamiques d’innovation dans les grandes organisations. Quels en seront les grands messages ?

Mon livre, intitulé «The Creativity Paradox», paraîtra en septembre 2026. Il part d’une question simple mais essentielle : pourquoi les idées audacieuses meurent-elles souvent à l’intérieur même des organisations bien structurées ? Et surtout : comment créer les conditions pour qu’elles puissent non seulement émerger, mais prospérer ? L’innovation est un paradoxe permanent. Les leaders doivent naviguer entre liberté et structure, risque et responsabilité, créativité individuelle et collaboration, intuition et rigueur. Mon objectif est de montrer comment ces contradictions peuvent devenir des forces lorsqu’elles sont comprises et maîtrisées. J’espère sincèrement que cet ouvrage pourra inspirer et servir la communauté marocaine, notamment les jeunes et les organisations qui souhaitent structurer leur démarche d’innovation.


Si vous deviez résumer votre philosophie professionnelle en une phrase, quelle serait-elle ?

L’innovation doit rendre la vie meilleure pour les personnes, pour les entreprises et pour la planète. Et si vous deviez adresser un conseil aux jeunes Marocains ou Africains qui rêvent de s’imposer à l’international, que diriez-vous ? Croyez en vous, vraiment ! La confiance est une force, la résilience une arme et la curiosité un moteur. N’attendez pas que l’on vous donne la permission de rêver. Croyez en votre valeur, osez sortir de votre zone de confort, apprenez sans cesse, et travaillez avec intégrité. L’international n’est pas un espace réservé, c’est un terrain où la compétence, l’effort et la constance finissent toujours par être reconnus. Et surtout gardez vos racines comme source d’énergie, pas comme limite.
Lisez nos e-Papers