Face à une pression croissante sur ses ressources en eau, exacerbée par les effets du changement climatique et l’augmentation de la demande, le Maroc a opté pour une réponse d’envergure : relier ses bassins hydrauliques pour assurer une meilleure répartition géographique de l’eau.
C’est dans cette optique que s’inscrit le développement des « autoroutes de l’eau », une stratégie présentée devant S.M. le Roi Mohammed VI en 2009, qui vise à interconnecter les régions hydriques excédentaires avec celles en déficit.
Un projet crucial à plusieurs phases
Aujourd’hui, le Maroc compte déjà 17 infrastructures de transfert d’eau opérationnelles. La première phase du projet, lancée en août 2023, a permis de relier les bassins de Sebou et du Bouregreg, avec un transfert annuel estimé entre 350 et 450 millions de mètres cubes. Cette avancée a permis d’éviter une crise de l’eau potable dans l’axe Rabat-Casablanca.Mais le jalon stratégique repose désormais sur la deuxième phase, qui vise à porter cette liaison à un débit de 45 m³/s, soit environ 800 millions de mètres cubes par an, avant de l’étendre jusqu’au barrage Al Massira dans le bassin de l’Oum Er-Rbia. Le tracé de 209,6 kilomètres sera réalisé dans le cadre d’un partenariat public-privé, et les études techniques devraient être finalisées d’ici la fin de l’année 2026.
Une ambition nationale au cœur des priorités hydriques
Au-delà de la prouesse technique, ce projet répond à des impératifs vitaux : garantir un accès équitable à l’eau potable, améliorer l’irrigation dans des zones agricoles majeures comme Doukkala ou Béni Moussa, et soulager les nappes phréatiques surexploitées, notamment à Berrechid.La troisième phase, elle, prévoit la connexion des bassins du nord du pays – Loukkos et Oued Laou – au bassin de Sebou, avec une capacité de transfert pouvant atteindre 30 m³/s. Ce volet, chiffré à 840 millions de DH, renforcera l’alimentation en eau potable de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma.
