, lors de la conférence nationale «Le Sahara marocain : pôle de croissance durable et Hub géostratégique» organisé par
le 19 novembre 2025. Cette résolution, adoptée le 31 octobre 2025, marque selon lui une rupture : «Pour la première fois, l’intégrité territoriale du Maroc est affirmée comme un principe fondamental. On ne parle plus de souveraineté contestée, mais d’un acquis entériné.» Il rappelle que cette reconnaissance n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’un processus engagé dès 2007 avec
. «Depuis cette date, le Conseil de sécurité répète que le plan marocain est sérieux et crédible. La résolution 2797 ne fait que consacrer cette ligne.»
Pour Abouddahab, ce texte crée une nouvelle norme : «On est passé d’un conflit de décolonisation à un dossier de stabilisation régionale. Le Conseil de sécurité a, en quelque sorte, retiré la question du Sahara de la 4e Commission.» Il insiste également sur l’impact diplomatique de ce vote, obtenu grâce à un «sprint final suivi personnellement par Sa Majesté le Roi». L’enjeu désormais, selon lui, est de capitaliser sur cette avancée pour renforcer la
légalité internationale du Maroc sur ses provinces du Sud : «Le droit dérivé des Nations unies crée aujourd’hui une jurisprudence favorable au Maroc. Cela permet aux investisseurs de venir sans risque juridique.» Et de conclure avec force : «Nous avons devant nous une carte stratégique à jouer. Il faut la transformer en levier géopolitique, économique, mais aussi juridique.»
Mbarka Bouaïda : «Le Sahara est un laboratoire de politiques publiques réussies»
Intervenant avec conviction, Mbarka Bouaïda, présidente de l’Association des régions du Maroc et ancienne ministre, a livré un témoignage fort sur les avancées diplomatiques et territoriales du Royaume. D’emblée, elle replace la question du Sahara dans une temporalité longue. «Imaginez-vous que le Maroc a obtenu son indépendance en 1956, et 56 ans plus tard, nous étions encore en train de défendre l’unité territoriale !» Pour elle, la résolution 2797 du Conseil de sécurité marque un tournant : «Le Maroc est aujourd’hui souverain sur son Sahara. La question ne se pose même plus.» Elle évoque avec lucidité les années de diplomatie tendue : «Ce n’était pas une guerre militaire, mais une vraie guerre diplomatique.» Et elle insiste sur le rôle de la mobilisation nationale : «Il y a toujours eu une union sacrée. Une diplomatie officielle, mais aussi parlementaire, partisane, civile. Tout le monde a agi dans le même sens.»
Mais au-delà du combat international, c’est sur le terrain que la transformation s’est concrétisée. Mme Bouaïda souligne l’importance du Discours Royal de 2015 à Laâyoune : «Ce n’est pas seulement un projet à 77 milliards de dirhams. C’est une nouvelle manière de faire. Une approche participative, une gestion libre.» Elle rappelle que dès février 2016, les premières conventions ont été signées, avec un objectif clair : «Créer les conditions d’un développement durable, inclusif et basé sur les potentialités locales.» Elle salue les résultats visibles dix ans après : «Aujourd’hui, quand on visite Laâyoune ou Dakhla, on se dit que c’est “the place to be”. C’est le moment d’y être. Pour investir, mais aussi pour vivre.» Les nouvelles infrastructures, la voie express, les ports, les zones industrielles...ont «changé la vie des gens. Pas juste le quotidien, mais la vie.» Enfin, elle insiste sur l’ambition continentale du Maroc à partir de ses provinces du Sud : «Ce territoire est une porte sur l’Afrique. Le Sahara n’est plus une frontière, c’est un axe de développement, un hub.» Une vision claire, portée par une conviction : «Nous avons fait du Sahara un modèle. Un laboratoire. Une vitrine.»
Jabran Reglaoui : «Le Sahara est en train de tirer tout le Maroc vers l’avant»
Directeur général de l’Agence pour le développement des provinces du Sud, Jabran Reglaoui a pris la parole pour présenter, chiffres à l’appui, la métamorphose socio-économique du Sahara marocain. Devant un public d’étudiants attentifs, il insiste d’emblée : «Ce que nous avons hérité en 1975, c’était une carte quasi vide. Ce que nous avons aujourd’hui dépasse même la carte.» Il revient sur les conditions de départ : un indice de développement humain (IDH) équivalent à celui de la Somalie dans les années 1980. «À cette époque, l’IDH était de 0,38. Aujourd’hui, il dépasse 0,76 avec des indicateurs parfois supérieurs à la moyenne nationale.» Le tournant a lieu en 2015 avec le lancement du nouveau modèle de développement. Doté d’un budget de 87,5 milliards de dirhams, ce plan a permis de structurer un réseau d’infrastructures qui relie désormais le Sahara au reste du Royaume et bien au-delà. «En 1952, il fallait 14 heures pour faire Tan Tan-Tarfaya. Aujourd’hui, on le fait en 1 h 40. C’est une révolution logistique.»
Mais l’essentiel, selon lui, n’est pas seulement dans le béton ou l’asphalte : «Nous avons changé de paradigme. Ce n’est plus uniquement un développement territorial, c’est une dynamique géoéconomique. Le Sahara devient un point de contact entre l’Afrique et l’Atlantique.» Il évoque la montée en puissance de l’économie bleue, de l’agriculture durable, de l’industrie halieutique, ou encore des énergies renouvelables. La vision est claire : faire du Sahara un moteur pour le Maroc et une interface stratégique avec le monde. «Nous ne réfléchissons plus en périphérie. Aujourd’hui, le Sahara est au centre du jeu. Il attire les regards, les capitaux, les projets. Il est devenu, comme le disait Sa Majesté, un pôle d’échange, de croissance et de stabilité.»
Mohammed Jifer : «Un territoire compétitif, décarboné et prêt pour l’export»
À Laâyoune, le développement économique n’est plus un objectif, mais une réalité tangible. C’est ce qu’a démontré également Mohammed Jifer, directeur général du Centre régional d’investissement, en exposant les atouts qui font aujourd’hui des provinces du Sud une terre d’opportunités. «Grâce au nouveau modèle de développement, nous avons une offre territoriale robuste, compétitive et résolument tournée vers l’avenir.» Parmi les arguments phares mis en avant : la disponibilité du foncier, l’accès à une énergie propre et bon marché et, surtout, un climat des affaires réformé. «Nous avons une nouvelle Charte de l’investissement, un accompagnement institutionnel efficace, et des procédures simplifiées. C’est un territoire où l’on peut produire à bas coût, en respectant les standards environnementaux.» Il insiste particulièrement sur la compétitivité énergétique : «Aujourd’hui, un investisseur peut produire des biens décarbonés à Laâyoune. C’est un atout décisif à l’heure où la taxe carbone entre en vigueur.»
Pour M. Jifer, le défi n’est plus l’attractivité du territoire, mais l’élargissement des débouchés : «Le marché local est limité. L’avenir est dans le B2B régional, avec les grands projets structurants, et dans l’export vers l’Afrique, l’Europe, les Amériques.» Il évoque notamment les projets d’hydrogène vert, l’aquaculture, l’agro-industrie ou encore l’industrie halieutique, qui constituent autant de leviers pour créer un écosystème de PME dynamiques. Et de conclure : «Aujourd’hui, tous les indicateurs sont au vert. Ce territoire a atteint une taille critique. Il est prêt à accueillir les grandes transformations industrielles du XXIe siècle.»
Abdellatif Komat : «Les provinces du Sud sont devenus un laboratoire d’intégration économique, sociale et territoriale»
Prenant la parole au nom de l’ESCA Ecole de Management, Abdellatif Komat a replacé la conférence dans une perspective citoyenne et éducative. Pour lui, l’événement n’était pas seulement un moment commémoratif, mais un acte d’engagement : «À travers cette conférence, nous réaffirmons notre attachement profond aux valeurs nationales et au développement durable du Royaume. Ce n’est pas une simple célébration, c’est une interpellation pour la jeunesse.» Il a ainsi souligné le rôle que doit jouer l’enseignement supérieur dans la construction d’une citoyenneté active. «Ce que nous voulons offrir à nos étudiants, c’est une compréhension géopolitique des enjeux, mais aussi une capacité à y répondre par l’innovation, l’entrepreneuriat et la responsabilité.» M. Komat a également salué le modèle des provinces du Sud comme exemple de politique publique efficace : «Ces territoires sont devenus un laboratoire d’intégration économique, sociale et territoriale. Un espace où les idées prennent corps.» Il a conclu en interpellant les jeunes présents dans la salle : «Vous êtes la génération qui va incarner cette dynamique. Notre rôle, c’est de vous y préparer avec exigence, avec ambition, et avec lucidité.»