Au fil des dernières années, le Maroc s’est engagé dans une profonde transformation de son système de santé, avec pour ambition d’élargir l'accès aux soins et de garantir une couverture médicale universelle à l'ensemble de sa population. Toutefois, force est de reconnaître que cette évolution s’accompagne de défis majeurs, au premier rang desquels figure la lutte contre la corruption. En effet, la corruption dans les systèmes de santé compromet gravement les efforts de modernisation, mine la confiance des citoyens envers les institutions étatiques, freine la volonté collective d’atteindre la couverture médicale universelle et constitue, à terme, une menace directe pour la sécurité sanitaire nationale.
C’est dans ce contexte que Mohamed Benalilou, président de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC), a lancé un message fort lors d’un atelier organisé, mardi dernier à Rabat, en partenariat avec le ministère de la Santé et de la protection sociale, l’ambassade de Norvège au Maroc et le Centre norvégien de ressources. L’événement a porté sur les risques de corruption dans le domaine de la santé.
Une menace mondiale qui exige une réponse nationale ambitieuse
Dans son intervention, M. Benalilou a rappelé que la corruption entraînait une perte estimée à 7% des dépenses mondiales du secteur de la santé, selon un rapport de l’organisation Transparency International. De plus, il a précisé que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considérait la corruption comme une menace structurelle majeure, susceptible de compromettre l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) liés à la santé.
Ce constat alarmant est également partagé par Sjur Larsen, ambassadeur de Norvège au Maroc, qui a souligné l’impact global de ce fléau sur le développement, l'État de droit, les fondements démocratiques et les engagements internationaux, y compris en matière climatique. Dans cette optique, M. Larsen n’a pas manqué de saluer les efforts déployés par le Maroc, qui «mène actuellement de profondes réformes dans le secteur de la santé». Il a également rappelé l’élection de l’INPPLC à la présidence du Réseau des autorités de prévention de la corruption (NCPA) pour la période 2025-2026, une reconnaissance significative de l’engagement du Royaume.
Dans le prolongement de ces propos, Mohamed Benalilou a insisté sur le rôle proactif de l’INPPLC, qui ne se limite pas à dresser un état des lieux, mais œuvre activement à identifier les meilleures pratiques, proposer des solutions innovantes et recommander les amendements législatifs et réglementaires nécessaires. L’objectif est clair : remédier aux dysfonctionnements, qu’ils soient réels ou potentiels, afin de garantir un système de santé fondé sur l'intégrité, la transparence et l'équité. Enfin, pour le président de l’INPPLC, la lutte contre la corruption dans le secteur de la santé ne saurait être réduite à quelques incidents isolés. Bien au contraire, il s’agit, selon lui, d’un débat global sur la gestion de la vie humaine, une lutte considérée comme un droit fondamental et non négociable.