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Loubna Tricha : Les CMC de Dakhla et de Guelmim pour la prochaine rentrée

Au Forum MD Sahara, organisé récemment à Dakhla par «Maroc Diplomatique», nous avons eu l’opportunité d’échanger avec Loubna Tricha, directrice générale de l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), sur les initiatives et réalisations majeures de l’Office, notamment dans les provinces du sud du Maroc. Avec un accent sur le développement des compétences de demain, cet entretien met en lumière les diverses infrastructures de formation mises en place, ainsi que les nouveaux projets ambitieux qui visent à répondre aux besoins du marché, en particulier dans les secteurs du tourisme et de l’hôtellerie. L’OFPPT s’engage à renforcer l’employabilité des jeunes et à répondre aux défis spécifiques de la région, tout en intégrant des modèles pédagogiques innovants pour préparer les apprenants à un avenir professionnel prometteur.

Le Matin : Vous avez participé récemment, à Dakhla, au Forum MD Sahara où vous abordiez le rôle de l’OFPPT dans la formation des compétences de demain. Pourriez-vous, dans ce contexte, nous présenter les réalisations concrètes en matière de développement de ce secteur, notamment dans les provinces du Sud ?

Loubna Tricha :
Au cours des deux dernières décennies, l’OFPPT a joué un rôle central dans les différentes stratégies sectorielles mises en œuvre au Maroc. En effet, en tant que bras armé de l’État en matière de formation professionnelle, l’Office a œuvré à la préparation et à la capacitation des jeunes, tout en développant les compétences nécessaires à la réalisation de chaque stratégie sectorielle et des différents projets d’investissement et de développement. Ces efforts incluent également la formation du capital humain nécessaire à la mise en œuvre réussie de l’ensemble des plans de développement régionaux. Concernant spécifiquement les provinces du Sud, un tournant majeur a eu lieu en 2015 avec la signature, devant Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste, du programme intégré de développement de cette région, qui a permis la création de trois instituts de formation : le premier à Laâyoune (l’ISTA Al Wahda), le second à Dakhla, dédié aux métiers de l’hôtellerie, et le troisième à Tarfaya, axé sur les énergies renouvelables et destiné à accompagner l’implémentation des fermes photovoltaïques et éoliennes.

Globalement, l’offre de formation dans les provinces du Sud repose sur un dispositif structuré, composé de ces instituts, ainsi que d’autres établissements sectoriels et multisectoriels. À cela s’ajoutent trois Cités des métiers et des compétences (CMC), inscrites dans la nouvelle feuille de route de 2019. Actuellement, la CMC de la région de Laâyoune-Sakia El Hamra est déjà opérationnelle, ayant débuté son activité lors de la rentrée 2021-2022. Les deux autres CMC, situées à Dakhla-Oued Eddahab et à Guelmim-Oued Noun, seront mises en service à partir de la prochaine rentrée. Outre ces établissements importants, nous avons également mis en place des plateformes de formation spécifiques pour répondre aux besoins de certaines catégories. Cela inclut cinq cellules de formation en milieu pénitentiaire, créées en collaboration avec la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, visant à transformer la période carcérale en une opportunité d’apprentissage facilitant la réinsertion. De plus, une antenne du Centre national Mohammed VI pour les personnes en situation de handicap mental sera prochainement inaugurée à Guelmin. En termes de capacité, tout ce dispositif peut accueillir annuellement plus de 21.000 apprenants, sans compter les deux Cités des métiers et des compétences à venir, qui ajouteront plusieurs milliers de places pédagogiques. Quant à l’offre de formation, elle se décline en près d’une centaine de filières et de spécialités, dont environ 75% sont des formations diplômantes, tandis que les 25% restants concernent des formations qualifiantes de courte durée, aboutissant à l’obtention d’un certificat. Les formations diplômantes s’étendent généralement sur deux ans. Mais les filières en tourisme et en gestion et commerce ont bénéficié d’un renforcement, portant leur durée de formation de quatre à cinq semestres, le semestre supplémentaire étant consacré aux compétences interpersonnelles (soft skills) et linguistiques, essentielles dans ces secteurs.



En ce qui concerne le tourisme, une visite des établissements hôteliers de Dakhla met en lumière la prédominance de personnel d’origine subsaharienne. Les professionnels du secteur soulignent également les difficultés à recruter des compétences qualifiées. Que révèle cette situation sur la disponibilité du capital humain, en particulier dans une région à fort potentiel touristique ?

Cette question aborde deux thématiques importantes : la formation dans les métiers de l’hôtellerie et du tourisme, d’une part, et la relation que nous entretenons avec notre continent, notamment avec les pays d’Afrique subsaharienne, en matière de formation professionnelle, d’autre part. Il est essentiel de noter que le secteur du tourisme est à la fois un pilier traditionnel et stratégique dans le répertoire de l’OFPPT. Nous accordons une attention particulière à ce secteur, comme en témoignent plusieurs actions concrètes. Premièrement, le tourisme est l’un des deux secteurs ayant bénéficié d’un renforcement significatif de notre programme de formation. Ainsi, les filières touristiques, déclinées désormais en programmes de cinq semestres, couvrent une large gamme de métiers. Deuxièmement, c’est un secteur pour lequel nous avons mis en place un programme d’excellence en partenariat avec l’École hôtelière de Lausanne, axé sur les métiers fondamentaux du tourisme, tels que le service en restauration, la réception hôtelière et les arts culinaires. En plus des formations classiques, nous offrons une formation de haut niveau conforme aux standards suisses, supervisée par des experts de l’École hôtelière de Lausanne, et qui se décline en trois niveaux cumulatifs, menant à un certificat codélivré par l’OFPPT et l’École hôtelière de Lausanne, reconnu tant au niveau national qu’international.

Actuellement, deux instituts à Rabat et Casablanca profitent de ce programme, avec une extension prévue vers toutes les Cités des métiers et de compétences qui ouvriront progressivement. Par ailleurs, dans le cadre de la nouvelle feuille de route pour le tourisme, nous avons pour mission de créer environ 11 établissements d’excellence, soit près d’un par région, dont la carte de formation et les conditions pédagogiques sont élaborées en collaboration avec les professionnels du secteur. Nous avons également un axe de coopération visant à former le middle management, afin de permettre aux techniciens spécialisés d’évoluer vers des postes de management tout en préservant leurs compétences techniques, fondamentales pour le métier.

Nous avons l’objectif d’étendre les bénéficiaires de ces programmes d’excellence à 8.000 personnes d’ici 2026, à travers le programme de l’École hôtelière de Lausanne et la création d’une plateforme 100% digitale, proposant une offre de formation continue adaptée aux besoins des acteurs du secteur. Par ailleurs, il convient de mentionner les trois établissements institutionnalisés par la convention signée devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI en 2015, dont un à Dakhla, dédié à l’hôtellerie et au tourisme, qui sera rattaché à la Cité des métiers et des compétences de Dakhla, qui ouvrira ses portes à la prochaine rentrée.

Pour conclure, quels sont les nouveaux projets inscrits dans l’agenda de l’OFPPT pour nos trois régions du Sud ?

Actuellement, l’OFPPT se concentre sur deux grands chantiers dans les régions du Sud : les Cités des métiers et des compétences de Dakhla-Oued Eddahab et de Guelmim-Oued Noun. Les travaux de la CMC de Dakhla sont achevés, et il ne reste plus qu’à équiper et démarrer les installations. Pour Guelmim, nous sommes à un stade très avancé et nous prévoyons, comme je l’ai dit, un démarrage à la rentrée prochaine. Ces projets d’infrastructure représentent des avancées significatives pour les provinces du Sud.

Au-delà de ces infrastructures, l’OFPPT développe également une série de projets immatériels tout aussi importants. Parmi eux, la mise en place d’un nouveau modèle pédagogique qui reformule notre offre de formation. Ce modèle intègre de nombreuses activités pédagogiques axées sur les soft skills, notamment les compétences entrepreneuriales, digitales, linguistiques et comportementales. Je citerais en particulier le projet phare baptisé «MyWay», un système d’orientation novateur conçu pour accompagner les jeunes tout au long de leur parcours, depuis le choix de leur filière jusqu’à la construction de leur projet professionnel. Ce projet permet aux stagiaires de prendre conscience des compétences qu’ils doivent maîtriser avant la fin de leur formation. À partir du début de la deuxième année, l’accent est mis sur l’aide à la prise de décision concernant leur carrière, en tenant compte des aspirations individuelles. Nous avons ainsi trois catégories de jeunes identifiées :

• Les futurs salariés potentiels : ceux qui souhaitent créer de la valeur au sein d’une équipe en entreprise.

• Les porteurs de projets et entrepreneurs : identifiés grâce à cet accompagnement et au programme d’innovation entrepreneuriale, ils sont guidés pour développer leur propre entreprise à partir de leur idée.

• Les jeunes en quête de formation approfondie : pour eux, nous mettons en place un large éventail d’options pour poursuivre leur apprentissage.

En outre, nous avons un projet de création en cours à Tan-Tan, visant à rénover un ancien établissement devenu vétuste. Ce projet, issu des échanges avec la région dans le cadre de notre nouvelle feuille de route, sera construit en partenariat avec un financement conjoint. Il s’agira d’une antenne rattachée à la Cité des métiers et des compétences de Guelmim.

Pour terminer, il est essentiel de mentionner que le premier projet de notre feuille de route concerne la mise à niveau de nos dispositifs existants. De nombreux établissements dans les régions du Sud bénéficieront d’une réhabilitation afin de répondre aux nouveaux standards de qualité. Pour mettre en œuvre les programmes issus de notre nouvelle ingénierie, il est crucial que nos espaces pédagogiques soient conformes à des critères spécifiques, tant en termes d’espace que d’équipements. Et c’est précisément l’objectif de ce programme de mise à niveau.
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