Le Maroc, acteur actif dans les demandes d’extradition
En parallèle à ces demandes, les autorités judiciaires marocaines ont émis 90 demandes d’extradition à l’adresse de leurs homologues étrangers. À cela s’ajoutent de nombreuses autres démarches dans le cadre de la coopération judiciaire internationale, exécutées avec rigueur, illustrant la volonté marocaine de s’inscrire pleinement dans les dynamiques de coopération transnationale.
Renforcement des capacités : un impératif stratégique
Le haut responsable judiciaire a insisté également sur l’urgence de renforcer la formation continue des services en charge de l’application de la loi. Les réseaux criminels transnationaux, a-t-il noté, contournent de plus en plus facilement les dispositifs classiques de détection, de poursuite et de recouvrement des avoirs, ce qui impose une montée en compétences constante. Il appelle ainsi à intensifier les échanges d’expériences et de bonnes pratiques entre pays partenaires, pour anticiper et contrer des formes de délinquance en perpétuelle mutation.
Vigilance et réactivité renforcée
À cet effet, plusieurs circulaires ont été adressées aux parquets afin de renforcer leur vigilance et leur réactivité face à des infractions telles que la traite des êtres humains, la cybercriminalité, le trafic de stupéfiants, la corruption financière, le blanchiment de capitaux ou encore le trafic de migrants, autant de crimes souvent orchestrés par des organisations criminelles transnationales. La coopération judiciaire internationale, déjà évoquée, constitue à ce titre un outil incontournable, aussi bien à travers l’émission de demandes marocaines que dans le traitement des requêtes émanant des autorités étrangères. Sa bonne exécution conditionne aujourd’hui l’efficacité de la réponse pénale face à un phénomène qui, par définition, dépasse les frontières nationales. À l’heure où la criminalité organisée se réinvente et se mondialise, la réponse des États ne peut plus être fragmentaire. L’expérience marocaine montre que des efforts constants de coordination, de réforme législative et de formation sont indispensables pour contenir ce phénomène.
Crime organisé : le Maroc présente un taux inférieur à la moyenne africaine
Le modèle marocain en matière de lutte contre la criminalité organisée transnationale repose principalement sur l’innovation législative et institutionnelle, l’efficacité opérationnelle et la coopération internationale, a affirmé jeudi à Rabat le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi. Intervenant à l’ouverture de la conférence internationale sur la lutte contre la criminalité organisée transnationale, initiée par le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire ( CSPJ) en partenariat avec le ministère français de la Justice, M. Ouahbi a relevé que le Maroc occupait une place avancée dans le domaine de la lutte contre le crime organisé, avec un taux de 4,80 points, ce qui est inférieur à la moyenne africaine qui atteint 5,25 points.
Sur le plan législatif, le ministère de la Justice poursuit ses efforts visant à développer l’arsenal juridique de lutte contre la criminalité organisée, à travers l’élaboration de nouvelles lois et l’actualisation des textes existants, en vue d’adapter les efforts de lutte aux nouvelles méthodes criminelles, a-t-il fait observer.Mohamed Abdennabaoui : la qualification des organes de recherche et d’investigation est primordiale
Le premier président de la Cour de cassation et président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire ( CSPJ), Mohamed Abdennabaoui, a affirmé que le Maroc avait fait de la lutte contre la criminalité organisée une priorité sécuritaire et judiciaire. Intervenant lors de la conférence internationale sur la lutte contre la criminalité organisée transnationale, M. Abdennabaoui a souligné que le Royaume avait adopté des politiques législatives et institutionnelles basées sur la prévention, l’incrimination, la dissuasion et la coopération internationale.Mais les efforts des États ne doivent pas se limiter à l’élaboration de lois en phase avec l’évolution des méthodes de la criminalité organisée, elles doivent se pencher, a-t-il relevé, sur la mise en place de mécanismes techniques et scientifiques appropriés, la qualification des organes de recherche et d’investigation et des ressources humaines chargées de l’application de la loi, notamment les magistrats et les officiers de la police judiciaire qui sont appelés à suivre une formation continue pour être au fait des méthodes modernes pour une meilleure dissection des affaires liées à la criminalité.
S’appuyant sur les récentes données officielles qui font ressentir que plus de 60% des crimes liés au trafic d’être humain, de drogues et d’armes sont perpétrés à travers des outils numériques ou avec l’appui de plateformes électroniques, M. Abdennabaoui a fait observer que l’Afrique était l’une des régions les plus ciblées par des réseaux transnationaux impliqués dans le trafic d’être humain en raison de la faiblesse des mécanismes de contrôle dans certains pays sahélo-sahariens.