Le Maroc avancera désormais dans le domaine de la digitalisation en suivant la stratégie à l'horizon 2030, qui vient d'être dévoilée en grand pompe le mercredi 25 septembre à Rabat. Elle vise à impulser une nouvelle dynamique à l'économie numérique et en faire un des leviers de création de l’emploi. Cette feuille de route ambitionne également d’ériger le Maroc en pôle numérique pour accélérer le développement socio-économique et digitaliser les services publics.
L’enjeu est majeur : faire passer le Maroc de la 113e à la 50e place mondiale dans l'indice de développement du e-gouvernement et faciliter l'accès aux services publics. Si certains ont noté que cette stratégie n'était pas complétement nouvelle, car basée sur des leviers déjà lancés par le Royaume, d'autres s'interrogent sur les moyens mis à disposition pour relever les défis ambitieux qu'elle se fixe. C'est la question centrale posée par Rachid Hallaouy à son invité, qui avait occupé le poste de président de l'Association des utilisateurs des systèmes d'information au Maroc (AUSIM).
L’enjeu est majeur : faire passer le Maroc de la 113e à la 50e place mondiale dans l'indice de développement du e-gouvernement et faciliter l'accès aux services publics. Si certains ont noté que cette stratégie n'était pas complétement nouvelle, car basée sur des leviers déjà lancés par le Royaume, d'autres s'interrogent sur les moyens mis à disposition pour relever les défis ambitieux qu'elle se fixe. C'est la question centrale posée par Rachid Hallaouy à son invité, qui avait occupé le poste de président de l'Association des utilisateurs des systèmes d'information au Maroc (AUSIM).
Un constat clair : l'importance de la connectivité
Mohamed Saad a ouvert son intervention en posant une question clé : «Avons-nous les bons algorithmes pour réussir cette transition numérique ?» Selon lui, si la stratégie est bien articulée autour de nombreux piliers, comme les startups, les talents, le cloud et la connectivité, il reste des aspects fondamentaux à souligner, notamment la couverture numérique des zones rurales et périurbaines du Maroc. «Il est crucial d’assurer la connectivité des territoires», a-t-il souligné, rappelant que 1.800 localités devraient être connectées d’ici 2030. L’importance de la 5G a également été discutée, car elle constitue un levier majeur pour le déploiement de services administratifs et l’accélération de l’industrialisation numérique.
Une gouvernance plus solide pour une vision partagée
Le principal changement entre 2013, au temps de la stratégie «Maroc Numérique», et 2024 est l'amélioration de la gouvernance, selon M. Saad. L’existence de nouvelles structures, telles que l'Agence de développement du digital ou la CNDP (Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel), et le soutien direct du Chef du gouvernement sont des signes que les «astres sont alignés» pour cette transformation. « La CGEM, le GPBM et le marché des capitaux sont tous alignés pour réussir cette transition numérique », a-t-il déclaré. Toutefois, des défis persistent. Si des budgets conséquents ont été mobilisés – 11 milliards de dirhams d’ici 2026 –, certains aspects restent à éclaircir, notamment la mutualisation des investissements entre opérateurs télécoms et la définition d’un modèle économique pour des zones moins développées.
Open Data et émergence des startups : un enjeu crucial
L'une des faiblesses relevées par le DGA de la Bourse de Casablanca est l'absence d'une discussion approfondie sur l'Open Data. Selon lui, l’ouverture des données publiques et privées pourrait être un catalyseur puissant pour l’innovation et la création de startups. « L'Open Data est un sujet critique. Elle peut créer de la valeur, notamment pour les startups », a-t-il expliqué, soulignant l’importance de favoriser l’accès à ces données pour soutenir l’écosystème entrepreneurial marocain. L’objectif de faire émerger 3.000 startups d’ici 2030, contre 370 à 380 aujourd'hui, a été jugé ambitieux mais réalisable. Selon Mohamed Saad, cela nécessitera un engagement plus fort en matière d’innovation et de soutien à l’entrepreneuriat, notamment par la création de passerelles entre l’université et le secteur privé.
Former 100.000 talents d’ici 2030 : un challenge réaliste ?
Le débat a également abordé l’enjeu de la formation des talents. Avec un objectif de former 100.000 personnes dans les métiers de la tech et de l’IT d’ici 2030, la stratégie «Digital Morocco 2030» place le capital humain au cœur de la transformation numérique. L'invité de «L'Info en Face» a toutefois rappelé que cette formation devait répondre aux besoins du marché et ne pas se contenter de produire des chiffres. «Il faut partir de la demande, pas seulement de l'offre».
L'IA, un levier disruptif à ne pas négliger
Si l'intelligence artificielle (IA) n'était pas au cœur des discussions de la stratégie dévoilée en 2024, Mohamed Saad a insisté sur son rôle en tant que technologie disruptive. «L'IA est un catalyseur, mais il ne faut pas en faire une fixation», a-t-il souligné. Pour lui, avant d'investir massivement dans l'IA, il est essentiel de poser les bases solides en matière de connectivité, d'open data et de capital humain. Mohamed Saad a conclu en affirmant que le Maroc n'avait «pas le droit de manquer le virage technologique». Selon lui, cette transition numérique ne concerne pas uniquement la Coupe du monde 2030, mais englobe des enjeux beaucoup plus vastes, notamment dans les domaines de la santé, de l'éducation et de l'industrie. «Nous jouons plusieurs Coupes du monde en même temps : dans le digital, dans la santé, dans l’éducation. Le citoyen de demain doit comprendre la place du Maroc sur l’échiquier mondial.» L'enjeu est donc clair : transformer le Maroc en une véritable nation digitale, prête à saisir les opportunités offertes par les technologies émergentes.